Google moteur du transhumanisme

Google moteur du transhumanisme

Le géant transnational Google, qui possède le principal moteur de recherche utilisé dans le monde sur internet, se lance dans le financement de la recherche fondamentale sur le mélange homme-machine. Si Robocop est encore aujourd’hui de la science-fiction, Google moteur du transhumanisme veut faire advenir une nouvelle sorte d’humanité qui devra beaucoup à la machine. Le projet est avancé et l’argent déjà dépensé ne donne pas à croire à une plaisanterie. Par Octave Thibault

 
Google investit massivement dans plusieurs entreprises, particulièrement dans « 23andme », spécialisée dans le séquençage génétique individuel, mais surtout dans l’Université de la Singularité. Ce groupe de laboratoires hig tech s’est donné pour mission de définir et de promouvoir le transhumanisme. Jusque très récemment, le transhumanisme, (le mot date des années 1950), était considéré comme une demi-extravagance, d’un goût discutable, réservé au mieux à des auteurs de science-fiction, au pire à des charlatans ou des gourous se nourrissant de la crédulité d’autrui.
Qu’est-ce que exactement que le transhumanisme ?
 
Du point de vue philosophique, il prolonge le scientisme du XIXème siècle, mélange de matérialisme niant toute réalité spirituelle en-dehors de la matière, et de croyance en la capacité de la science à assurer le bonheur de l’humanité, par la guérison des maladies physiques et mentales : une illusion assez vaine, l’expérience l’a montré.
Le scientisme fait souvent peu confiance à la libre-expression des citoyens, suspects d’humeurs irrationnelles, et tend à rêver de conseils de savants pour administrer la Cité.
Mais, outre que la maladie et la mort constituent encore le lot de l’humanité, dépasser la seule limite technique de la science, repoussée dans plusieurs directions de manière chaotique, ne saurait constituer une fin en soi. Pourtant, cet état d’esprit s’avère très répandu dans le milieu californien des chercheurs en nouvelles technologie, comme au siège de Google ou dans cette fameuse Université de la Singularité.

 
Remplacer Dieu
Le transhumanisme renouvelle à peine le postulat scientiste. Il l’aggrave en promettant une forme d’immortalité par le remplacement des « pièces » du corps humain, des yeux, des oreilles, le cœur, au fur et à mesure des besoins. Il vise aussi une amélioration de la performance humaine. Il ambitionne ainsi de fusionner intelligence naturelle et artificielle, concrètement de doubler le cerveau humain de circuits informatiques. Tout ceci relève d’un projet de refondation de l’homme, qui aurait été en quelque sorte mal créé par un Dieu négligent.
Bien sûr, un regard catholique ne saurait l’accepter. L’Homme possède certes ses limites, physiques et intellectuelles, mais la Providence en a voulu ainsi, et le péché originel n’a pas arrangé les choses.
S’il réussissait à obtenir des résultats d’ensemble significatifs, produisant un homme semi-bionique – du type qu’a popularisé au cinéma « Robocop », pour donner une idée de l’allure, et partiellement des enjeux -, le projet transhumaniste risquerait d’aboutir à un monstre, un être déséquilibré, psychiquement instable et potentiellement dangereux pour lui-même et autrui.
L’habileté dialectique des promoteurs du transhumanisme est de séduire par les aspects techniques positifs de leur projet. Des puces intégrées au cerveau pourraient aider des handicapés physiques ou mentaux à mener une vie presque normale. Les nanotechnologies, au cœur de la révolution transhumaniste, délivreraient des médicaments microdosés précisément à l’endroit où leur action serait requise, comme une tumeur cancéreuse. Des yeux artificiels rendraient la vue aux aveugles.
De même, un exosquelette offrirait la capacité de marcher à nouveau pour les personnes en fauteuil roulant. Les prototypes fonctionnent, ou presque, avec pour principal frein des coûts qui les rendent encore inabordables. Au point que les plus optimistes se posent la question : un transhumanisme positif, admissible pour un catholique, serait-il possible ?

 
Un sous-homme privé d’âme
En fait non. Une question de justice sociale, secondaire mais non minime, se pose évidemment : les produits proposés menacent d’être réservés, à cause de leur prix, à une mince oligarchie, seule assez riche pour en « bénéficier ». L’aspect envahissant de grandes entreprises comme Google tend aussi à fausser le jeu économique, le capitalisme de libre-concurrence se dégradant assez naturellement en structures oligopolistiques, opaques. Significativement, les montants précis des investissements, les perspectives économiques, restent flous. C’est ici qu’on en vient au plus important, à l’idéologie qui meut Google et le transhumanisme. Il est possible que cette affaire tienne surtout de l’effet d’annonce, tant la rentabilité paraît aléatoire ; si donc l’argent n’est pas le plus important, c’est le soutien à une idéologie des plus contestables qui l’est.
 
Son matérialisme absolu met de côté ce qui fait la spécificité humaine, ce qui n’est jamais ou trop peu mis en valeur dans les médias officiels – d’où l’intérêt précisément sur ce type de sujet de réinformation.tv -. Le discours de l’Homme augmenté, résumé en la formule H+, rejoint curieusement le surhomme nietzschéen, en sa compréhension la plus brutale et primitive, le plus fort biologique, qui serait issu non de sa volonté propre, mais de l’action mécanique de la science. En niant tout libre-arbitre, il réduit l’Homme à la machine, appelée simplement à bien fonctionner, dont la spiritualité ne serait pour ainsi dire qu’un produit annexe. Ce qui est une définition inacceptable de l’Homme, riche avant tout de son âme.
 
Google moteur du transhumanisme ne donne pas dans la philanthropie, il milite pour un monde dont ni Dieu ni les hommes ne seront les maîtres·