Une équipe de l’université de Bristol a réussi à créer des hologrammes 3D que l’on peut non seulement voir mais ressentir. Elle a fabriqué ces objets de « réalité virtuelle » – des sphères et des pyramides notamment – qui « flottent » dans l’air et que la main peut sentir par le toucher. Cette nouvelle technique, baptisée « UltraHaptics », laisse prévoir de nombreuses applications. Jusqu’aux expériences d’« immersion » où l’on pourrait interagir avec un environnement virtuel.
Partant d’hologrammes 2D perceptibles dans l’air, le groupe de recherche Interaction et Graphiques a réussi dans un premier temps à les « gonfler » vers la 3D en utilisant une technologie appelée LeapMotion qui enregistre les mouvements des mains de l’utilisateur : les ondes recueillies sont ensuite calibrées de manière à obtenir une projection perceptible par le toucher et permet aux mains de « sentir » les différentes formes, et même d’interagir avec elles.
Sentir et toucher des ultrasons
Pour créer ces sensations de toucher les chercheurs utilisent des ultrasons dont le déplacement dans l’air, focalisé sur des points précis, permet de créer une pression perceptible sur la peau du « spectateur ». « Sans l’haptique, c’est comme si vous étiez dans un rêve, sans pouvoir toucher ce qui vous environne. Vous pouvez seulement regarder, vous n’avez aucun “retour” », explique Sébastien Kuntz, l’un des membres de l’équipe. L’haptique, c’est la science du toucher, qui permet de sentir avec la peau du corps. Et grâce à l’interaction, tout change.
Les applications potentielles sont nombreuses et les chercheurs espèrent bien vendre la nouvelle technologie non seulement dans le cadre de l’électronique grand public, mais aussi à l’industrie et aux professionnels de la santé : les hologrammes perceptibles au toucher permettraient par exemple au cancérologue d’utiliser un scan pour « toucher » une tumeur et en avoir une connaissance plus précise.
Hologrammes 3D : quand la réalité virtuelle fait son cinéma
On imagine également des applications plus ludiques avec la création d’environnements virtuels qui permettront en quelque sorte d’entrer dans la fiction, même si pour l’instant les chercheurs n’évoquent que des objets précis : les pièces d’un musée, par exemple, que les visiteurs pourraient découvrir par le toucher à travers leur hologramme.
Reste l’appellation de la chose. La « réalité virtuelle » est tout sauf de la réalité : c’est une illusion sensorielle dont « l’incarnation » n’est qu’un mirage augmenté. Avec le risque qu’on ne l’oriente vers le « prestige », qui est au sens propre un faux-miracle.