Depuis le lundi 13 juillet, la Hongrie a commencé à construire la barrière destinée à fermer sa frontière avec la Serbie afin de « protéger sa population » de l’afflux d’immigrés. Car, si l’on parle beaucoup de l’immigration par voie de mer, à laquelle est notamment confrontée l’Italie, l’immigration par voie de terre n’est pas moins importante. Quelque 80.000 réfugiés et migrants sont ainsi entrés en Hongrie depuis le début de l’année…
Annoncée le 27 juin dernier par le ministre hongrois des Affaires étrangères, les travaux de construction de cette protection de quatre mètres de haut le long des 175 kilomètres de la frontière commune de la Hongrie avec la Serbie ont donc débuté lundi dernier. Précisons que la condamnation et la réprobation européennes, qui dénonçaient un mur, comme s’il se fut agi d’un nouveau « mur de Berlin », avaient largement exagéré. Il s’agit en réalité d’une barrière, d’une clôture de fil de fer, dont l’efficacité sera vraisemblablement mise à rude épreuve, dans les mois qui suivront son achèvement, par la volonté farouche des migrants, fuyant le Kosovo, l’Afghanistan, l’Irak ou la Syrie par la « route des Balkans ».
La Hongrie a commencé de protéger sa frontière
Pour l’heure, et en attendant cet achèvement prévu pour le 30 novembre, selon ce qu’a indiqué jeudi le ministre de la Défense Csaba Hende, l’armée hongroise a donc érigé une section d’essai de 150 mètres de long à Morahalom, à 180 kilomètres au sud-est de Budapest.
Mais cette entreprise suffira-t-elle à protéger effectivement la Hongrie de ce flux grandissant de pauvres hères fuyant des situations catastrophiques et une misère quotidienne ? Rien n’est moins sûr… « J’ai fui la guerre dans mon pays, et je peux pas y retourner. Même avec ce mur, je vais essayer de traverser coûte que coûte », déclare un migrant syrien rencontré, quelque part de l’autre côté de la frontière, par l’un des reporters qui se sont rendus sur place.
Une immigration en progression constante
Néanmoins Budapest n’a d’autre choix que d’essayer. En un an, entre 2013 et 2014, le nombre des migrants ayant pénétré sur son territoire a augmenté de 126 %. Et cette année, la Hongrie a déjà répertorié 78.190 migrants illégaux, dont 77.600, d’après ses calculs, sont passés par la Serbie.
A noter que cette barrière n’entend protéger la Hongrie que contre une immigration illégale – et incontrôlable du fait d’un flux en continuelle augmentation. Le gouvernement estime en effet que ce sont jusqu’à 1.000 réfugiés qui peuvent ainsi passer sa frontière certains jours. Les postes-frontières resteront donc, eux, ouverts.
Un dernier point que n’a manifestement pas assez pris en compte une Union européenne si prompte à s’indigner : si nombre de ces migrants essaient d’obtenir un statut de réfugié, voire l’asile, beaucoup n’attendent pas le résultat de cette démarche. Une fois pénétré dans l’espace Schengen, ils franchissent allégrement d’autres frontières que notre inconscience a réduites à l’état de vains mots…