C’est le dernier rapport financier semestriel du FMI qui le préconise : il faut taxer davantage les riches, sous peine de voir à long terme la croissance économique entravée. Sous cette menace, l’objectif est bel et bien, encore, de réduire les inégalités. Mais surtout, tout en maintenant le libre-échangisme mondialisé, c’est le recadrage vers une économie toujours plus inclusive, plus socialiste et plus « nivelante ».
Le FMI contre les économies occidentales
Les inégalités entre les pays ont fortement diminué ces dernières décennies en raison du succès économique de pays comme la Chine et l’Inde dû à l’ouverture des frontières des pays occidentaux. Et ce n’est pas près de s’arrêter puisque les pays émergents et en développement représentent aujourd’hui près de 80 % de la croissance économique mondiale – une part qui a ainsi quasiment doublé en vingt ans…
C’est maintenant à l’augmentation des inégalités internes que le FMI veut s’attaquer – la concentration croissante des richesses détenues par les 1 % les plus riches de la population. Et les économies avancées, telles que les États-Unis ou le Royaume-Uni, sont particulièrement concernées.
Pour le FMI, c’est à cause des systèmes fiscaux devenus de moins en moins progressifs dans les pays riches. Il note que les taux les plus élevés de l’impôt sur le revenu des particuliers dans les pays riches de l’OCDE étaient tombés à 35 % en 2015, contre 62 % en moyenne en 1981 – le taux d’imposition sur le revenu optimal se situerait pour lui plutôt à 44 %.
Taxer les riches
« De nombreuses réformes fiscales depuis les années 1990 ont impliqué une augmentation du seuil d’exonération ainsi qu’un taux d’imposition du revenu des particuliers plus bas, entraînant un déplacement du fardeau fiscal des revenus très bas et très élevés vers le milieu », dit le rapport.
Il identifie cette tendance comme un facteur important de la forte augmentation de l’inégalité des revenus qui sévit aux États-Unis et dans d’autres pays riches. Et cette inégalité est à même de pénaliser la croissance, parce qu’« une inégalité excessive pourrait éroder la cohésion sociale, conduire à une polarisation politique et, en fin de compte, à une croissance économique plus faible »…
Comprenez : une inégalité excessive pourrait favoriser le protectionnisme qui pourrait vouloir se mettre en travers du libre-échangisme mondialiste. Bref, conclut le professeur Summers, ancien conseiller de Bill Clinton, dans le Financial Times. il est temps « d’aller dans l’autre sens ». Faisons payer les riches (pour protéger ce qui a nourri le plus grand nombre).
Vers une économie mondiale socialiste
Une réaction à la tournure politique de certaines économies occidentales ? Aux États-Unis, Trump a publié il y a quelques semaines un plan fiscal qui s’apprête à abaisser la fiscalité des ménages et des entreprises et, dans une moindre mesure, Theresa May et Macron s’apprêtent à faire quelques allègements similaires à l’égard des plus fortunés.
Oui, dans un sens. Ces pays aux économies « confirmées » tentent par là d’ultimes sursauts pour relancer une croissance bien piètre face aux insolents 4 % affichés par les pays en développement, portés par le système de la mondialisation (à qui les premiers ont dit oui)… Le FMI leur signifie son désaccord.
Mais dans les deux cas, les classes moyennes paieront quoiqu’en prétende le FMI. Qu’on se rappelle l’hypothèse qu’avait avancée le fonds international en 2013, afin de réduire la dette publique des pays de la zone euro : il avait envisagé d’imposer d’environ 10 % tous les ménages disposant d’une épargne nette positive… Seulement les riches ? On rigole.
Une politique qui veut contribuer à la sacro-sainte répartition des richesses
« La croissance inclusive devrait être au premier plan », a déclaré Vitor Gaspar, le directeur du Département des finances du FMI. « La fiscalité progressive et les transferts sont des éléments clés d’une redistribution fiscale efficace. La théorie fiscale optimale suggère des taux d’imposition marginaux significativement plus élevés pour les hauts revenus que les taux actuels. »
Toujours d’après le FMI, les gouvernements ne devraient pas se limiter à l’impôt sur le revenu des particuliers. Mais songer aussi aux taxes foncières, aux impôts sur les successions… qui nous écrasent déjà en France. L’objectif idéal serait, selon lui, à terme un code fiscal qui atténue les inégalités – autrement dit, une fiscalité mondiale. Pour l’instant, les impôts n’ont représenté qu’un quart seulement de la réduction des inégalités via les politiques de redistribution mises en œuvre dans les pays avancés – il en faut plus.
C’est la nouvelle responsabilité citoyenne mondiale… Pour « réparer le toit » dit le rapport ! Et « réparer le toit», précisait Christine Lagarde, le 5 octobre à la prestigieuse université d’Harvard, c’est investir dans les écoles, dans les transitions énergétiques, dans les crèches pour inclure les femmes dans le monde du travail : autant de politiques qui sont nécessaires pour consolider la croissance future et mieux la répartir…Quoi d’étonnant à ce qu’elle y ait également évoqué le revenu universel et de nouveau l’impôt progressif, revendication, à l’origine de Karl Marx, comme nous le rappelait Anne Dolhein…
Plus de socialisme, injecté au niveau mondial.
Voyez la petite Carlie Weinreib, génie de la taxation à 9 ans, célébrée par les media outre-Atlantique… Si jeune, elle a déjà le sens de la participation citoyenne au Nouvel Ordre mondial !