Dans une tribune publiée sur le site du World Economic Forum, on apprend combien les techniques de manipulation de l’ADN humain sont désirables pour « optimiser la biologie humaine ». Les auteurs estiment que la nouvelle technique de couper-coller rendu possible sur l’ADN par la technique CRISPR-Cas va permettre à la fois des thérapies somatiques – la correction d’erreurs génétiques sur des individus après la naissance – et des modifications « plus controversées » des lignes germinales elle-même. Il s’agirait « d’éditer » les gamètes avant fécondation ou bien l’embryon déjà conçu avant implantation pour éviter des maladies ou des risques de défauts génétiques.
On pourrait ainsi réduire le risque de cancer et d’autres maladies graves à la fois pour les enfants « traités » et pour leur descendance, puisque les modifications seraient transmissibles à leur lignée. Les auteurs de la tribune reconnaissent que cela pose des questions de sécurité et d’éthique.
Tout en soulignant les dangers potentiels de ces nouveaux outils, les auteurs estiment que la technique sera disponible cliniquement « à moyen ou long terme » et envisagent aussi l’utilisation des nouvelles connaissances pour créer des imbrications entre l’ADN et les applications techniques, de manière à transformer les « génomes en machines vivantes », ou à stocker des données sur l’ADN – cela a déjà été fait pour sauvegarder un film et un système d’exploitation informatique. En combinaison avec l’intelligence artificielle, soutiennent les auteurs, Walter Johnson et Eleonore Pauwels, « particulièrement si la biologie humaine est considérée comme une machine, l’apprentissage profond (“deep learning”) pourrait être utilisé pour guider les experts sur l’utilisation de technologies comme le CRISPR sur le génome pour “ optimiser” le corps humain ».