Partout où la Chine peut accéder au pouvoir sur la scène internationale, le gouvernement communiste met le paquet. Et les secteurs novateurs sont particulièrement concernés, comme la voiture électrique ou… l’Intelligence Artificielle (IA). Non contente d’y consacrer des services de recherche conséquents, le pays entend mettre ses enfants à pied d’œuvre. Non seulement l’éducation des jeunes Chinois sera stimulée et renforcée grâce à l’IA, mais ces derniers y seront spécifiquement formés pour développer des compétences qui seront très vite valorisées.
D’ores et déjà, il est acté que la Chine produit près de la moitié des meilleurs chercheurs au monde. Mettant l’accent sur ses jeunes générations, elle pourrait bien devenir le leader mondial de l’IA, remplaçant son concurrent immédiat : les Etats-Unis.
Education par l’IA, éducation à l’IA : un moyen et une fin
Le 29 mars dernier, le ministère chinois de l’Education a lancé une campagne sur l’intelligence artificielle (IA). Elle vise à promouvoir l’application de l’IA dans l’enseignement et l’apprentissage et à améliorer les connaissances et les compétences du public en matière d’éducation numérique.
Entre autres, sera créée une plate-forme d’échange internationale afin d’envisager une approche chinoise de l’éducation numérique et un programme pilote sera lancé pour appliquer « l’éducation intelligente » à quelque 200 écoles primaires et secondaires de plusieurs régions.
Que ce soit pour développer l’apprentissage d’une langue vivante ou enregistrer les progrès linguistiques des élèves, comparer leurs performances sportives et améliorer leur rendement physique, envisager le niveau de compréhension des connaissances et l’état émotionnel des enfants, ou encore utiliser la technologie de réalité augmentée pour une plus grande attractivité… l’IA entre en scène et les professeurs doivent nécessairement collaborer (ce que gouvernement communiste décide…).
S’adapter à l’évolution rapide de la technologie de l’IA et à ses applications étendues
Alors que jusque-là, le rôle principal de la technologie de l’IA dans l’éducation se limitait à aider à la planification des cours et à l’organisation de l’enseignement, elle monte très visiblement en grade !
« Je pense que le développement de la technologie de l’IA devrait permettre aux machines intelligentes d’aider la vie humaine, et même de développer l’intelligence humaine » déclarait un étudiant. C’est sûrement la raison pour laquelle les directeurs d’école la pensent désormais essentielle pour l’éducation des enfants dans de multiples domaines…
« Proposer des cours liés à l’IA dans les écoles primaires et secondaires prépare non seulement les élèves à un monde en évolution, mais développe également leurs processus cognitifs et renforce leurs compétences scientifiques, leur permettant ainsi de mieux faire face à la concurrence et aux défis de l’ère de l’intelligence », a déclaré l’un d’entre eux.
Le même schéma se retrouve dans les universités chinoises qui renforcent le développement des disciplines de l’IA : en 2023, presque 500 universités du pays proposaient des programmes de premier cycle en IA, le but étant de fournir ainsi à l’industrie des talents innovants dans les différents secteurs d’applications.
La Chine est presque le chef de file de l’IA, grâce à ses chercheurs
Ainsi, comme le notait récemment un article du New York Times (NYT), si la Chine a du retard par rapport aux Etats-Unis sur des produits d’IA comme ChatGPT, elle est déjà assurément en avance pour ce qui est de former les scientifiques à l’étude des nouvelles technologies humanoïdes. Et ses positionnements en matière éducative, tant d’hier que d’aujourd’hui, ne font que renforcer cette situation bien établie. Selon une étude de MacroPolo, un groupe de réflexion américain dirigé par l’Institut Paulson, la Chine a d’une certaine façon éclipsé les Etats-Unis en générant près de la moitié des meilleurs talents en IA au monde, alors qu’ils n’en concentrent que 18 %.
Certes, les récentes percées de l’IA, celles où on perçoit des avancées de plus en plus complexes, viennent peut-être des Etats-Unis, mais une bonne partie du travail a été faite par des chercheurs formés en Chine. « Les Chinois, note l’étude, représentent aujourd’hui 38 % des meilleurs chercheurs en IA travaillant aux Etats-Unis. Les Américains ? C’est 37 %. Il y a trois ans, c’était 27 % de Chinois et 31 % d’Américains. » En somme, les Etats-Unis ne peuvent s’en passer même s’ils s’inquiètent des possibilités d’espionnage.
Néanmoins, la bonne nouvelle pour la Chine, c’est que ses nouveaux jeunes chercheurs en matière d’IA ont plutôt tendance à rester au pays, au lieu de lorgner sur les US comme faisaient un peu systématiquement leurs pairs dans les années 2010. Le pays récolte ainsi davantage le fruit de ses efforts. C’est capital parce qu’avec eux, la Chine hissera encore le niveau de l’IA dans ses applications industrielles et manufacturières (préférant laisser l’IA générative aux Américains). Et cette valeur ajoutée peut lui donner une importance géopolitique cruciale – ce qui n’est pas forcément opportun pour les autres… en particulier ceux qui ne souscrivent pas à son idéologie.