Le Gabon s’interroge sur la peine de mort

Gabon peine mort
 
La presse se fait l’écho, ces derniers jours, d’une tribune publiée la semaine dernière, et signée conjointement par la Coalition mondiale contre la peine de mort, la Fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture, et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, qui se félicitent « des avancées notables sur le chemin vers l’abolition de la peine de mort » en Afrique, et notamment au Gabon. Or cette tribune intervenait curieusement (?) au moment même où ce pays s’interrogeait sur la possibilité, voire la nécessité de rétablir la peine capitale pour sanctionner certains crimes.
 
A Libreville, capitale du Gabon, le Secrétaire exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC), Guy Christian Mavioga, a ainsi exigé, la semaine dernière, le retour à la peine capitale afin de mettre fin au phénomène des crimes rituels, dits encore de sang, qui prennent de plus en plus d’ampleur dans le pays.
 

Le Gabon s’interroge

 
Guy Christian Mavioga affirme qu’il faut dire « oui aux droits humains avec une peine capitale pour certains crimes tels les crimes de les crimes de sang ou rituels au Gabon ».
 
Sa parole a d’autant plus de poids qu’il n’est pas seulement le représentant de son parti, mais aussi, mais surtout porte-parole de la mouvance présidentielle.
Alors, certes, le Gabon a promulgué la loi N° 03/2010, en date du 15 février 2010, sur l’abolition de la peine de mort au Gabon, la remplaçant par « la réclusion à perpétuité avec possibilité de libération conditionnelle après que le détenu ait passé au moins trente ans en prison ». Certes, il a ratifié le protocole de l’ONU sur l’abolition universelle de la peine de mort.
 
Guy Christian Mavioga juge néanmoins que cette loi est inique et discriminatoire en ce qu’elle protège le criminel : « Nous sommes tous conscients que le fondement philosophique de l’abolitionnisme est que la peine de mort viole les droits de l’homme. Mais comment comprendre que, au nom des droits de l’homme, un criminel qui tue volontairement un être humain pour des fins inhumaines, bien qu’arrêté pour le pire des cas, soit logé, nourri, soigné aux frais de l’Etat et donc du contribuable ? »
 

Des crimes rituels inhumains

 
Pour lui, l’auteur de crimes rituels est inhumain. Ces crimes se manifestent, en effet, par le prélèvement d’organes humains sur des personnes vivantes qui doivent donc mourir dans d’atroces souffrances. Les organes prélevés (généralement la langue, les yeux, le sang, les organes génitaux, le cœur, la main…) servent à fabriquer des amulettes au pouvoir magique, censées protéger son détenteur contre toute déchéance.
 
Pour le porte-parole de la majorité présidentielle, de tels criminels doivent être fusillés, la tête découverte, « sans cagoule », pour voir la mort venir. « Je pense, ajoute-t-il, que le retour à la peine capitale peut d’une manière forte décourager les adeptes de ces crimes crapuleux qui ternissent l’image de notre beau et bon pays le Gabon. »
 

La peine de mort pour dissuader les criminels

 
L’argument a dû faire bondir les bien-pensants, qui nous répètent depuis des années que la peine de mort n’est en rien dissuasive.
 
C’est sans doute pour cette raison, messieurs les censeurs, que les crimes, et notamment les crimes de sang, se multiplient aujourd’hui.
 
C’est sans doute pour cette raison que, un peu partout à travers le monde, des hommes condamnés à la perpétuité demandent qu’on leur fasse la grâce de les exécuter pour abréger leur souffrance.
 

François le Luc