Hommages : Johnny guitare et Jean Crayon, deux figures de la Révolution

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Même si les amateurs de Jean d’Ormesson ont jugé excessifs les honneurs rendus à Johnny Hallyday, le président Macron, dans ses hommages ostentatoires rendus à l’homme au crayon comme à l’homme à la guitare, a voulu célébrer deux figures de la Révolution.
 
Johnny Hallyday fut-il un Homère ou un Georges Ohnet de la chansonnette ? Jean d’Ormesson un Elvis ou un Monty de la littérature française ? Les grammairiens en disputent, crayon sur l’oreille et guitare à la main. Mais le président Macron est un politique, doublé d’un historien sociologue, et les hommages des Invalides et des Champs Elysées doivent être appréciés à cette aune, sous l’angle de l’idéologie.
 

Jean d’Ormesson, ou la Révolution dans les rallyes

 
La question est : à quoi auront servi les deux hommes ? Réponse : à faire la Révolution, ou plutôt à rendre la Révolution aimable aux yeux de groupes qui la jugeaient d’instinct haïssable. Oh, je vois bien que certains de mes lecteurs se demandent si la pauvre Pauline n’a pas perdu la boule : Jean d’Ormesson, révolutionnaire ? !
D’abord, ça n’a rien d’extraordinaire chez ce descendant de régicide, puis je m’entends : la Révolution de Jean d’Ormesson est hypermoderne, ce précurseur charmant a toujours été partisan du non aversif, sa Révolution s’accommodait de jetons de présence, de thés mondains et des robes à smocks des jeunes filles. Avant qu’un président de la république ni de gauche ni de droite ne songeât à déposer un crayon sur son cercueil, Jean D’Ormesson se définissait comme un « homme de droite qui a des idées de gauche ». Voilà décrite à la perfection sa fonction. Ainsi justifia-t-il d’un ton léger successivement le communisme, l’européisme, le mondialisme et l’invasion islamique, entre deux petits fours. Le notaire le citait à son golf et les jeunes filles dans les rallyes étaient amoureuses de ses phrases.
 

Johnny a changé la France en trois accords de guitare

 
Johnny, c’est autre chose. La guitare entre les dents, il a détruit en trois accords une France immémoriale que l’exode rural sortait de son trou. C’était un gars du peuple qui picolait, gagnait des millions, promenait des blondes dans de belles bagnoles, en même temps, il était très famille, presque un peu fana mili tout en chantant la paix, et quelque part très tradi, il irait même jusqu’à tendre un brin de muguet à Anne-Aymone (Giscard) : le populo fut conquis et américanisé. Entre deux que je t’aime, il lui inculqua l’idéologie du grand mélange par le sexe, la musique et la fête. L’antiracisme à la portée des poivrots. Une fois que la tête du poisson est pourrie, il faut transmettre la pourriture au corps : l’homme à la guitare en fut chargé, sans qu’il en fût conscient. Ca marchait, à moitié. Beaucoup de ses admirateurs votaient FN bien qu’il les en dissuadât.
 

Deux hommages, deux figures, une nostalgie de la France blanche

 
Jean a déposé sa guitare, Johnny son crayon, les deux ont accompli leur mission. Tout a une fin. La France de 1925, celle Louison Bobet, Pierre Mondy, Boulez, Roger Hanin, Alain Decaux, finit de s’en aller avec un Jean d’Ormesson, même si s’accrochent quelques réfractaires comme Jean Raspail. Celle d’Obono, Bouteldja et Maël de Calan, dont Mélenchon est le monsieur Loyal, arrive. Entre les deux, la génération de transition, la France des fans de Johnny, blanche aux cheveux gris, commence à passer. La France blanche et catholique a enterré un révolutionnaire mondialiste avec amour, avec la bénédiction du show-biz et des politiciens, en attendant de prendre elle-même le chemin du cimetière.
 

Pauline Mille