Hunter Biden jugé coupable dans l’affaire de l’arme à feu – mais quid du reste ?

Hunter Biden coupable arme
 

L’affaire de l’arme à feu – un revolver Colt Cobra .38 Special – achetée par Hunter Biden alors qu’il était dépendant à la crack-cocaïne et alcoolique, pour laquelle il vient d’être jugé coupable par un tribunal fédéral peut sembler mineure et sans retentissement sur la présidence de son père Joe, qui est venu le serrer dans ses bras après le verdict mais qui a déclaré vouloir « respecter » la décision de justice quelle qu’elle soit. Cette condamnation a tout du séisme, pourtant : elle a révélé que le FBI avait accepté de mentir collectivement pour protéger le fils du président au sujet de l’ordinateur portable si riche de renseignements sur les actions troubles de Hunter. Et elle a montré que le clan Biden pose problème, même si le père a axé sa communication autour de la « fierté » de voir son petit mouton noir réussir dans sa bataille pour « sortir de l’addiction ».

En d’autres termes, la crise est gérée comme si c’était une histoire ancienne (pas si lointaine, les faits datent de 2018) et qu’on passe à autre chose.

Concrètement, Hunter Biden a été jugé coupable d’avoir menti par deux fois en se disant exempt de toute addiction, aux stupéfiants notamment, afin d’acquérir l’arme, ainsi que de possession illégale d’une arme à feu. Il encourt une peine de 25 ans de prison. La peine sera prononcée par le juge dans un délai qui habituellement n’excède pas les 120 jours, on l’attend donc pour avant l’élection présidentielle de novembre prochain, et elle ne devait en tout cas pas excéder 15 à 21 mois de prison si tant est qu’une peine privative de liberté soit prononcée, et c’est loin d’être acquis.

 

Hunter Biden et son passé sordide

L’affaire a révélé des aspects particulièrement sordides du personnage, contre lequel plusieurs de ses ex-maîtresses sont venues témoigner, telle Zoe Kestan attestant qu’elle avait rencontré Hunter en décembre 2017 dans un club de strip-tease où elle se produisait à New York, et qu’il avait besoin de prendre des drogues toutes les 20 minutes pendant ses temps de veille lors de leurs « rencontres » dans des chambres d’hôtel. Il était « charmant », « tout le monde l’aimait », ajoutait-elle.

Ce n’est pas le cas de son ex-femme Kathleen Buhle qui a découvert son habitude de fumer du crack en 2015, et qui dès lors faisait son possible pour protéger leurs trois filles – et qui finit par divorcer deux ans plus tard en constatant les infidélités de son mari.

Le témoin principal dans l’affaire était Hallie Biden, veuve de l’autre fils de Joe, Beau, mort en 2015 d’une tumeur au cerveau : c’est alors que Hallie a commencé à sortir avec son beau-frère qui lui a fait découvrir le crack ; leur relation devait durer deux ans, et c’est elle qui a trouvé l’arme et qui dit l’avoir jetée pour « protéger » ses enfants.

Hunter avait plaidé non coupable en 2023 après avoir essayé en vain d’obtenir un arrangement pour éviter son procès en reconnaissant deux infractions fiscales mineures, ce qui lui aurait valu une « immunité » – grâce à la position de son père, accusent les Républicains – quant aux autres faits, autrement plus graves, sur lesquels enquête la justice américaine. La condamnation dont il vient de faire l’objet occulte-t-elle ces faits, ou ouvre-t-elle la porte à des investigations plus serrées ? C’est toute la question.

 

Hunter Biden coupable d’avoir menti pour acquérir arme : une « diversion » ?

La secrétaire de la campagne de Donald Trump, Karoline Leavitt, a publié un communiqué dès le verdict rendu en affirmant que celui-ci « constitue une diversion par rapport aux véritables crimes de la famille criminelle Biden ». Selon une investigation de la Chambre des représentants des USA, des membres de la famille de Biden ainsi que des sociétés commerciales qui lui sont liées ont reçu plus de 15 millions de dollars de la part d’individus en Ukraine, en Russie, au Kazakhstan, en Roumanie et en Chine.

Newsmax rappelle ainsi : « L’une des plus grosses transactions a eu lieu lorsque les membres de la famille Biden ont accepté de l’argent de CEFC China Energy Co, une organisation étroitement liée au Parti communiste chinois. La commission de surveillance de la Chambre des représentants a révélé en 2023 que CEFC contrôlait State Energy HK Limited, une société liée à des paiements collectifs de 1,3 million de dollars aux membres de la famille Biden. »

James Cormer, élu républicain à la Chambre des représentants, a commenté pour sa part : « Tant que le ministère de la Justice n’aura pas enquêté sur toutes les personnes impliquées dans le trafic d’influence corrompu des Biden, qui a rapporté plus de 18 millions de dollars en paiements internationaux à la famille Biden, il sera clair que les fonctionnaires du ministère continuent de couvrir le grand boss, Joe Biden. »

D’aucuns estiment que la condamnation de Hunter prouve que la justice américaine est impartiale, puisque le fils du président a été jugé coupable dans sa propre ville de résidence, Wilmington, où il est connu de tous et pouvait espérer bénéficier de la sympathie d’un jury qui comprenait nombre d’anciens toxicomanes. Du côté des Démocrates, on assure même que la mise au jour sans fard des agissements de Hunter pendant ses périodes d’addiction peuvent finalement servir la campagne de son père, tout en réduisant à néant les affirmations de Trump selon lesquelles il a été victime d’un système judiciaire corrompu.

 

Hunter Biden coupable ne veut pas dire que Trump l’est aussi…

Alan Dershowitz, professeur de droit émérite de Harvard, n’en croit rien : il a dénoncé le faux parallélisme entre le jugement de culpabilité qui frappe Hunter Biden et la condamnation de Trump, début juin. Après tout, Biden a été reconnu coupable d’un « vrai crime » alors que Trump a été accusé d’un « crime inventé », a souligné le juriste, qui affirme ne toujours pas comprendre sur quoi peut être fondée la décision rendue à New York.

« La similitude est que ni l’un ni l’autre n’aurait été accusé de ces crimes s’ils ne s’étaient pas appelés Biden et Trump », a ajouté Dershowitz : « En général, on n’accuse pas une personne pour avoir simplement fait des déclarations erronées sur une demande d’autorisation de port d’arme, à moins qu’elle n’utilise l’arme à des fins indues. En général, il s’agit d’une circonstance aggravante. Biden n’écopera donc pas d’une peine de prison ; il s’agit en fait d’une simple tape sur les doigts. »

Pour le juriste, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’un écran de fumée destiné à occulter des faits bien plus grave, comme l’utilisation du nom et de l’influence de Joe Biden auprès d’« adversaires étrangers » pour en retirer un bénéfice pécuniaire. Et d’accuser le président des Etats-Unis d’avoir « clairement travesti les faits en déclarant que Hunter Biden n’avait reçu aucune somme d’argent à la suite de l’utilisation de son nom ». « Bien sûr qu’il l’a fait. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Et cela devrait faire l’objet d’une enquête. Personne ne l’aurait rémunéré pour son expertise, mais seulement pour l’accès qu’il offrait » (à son père), a conclu Dershowitz.

La Commission de surveillance de la Chambre des représentants, présidée par le Républicain James Comer, a indiqué qu’elle compte continuer de demander des comptes à Joe Biden et à sa famille, détaillant sur X les sommes qui ont été, selon elle, récupérées à hauteur de 18 millions de dollars, ainsi que plusieurs mensonges dont elle accuse les proches du président, notamment au sujet des rencontres de ce dernier avec des hommes d’affaires dans le cadre des agissements de Hunter.

« Nous avons saisi le ministère de la justice pour que Hunter et James Biden fassent l’objet de poursuites pénales pour avoir fait de fausses déclarations au Congrès. Nous continuerons à tenir Joe Biden et sa famille responsables de leur corruption », conclut le message sur X.

Maintenant que le portable de Hunter est considéré comme pouvant servir de preuve dans ses démêles judiciaires, on peut en savoir davantage sur les trafics d’influence dont il est accusé. La suite sera intéressante.

 

Anne Dolhein