A l’occasion du 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, Mikhaïl Gorbatchev a estimé que le monde était « au bord d’une nouvelle guerre froide ». Pour l’ancien et unique président de l’Union soviétique, il se peut même qu’elle ait déjà commencé…
Une inquiétude, un « danger » que l’ancien dirigeant soviétique justifie par l’érection de « nouveaux murs », une « nouvelle course aux armements ». Il évoque notamment la question de l’Ukraine. Gorbatchev défend sur ce point la position du président Vladimir Poutine, estimant qu’il « défend aujourd’hui mieux que quiconque les intérêts de la Russie ».
Gorbatchev pour une entente germano-russe
Mais sa vision entend dépasser le strict cadre de la Russie et de sa sphère d’influence – à moins qu’il ne s’agisse d’étendre celle-ci au domaine diplomatique, à l’Ouest. A l’occasion d’une rencontre, au cours des festivités tournant autour de cet anniversaire, avec le chancelier Angela Merkel, il assure qu’il ne peut y « avoir de sécurité en Europe sans le partenariat germano-russe ».
Dans l’esprit du Prix Nobel de la paix 1990, ce partenariat est en quelque sorte une réponse à l’ingérence américaine, dans le cadre de laquelle la question ukrainienne n’est qu’un prétexte : « Les Etats-Unis ont d’autres plans, il leur faut un autre contexte, qui leur permette de s’ingérer partout. Que ce soit bon ou mauvais, cela ne les concerne pas. Ce qui leur importe, c’est qu’ils puissent s’en mêler. »
L’hégémonisme US cause de la nouvelle guerre froide
Face à cette tactique qui a touché notamment certains pays d’Europe de l’Est, Gorbatchev juge que les Occidentaux ont, en définitive, et de façon erronée, « revendiqué le monopole de la direction du monde, sa domination, en ignorant les appels à la prudence ». Avec un succès qu’il estime néanmoins mitigé, notamment en ce qui concerne l’Europe, qu’il compare à « un champ clos d’agitation politique », et dont il estime qu’elle est en train de s’affaiblir.
En clair, Mikhaïl Gorbatchev estime que l’Europe ne peut s’en sortir que si elle est totalement unie, et non dans une union, qu’il voit stérile, de l’Ouest contre l’Est. Une analyse qui vient manifestement soutenir la volonté de Poutine de contrer la sphère d’influence américaine, au bénéfice d’une réunion européenne dont Moscou se veut le promoteur, mais qui n’est peut-être qu’une autre version d’un « isme » similaire.