Eugénisme : Heliospect Genomics permet de sélectionner les embryons selon leur intelligence

Heliospect Genomics embryons intelligence
Salvador Dali, Enfant géopolitique observant la naissance de l’homme nouveau

 

La start-up scientifique Heliospect Genomics a lancé sur le marché un service qui permet aux couples de sélectionner leurs embryons de fécondation in vitro en y identifiant des caractéristiques telles que l’intelligence. Il faut compter 50.000 dollars pour sélectionner 100 embryons. Peut-on « lire » l’intelligence dans l’ADN ? Voilà une question pour le moins délicate à l’heure de l’égalitarisme forcé, à quoi s’ajoute le côté Meilleur des mondes d’opérations de sélection de l’embryon le mieux doué (et que fait-on des autres… on les tue ?). Le racisme, ou en tout cas l’idée de la génétique supérieure ou inférieure, n’est pas loin, comme le note Katie Hasson, du Center for Genetics and Society en Californie.

Le très gauchiste Guardian de Londres qui, un peu comme Le Monde, se veut un « journal de référence », évoque des vidéos clandestines révélant que la start-up états-unienne Heliospect Genomics promet aux couples aisés d’utiliser des techniques de sélection génétique controversées pour choisir (ou plutôt prédire) ceux qui seront les plus « intelligents » de leurs embryons créés dans le cadre de la procréation artificielle.

 

Heliospect Genomics prétend dépister l’intelligence

On voit ainsi des employés d’Heliospect expliquer comment il est possible de classer jusqu’à 100 embryons en fonction du sexe, de la taille, du risque d’obésité ou de maladie mentale, mais aussi du QI. Cela est possible, disent-ils, parce que leurs outils de prédiction ont été élaborés à partir de données fournies par la UK Biobank, une banque de matériel génétique financée par le contribuable, enrichie volontairement de leurs données par un demi-million de volontaires britanniques, pour des projets pouvant « servir au public ». On imagine qu’ils fournissent leur parcours éducatif, peut-être participent-ils même à des tests QI, les résultats permettant un croisement des données… Science-fiction ou réalité, Heliospect assure pouvoir faire gagner jusqu’à 6 points de QI au futur rejeton par rapport à la moyenne.

La sélection d’embryons sur la base d’un QI élevé est illégale au Royaume-Uni, mais elle est légale aux Etats-Unis, où l’embryologie est moins strictement réglementée. Toutefois, le dépistage du QI n’est pas encore disponible dans le commerce aux Etats-Unis.

Le PDG danois d’Heliospect, Michael Christensen, envisage un avenir où chacun pourra avoir des enfants « sans maladie, intelligents et en bonne santé » grâce à la sélection génétique. Il a publiquement estimé que l’avènement des ovules cultivés en laboratoire pourrait permettre aux couples de créer des embryons à l’échelle industrielle (par milliers, voire centaines de milliers), en procédant à une sélection d’élite. Sa société a toutefois déclaré qu’elle ne cautionnerait pas de telles pratiques.

 

Choisir des embryons en étudiant l’ADN des Britanniques

Heliospect s’est vu accorder l’accès aux données de la UK Biobank en juin 2023 dans le but d’améliorer la prédiction de « traits complexes », sans divulguer l’application commerciale prévue pour le criblage des embryons ou la mention du quotient intellectuel. L’entreprise affirme avoir déjà analysé et aidé à sélectionner des embryons pour cinq couples, avec des « bébés en route ».

Jusqu’à présent, l’incursion de l’eugénisme dans la génétique et la procréation artificielle s’est faite de manière « négative », en dépistant les maladies génétiques ou le risque de développer une maladie grave d’après le profil ADN. Cela a déjà conduit au massacre des trisomiques 21 : plus de 90 ou 95 % d’entre eux, selon les pays, sont éliminés avant la naissance à cause du diagnostic prénatal. Le diagnostic pré-implantatoire dont il est question ici permet d’aller encore plus loin.

La nouvelle étape qui provoque des réactions indignées dans la presse mainstream va en effet plus loin en prétendant « sélectionner » les plus intelligents (même si le succès de la manœuvre est pour ainsi dire impossible à vérifier). C’est révélateur d’une hypocrisie : il est présenté comme tout à fait « normal » de sélectionner des embryons en bonne santé et de mettre au rebut les malades ou ceux qui ont plus de risques de l’être…

 

Jeanne Smits