“Google News” pourrait fermer en Europe si l’UE met en place une taxe sur les liens

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Richard Gingras, vice-président de Google News, vient de mettre en garde contre la possible fermeture de la plate-forme si la législation de l’UE imposant une taxe sur la publication de liens vers des sites d’information devait être approuvée par la Commission de Bruxelles et les Etats membres. Le texte sur les droits d’auteur en Europe, adopté à une large majorité par le Parlement européen, prévoit en effet en son article 11 une tarification des liens publiés par des tiers et plus spécifiquement par les plates-formes des grands opérateurs sur Internet, l’idée étant d’assurer un revenu aux éditeurs d’origine dont les contenus sont considérés comme « pillés » par le partage sur internet.
 
Le vice-président de Google News a indiqué au quotidien britannique The Guardian que la décision de maintenir ou non la plate-forme accessible au sein de l’Union européenne dépendra de la volonté des responsables de cette dernière de modifier le texte tel qu’il a été voté au Parlement européen, ce pour quoi la plate-forme fait du lobbying intensif à Bruxelles, qui le juge inacceptable en l’état.
 

Si l’UE taxe les liens, des sources de trafic non négligeables vont se tarir en Europe

 
Si d’un côté, l’UE peut apparaître comme le champion des petits éditeurs et de la protection de la vie privée et des droits d’auteur des artistes – le texte envisagé, en son article 13, limiterait en effet sévèrement de droit de citation ou de répercussion d’infos et d’œuvres circulant sur le net au point de vider YouTube et autres plates-formes assimilées de leur substance – si l’UE, donc, est seule capable de tenir tête au monstre des GAFA, il faut bien comprendre que les réglementations envisagées auront pratiquement pour effet une réduction de l’accessibilité de l’information. Voire une censure de fait.
 
Non sans raison, Richard Gingras a indiqué que la tarification ou la taxation des liens n’était pas forcément dans l’intérêt des éditeurs. Il a rappelé que la dernière fois qu’un gouvernement a mis en place une telle barrière – c’était l’Espagne, en 2014 – Google News a fermé son service dans le pays. En imposant un paiement aux éditeurs de la part des sites d’aggrégateurs d’informations contre la reproduction de liens, l’idée des pouvoirs publics espagnols était d’aider une presse écrite aux abois. Mais en définitive, la fermeture de Google News Espagne a abouti à une chute des visites sur les différents sites des médias concernés. Certes, il s’agissait de réduire la perte publicitaire induite par la présence des titres sur la plate-forme Google, mais en contrepartie, la chute du nombre de visites a réduit la valeur publicitaire des sites de ces médias.
 

Google News vit des infos des médias, mais augmente les visites sur leurs sites

 
De fait, Google News sert aussi à flécher des visites vers les médias cités. Le vrai problème de la plate-forme est ailleurs : il réside en son pouvoir exorbitant de promouvoir ou de faire taire telle ou telle source, notamment pour des raisons politiques ou idéologiques. Ce n’est pas le souci de l’Union européenne qui n’a de cesse de mieux censurer certaines sources d’information arbitrairement qualifiées de pourvoyeuses de fake news. A l’inverse, Google News, Facebook et autres YouTube peuvent aussi jouer un rôle de liberté en faisant découvrir des sources d’information indépendantes.
 
L’affaire est à rapprocher de la récente loi RGPD sur la protection des données au sein de l’UE qui a eu un double résultat, pas forcément profitable aux internautes européens : d’une part, ceux-ci sont obligés désormais pour visiter n’importe quel site d’accepter intégralement toute collecte de données annoncée pour pouvoir l’afficher, et d’autre part n’ont plus accès à nombre de sources non-européennes qui ne se sont pas mises en conformité avec la réglementation nouvelle.
 
On notera pour finir que la plateforme Google News ne comporte pas de publicité.
 

Anne Dolhein