Le gouvernement expulse les imams « prêcheurs de haine »

Le gouvernement expulse les imams « prêcheurs de haine »
 
C’est Bernard Cazeneuve qui en a fait l’annonce lundi, sur Europe 1. Depuis 2012, quarante imams « prêcheurs de haine » ont été expulsés, dont une dizaine depuis le début de l’année. Et, actuellement, vingt-deux autres dossiers seraient en cours d’instruction. Le ministre de l’Intérieur entendait ainsi prouver, à l’heure des événements graves qui bouleversent la France et le monde, la détermination du gouvernement à s’opposer aux fauteurs de troubles qui, sous couvert de la religion musulmane, répandent la haine et la mort sur notre territoire.
 
Cette détermination vaut bien une comparaison. En politique, c’est toujours de bon aloi. Bernard Cazeneuve s’y risque donc : « Dans les cinq années précédentes, il n’en avait été expulsé que quinze. » On peut évidemment entrer dans une bataille de chiffres, et Nicolas Sarkozy aurait beau jeu de noter, en reprenant ceux du ministère de l’Intérieur, que, du 12 septembre 2001, soit au lendemain de l’attentat du World Trade Center, à la fin de l’année 2011, soit à la veille de l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, 166 islamistes, dont 31 imams, ont été expulsés du territoire de la République. Mieux ! il pourrait remarquer que, au cours de cette période, il fut ministre de divers gouvernements de Jacques Chirac, et notamment ministre de l’Intérieur à deux reprises, puis chef de l’Etat.
 

Bernard Cazeneuve et les « prêcheurs de haine »

 
On pourrait encore ajouter que, à l’époque, certains socialistes faisaient la grise mine lorsque la droite se vantait de ces expulsions…
 
Qu’importe ! Aujourd’hui, le gouvernement de Manuel Valls est rattrapé par la réalité, même si ses œillères idéologiques lui interdisent toujours de la voir toute entière. Malgré tout, et en attendant, cette détermination nouvelle vaut mieux que l’aveuglement du passé. « Il n’y a pas un prêcheur de haine en France qui a vocation à rester en France », déclare Bernard Cazeneuve. Avant d’ajouter : « S’il est étranger, il sera expulsé, et je le fais systématiquement. » Et encore : « S’il y a des associations qui gèrent ces mosquées et dont la totalité des membres poursuivent un objectif d’appel à la haine et d’incitation au terrorisme, ces mosquées seront dissoutes. »
 
Le discours du ministre appelle deux remarques. La première est que la politique de nationalisation mise en place depuis des décennies a permis à tous ces gens d’acquérir, sans guère de raisons ni de difficultés, la nationalité française ; ils sont donc, la plupart du temps, bi-nationaux. Ce qui relativise beaucoup la déclaration de Bernard Cazeneuve sur l’expulsion de ceux qui sont étrangers. A moins de passer par la procédure de déchéance de la nationalité… Et cela ne répond pas au problème des Français d’origine, convertis à l’islam et radicalisés.
 

Le gouvernement expulse certains imams

 
On en arrive ainsi à la seconde remarque. Si nos politiques arrivent enfin à évoquer un terrorisme islamique, ils se refusent à aller plus loin. Pourtant, en admettant même qu’il soit perverti, le lien avec l’islam existe, et nos compatriotes – il suffit de les écouter à la terrasse des cafés ou dans la rue – ne manquent plus de le faire.
 
Si le gouvernement tient à ce point à éviter des incidents, il ferait mieux de l’admettre. Ce qui sera d’autant plus facile que le discours du ministre de l’Intérieur laisse entendre qu’il surveille de plus en plus attentivement les lieux de culte musulmans.
 

François le Luc