Grèce : pas de président, pas d’aide !

Grece Aide President
 
Après le nouvel échec du Parlement, lundi, à Athènes, pour procéder à l’élection d’un président de la République, la Grèce se retrouve donc sans chef de l’Etat. Et sans aide, puisque le FMI, qui craint pour ses picaillons, a décidé, face au climat délétère qui règne sur la plus vieille démocratie du monde, de suspendre le versement de son aide jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.
Ainsi en a décidé la directrice générale du Fonds monétaire international, la Française Christine Lagarde, en accord, on peut le supposer, avec les institutions européennes, qui participent au versement de ces aides. Les discussions « reprendront une fois qu’un nouveau gouvernement sera en place », a donc précisé le FMI, par la voix de son porte-parole, Gerry Rice, qui a tenu à préciser que la Grèce ne faisait pas, en tout état de cause, face à des besoins de financement « immédiats ». La situation serait-elle donc moins grave qu’on ne l’affirme – peut-être alors pour justifier le fameux discours sur l’austérité ?
 

La Grèce sans président, ni Parlement

 
En attendant, le Parlement grec, ayant échoué dans sa troisième tentative d’élire un président, se retrouve dissout. Des élections législatives anticipées se tiendront le 25 janvier prochain pour pourvoir à son remplacement. Et permettre ainsi, dans un second temps, l’élection d’un président. Du moins les Grecs peuvent-ils l’espérer – même si on peut manifestement tenir un certain temps, la Belgique en a donné l’exemple, sans gouvernement…
 
Ce n’est d’ailleurs pas ce retard qui inquiète, en tant que tel, les marchés, les donateurs internationaux ou les institutions européennes. Pas même, dans l’absolu, le refus des députés d’élire Stavros Dimas, qui avait le soutien du premier ministre Antonis Samaras, à la présidence de la République, puisqu’il n’a obtenu, comme au deuxième tour, que 168 voix, sur les 180 nécessaires pour devenir chef de l’Etat.
 
Non ! ce qui les inquiète, c’est que, en rejetant Stavros Dimas, c’est l’ancien commissaire européen et candidat de la coalition gouvernementale favorable à la politique dictée par Bruxelles qu’ils ont rejeté. Ils ont donc clairement dit « non ! » à la politique d’austérité voulue par les institutions européennes et internationales…
 

Sans aide, ni austérité

 
Signe plus manifeste encore de ce refus généralisé du peuple grec, c’est le parti de la gauche radicale Syriza qui est désormais en tête dans les intentions de vote avec, selon un dernier sondage publié samedi, 28,3% contre 25% pour Nouvelle démocratie, le mouvement de centre-droit du premier ministre. Or les dirigeants de Syriza se trouvent en parfait accord avec leurs compatriotes pour demander une renégociation des conditions de l’aide financière internationale accordée à leur pays par l’Union européenne et le FMI. Des conditions qui ne sont, évidemment, pas celles que ces institutions sont prêtes à accorder…
 
Face aux rodomontades du premier ministre qui veut assurer Bruxelles que son pays suivra la politique qu’on lui impose, Alexis Tsipras, le patron de Syriza, promet, lui, que « les plans de sauvetage liés à l’austérité relèveront bientôt du passé ». Il veut notamment annuler la baisse du salaire minimum, mettre fin aux licenciements dans le secteur public et interrompre les privatisations.
 

L’inquiétude des européistes

 
On a aussitôt entendu le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, appeler les électeurs grecs à réaffirmer « un engagement fort envers l’Europe » ; ou le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble déclarer : « Nous continuerons d’aider la Grèce à s’aider elle-même sur le chemin des réformes. Si la Grèce prend un autre chemin, il sera difficile. » Pour l’instant, il est surtout difficile pour l’euro, qui a reculé lundi face, notamment, au dollar et au yen.
 
Diable ! l’inquiétude grandit ! Mais elle manifeste surtout une peur des conséquences d’un éloignement de la Grèce du giron bruxellois.
Cela dit, entre ceux qui leur promettent l’austérité et ceux qui veulent la lever, peut-on raisonnablement croire que les Grecs hésiteront longtemps ?