Jordan B Peterson explique comment des garçons peuvent devenir des auteurs de fusillade de masse – et pas question de « masculinité toxique » !

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Le débat sur les armes à feu, semi automatiques ou pas, permises ou interdites a monopolisé encore une fois l’attention médiatique aux États-Unis, après la dernière fusillade de masse, celle de Parkland, en Floride, où un jeune homme – encore un – de 19 ans a tué à bout portant dix-sept personnes dans le lycée dont il avait été évincé l’année précédente. Pour tenter d’esquisser quelques explications à un tel phénomène, différentes pistes ont été explorées comme l’addiction aux psychotropes, fléau américain réel. D’autres ont visé plus haut, comme le psychologue bien connu des réseaux sociaux, Jordan B Peterson, l’homme aux 40 millions de vues sur YouTube (avec des conférences !)… Au delà de facteurs plus visibles, il pointe le monde moderne et ses vides destructeurs – et pas la masculinité toxique dont le féminisme va affubler ces nouveaux tueurs.
 

Fusillades de masse : « Parce qu’ils sont nihilistes et désespérés »

 
Comment ces jeunes garçons, car le tueur de Parkland est loin d’être le seul de son espèce, en viennent à commettre l’irréparable, tant pour les autres que pour eux ? ! « Parce qu’ils sont nihilistes et désespérés », a répondu Jordan B Peterson, interviewé sur Fox News.
 
« La vie peut vous faire rendre comme ça, sauf si vous avez un but et un destin, a t-il déclaré au journaliste. Il n’y a pas de pénurie de souffrance et de malveillance dans la vie, il est facile pour les gens de devenir aigris par cette réalité. Et s’ils ne voient pas le chemin à suivre, ils en conçoivent de la colère et finissent par se retourner contre la vie elle-même.
 
« Ils font étalage de leur haine de l’être en massacrant les innocents. C’est ce qui se passe – et ils l’écrivent », a-t-il ajouté, se référant aux manifestes laissés par un certain nombre de jeunes tueurs. Et le phénomène est empiré via l’émulation générée par le foisonnement médiatique, « parce qu’une partie de ce qui les motive est la motivation pour la notoriété » : « La notoriété vaut mieux que d’être ignoré »…
 

Les jeunes hommes sont les premiers à souffrir

 
Rejoignant l’avis des conservateurs, le débat sur les armes est pour lui un faux débat et surtout pas la cause profonde de ce phénomène grandissant des tueries de masses, propres, tout particulièrement, à la société américaine. Les jeunes hommes et les moins jeunes mais surtout les premiers n’ont plus de direction de leur vie, plus de raison à leur existence – parce que les questions philosophiques et religieuses ont été volontairement éludées.
 
Ce n’était pas le cas des générations précédentes, où les mots « responsabilité » et « but » avaient encore un sens. Où la volonté de faire quelque chose de sa vie, à travers sa famille et la communauté, malgré la souffrance et le mal indissociablement liés à la vie d’ici-bas, était le cas de la majorité.
 
Les jeunes hommes sont les premiers à souffrir de ce changement profond. Peut-être parce que la maternité protège en quelque sorte les femmes et puis surtout parce que le féminisme tend à rogner depuis des décennies la nature masculine qu’elle prétend dominante – et écrasante.
 

La masculinité toxique : ce concept de gauche

 
Pour autant, on ne parlait pas il y a cinquante ans, de « masculinité toxique »… ! Et on ne venait pas tirer dans les écoles…
 
Oui, ce sont de jeunes garçons qui commettent ces carnages et non pas des jeunes femmes, comme le soulève le journaliste de Fox News. Mais « parce que les garçons sont plus agressifs que les filles » répond Peterson ! « Il y a une composante biologique qui est assez forte. C’est pourquoi la grande majorité des personnes en prison sont des hommes. Bien que l’homme et la femme soient presque aussi agressifs, les personnes les plus agressives sont presque toutes des hommes ».
 
Mais ça, les « constructivistes sociaux postmodernistes » le nient, cherchant à faire disparaître cette donnée qui remet en cause encore une fois l’égalité parfaite qu’on veut faire advenir entre les hommes et les femmes. Cette agressivité supérieure est une toxicité dont il faut départir la gent masculine. Ce faisant, on commet la lourde erreur de « confondre la compétence masculine avec la tyrannie »…
 
Une idée « absolument terrible » pour Peterson, car, sous le prétexte que « notre culture est un patriarcat corrompu et tyrannique dirigé par des hommes à l’avantage des hommes », on va engendrer des hommes-enfants irresponsables, non compétents et faibles, dont la violence vengeresse, quand elle sort, peut se révéler inhumaine.
 

Le public « en besoin » de Jordan B Peterson

 
Et on voit bien que la parole de Peterson touche juste, lorsqu’on voit le nombre, l’âge et le genre des abonnés à ses conférences YouTube : environ 80 % de son auditoire sont des hommes et de jeunes hommes. Désillusionnés, en colère, frustrés, poursuivis par des idées suicidaires, dépendants à la pornographie, ils sont à la recherche d’un ordre de vie qui corresponde à leur nature, loin des lubies du violent féminisme moderne qui veut faire d’eux des « flocons de neige émasculés » comme le disait un journaliste du New York Post.
 
Son dernier ouvrage, 12 Rules for Life : An Antidote to Chaos (Douze règles de vie comme antidote au chaos), figure au top 10 des ventes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada : c’est dire le besoin.
 
Oui, la nature masculine a bien des pulsions, qui doivent être reconnues comme telles, actées et non pas niées, et donc rendues éminemment positives – c’est la richesse de l’homme. Mais le genre veut brouiller les cartes.
 
Si l’on y ajoute à cela le relativisme moral total et l’individualisme dévastateur, le nihilisme et la désespérance qui président à notre post-modernité, résolument éloignée des repères et des principes chrétiens, il n’y a pas lieu de s’étonner que le chaos s’en suive – à des degrés divers.
 

Clémentine Jallais