House of Time, la Maison du Temps, est une curiosité, un des rares films français de science-fiction. De gros moyens, difficiles à réunir en France, sont en effet nécessaires pour réaliser les effets spéciaux attendus. Or ici, la nécessité a conduit au pari assumé d’une sobriété exemplaire, et pleinement intégrée dans la cohérence narrative du récit. Un châtelain, concepteur de jeux vidéos, a invité durant un soir précis ses plus proches amis : il les informe que le château, en mai 2014, basculera en mai 1944 durant quelques jours, suite à une expérience secrète des services occultes de la SS. Le plus extravagant dans cette histoire est que le chef de la SS Himmler a en effet financé nombre d’expériences absurdes.
 
Telle est l’histoire que le châtelain narre à ses invités. Au départ, tous la prennent pour une plaisanterie stupide, et d’un goût fort douteux, certains étant d’origine juive. Puis se multiplient les incidents bizarres, qui vont dans le sens indiqué de l’histoire, mais sans fournir de preuve absolument définitive. Les invités se partagent entre convaincus et sceptiques amusés, jouant le jeu de ce qu’ils considèrent comme une blague de millionnaire.
 

House of Time fait passer un bon moment

 
Sans être absolument passionnant, House of Time peut plaire, avec sa construction très proche du théâtre filmé. Les personnages existent, suivent leur logique propre. La reconstitution est à peu près correcte, même si l’on peut discuter des uniformes allemands, et plus encore du port – manifestement erroné – des décorations. Sur un postulat extravagant certes, le scénario se tient tout de même. Le mystère demeure sur la presque totalité du film. On regrettera seulement quelques impudeurs dispensables. Quelques traits d’humour bienvenus sonnent juste : ainsi le magazine féminin Elle de 2014 ne peut-il être considéré en 1944 que pour ce qu’il est, une revue pornographique…
 
Le réalisateur est resté au seuil de la franche provocation. Mais le spectateur échappe à la lourde leçon de morale obligatoire sur la période. House of Time nous a fait passer un bon moment.
 

Hector Jovien