DRAME/POLICIER
Good Time •

 
Good Time soit Du bon temps est un titre ironique pour ce film américain à la limite du policier et du drame, voire du drame social. De petits délinquants, pauvres, espèrent réussir le braquage d’une banque à New-York. Ils espèrent passer ensuite du bon temps dans une ferme en Virginie. Ils ont repéré les lieux, comptent l’acheter avec l’argent du butin. En Virginie, il faut beaucoup plus froid l’hiver que sur les bords de l’Hudson. C’est avec cet énoncé climatique parfaitement juste que le chef de la bande motive son jeune frère et complice principal. Ce dernier est suivi sur injonction légale par des psychiatres ; il relève de ce que l’on appelait autrefois de la débilité légère, et que l’on ne peut plus nommer à l’heure du politiquement correct, sinon éventuellement par des périphrases de deux lignes en anglais comme en français.
 
A l’évidence, le grand frère est fort coupable moralement d’entraîner son cadet, qui manque de discernement, dans des activités malhonnêtes. En outre, le handicap n’aide pas à réaliser des vols de banques, à faire preuve de ruse et de rapidité, en particulier lorsque les choses tournent mal. Les établissements bancaires sont très surveillés, et dans une grande ville comme New-York, aux très nombreuses caméras dans les rues, compter s’échapper sans histoire après un forfait est tout de même très naïf. Le cadet est donc rapidement capturé, tandis que l’aîné réussit un temps, forcément bref, à échapper à la police. Il cherche à trouver de l’argent pour acheter la caution du cadet et obtenir ainsi sa libération provisoire, puis, tout simplement, faute de vol « facile » réalisable en quelques heures, à le faire évader de l’hôpital où il est soigné et retenu prisonnier. L’essentiel de l’action du film est consacré à cette recherche désespérée, et à la fuite rocambolesque. Le film souffre d’un indiscutable manque de crédibilité.
 

Good Time n’ennuie pas mais ne présente guère d’intérêt

 
Good Time propose donc une suite assez décousue, peu crédible, de péripéties. Elles sont filmées parfois d’une manière qui se veut artistique, de façon appuyée sur bien des plans ; d’où un label implicite de film intellectuel, qui ne garantit rien, ni même, c’est un comble, un niveau d’élaboration scénaristique minimal. Les antihéros ne s’en sortiront pas, ce qui est à peu près évident dès le départ, et tue tout suspens. La morale sera certes sauve, car on ne saurait justifier le vol, dans une situation où les protagonistes ne souffrent nullement de la faim. Le spectateur de bonne volonté se perd en conjectures sur le sens de l’œuvre. Peut-être n’y a-t-il aucun. En cas, Good Time, s’il n’est pas totalement manqué, bizarrement n’ennuie pas, on veut bien le concéder, mais ne présente guère d’intérêt.
 

Hector JOVIEN

 
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