Google veut se lancer en Chine – en acceptant de censurer les résultats des recherches

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Ce sont des documents fuités qui ont révélé l’aplatissement des responsables de Google, prêts à tout pour rendre le plus gros moteur de recherche sur Internet accessible en Chine. Celui-ci reste pour l’instant interdit par les autorités communistes dans l’Empire du Milieu, privant la firme américaine de l’accès à un juteux marché publicitaire. Selon le site Intercept, Google s’apprête à lancer un moteur de recherche compatible avec la censure chinoise, qui bloque par exemple la diffusion de certains éléments de l’histoire chinoise.
 
C’est ce que fait déjà le réseau social chinois Weibo : ce site extrêmement populaire bloque toute recherche relative à l’anticommunisme, par exemple, et interdit l’accès à la littérature antitotalitaire – on n’y trouve rien, par exemple, sur 1984, le roman prophétique de George Orwell.
 

Google se soumet aux autorités communistes en Chine

 
Sous le nom de code Dragonfly, le projet Google est en voie de préparation depuis le printemps 2017, et un pas décisif a été accompli en décembre de cette année-là lorsque son PDG Sundar Pichai a pu rencontrer des hauts responsables du gouvernement communiste chinois. D’ores et déjà, des applications sur mesure ont été développées et présentées aux autorités : « Maotai » et « Longfei » pourraient être lancées publiquement d’ici à six ou neuf mois.
 
Leur particularité ? Ces applications peuvent blacklister certains sites et censurer les résultats de recherches liées à des mots-clefs tels « droits de l’homme », « démocratie », « religion » ou encore « manifestation pacifique ». Le Google sino-compatible saura notamment identifier les sites interdits par les pouvoirs publics et n’offrira aucun résultat pour certaines recherches désignées « sensibles » par ceux-ci.
 

La censure de Google visera aussi bien les résultats que les recherches

 
A l’heure actuelle, les internautes chinois sont privés de tout accès à Google ou Facebook par un système de censure digitale auquel on a donné le sobriquet de « Great Firewall of China », jeu de mots évoquant à la fois les barrières informatiques et la Grande muraille. Si les autorités chinoises n’ont aucun intérêt a priori de voir Google opérer sur leur territoire, sinon celui de donner l’apparence de la liberté et de la conformité aux mœurs mondiales, le moteur de recherche peut y trouver de nombreux avantages au point de faciliter leurs opérations de censure. Une leçon qu’il faudra retenir : la liberté sur Internet n’est certainement pas protégée par les plus gros fournisseurs.
 
C’est ce qui a fait dire à la source qui avait informé Intercept de ce projet de Google : « Je suis contre l’idée que des grosses sociétés et des gouvernements collaborent en vue de l’oppression de leurs peuples, je veux de la transparence à propos de ce qui est en train de se tramer, dans l’intérêt du public. » Pour cette source, « ce qui se fait en Chine deviendra un modèle pour bien d’autres nations ».
 

Anne Dolhein