Bientôt vos dépenses au bout de vos doigts ou de votre nez – l’identification biométrique progresse dans les banques

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Pas encore habituée au « sans contact » de ma carte bleue, je ne suis pas vraiment prête à utiliser les services du magasin Costcutter à Uxbridge… il est devenu le premier supermarché au monde à permettre aux acheteurs de payer les produits d’épicerie en utilisant uniquement le réseau veineux du bout de leurs doigts. Sans argent, sans carte, sans téléphone, les étudiants tendent seulement leur index à un lecteur de reconnaissance d’empreintes digitales, qui relie cette carte biométrique unique à leurs cartes bancaires (on paye toujours au final).
 
Maintenant c’est au tour des banques – les « gros dossiers » de ce secteur – de lorgner très sérieusement sur les technologies d’identification biométrique. Plus de mot de passe, plus de code PIN, plus de carte… On nous vend davantage de confort et de sécurité – mais au prix d’un « suivi » de plus en plus sévère.
 

« Bienvenue à Gattaca » – bienvenue dans les banques

 
Parce que le monde se complique et que l’insécurité progresse à mesure de la numérisation globale, il faut simplifier l’authentification des clients et renforcer les moyens de lutte contre la fraude. Voilà pourquoi, comme le disait un porte-parole de UK Finance, les banques investissent des milliards dans les nouvelles technologies, répondant à la demande des consommateurs pour des moyens meilleurs et plus faciles de gérer leur argent.
 
De fait, en France, les banques dans leur quasi-totalité ont commencé à vendre ou à tester à grande échelle des solutions d’authentification de leurs clients par leur voix, leur empreinte digitale ou l’iris de leurs yeux.
 
On parle d’un marché « mature ». Les consommateurs sont tout-à-fait préparés (le Touch ID d’Apple y aurait-il contribué ?) et devraient se montrer ravis. Une étude publiée au mois de juillet par MasterCard et l’université Oxford, révélaient que 93 % d’entre eux « préfèrent la biométrie aux mots de passe pour l’authentification des paiements ou d’autres services financiers ».
M’est avis qu’ils ont oublié « Bienvenue à Gattaca ».
 

Identification par l’iris, la voix, l’empreinte digitale…

 
Un intéressant article du Telegraph revient sur ces nouvelles formes d’identification biométrique en cours d’élaboration au sein des établissements bancaires souvent multi-canaux et des différents moyens de paiement du secteur Fintech.
 
La première qui vient à l’esprit est la numérisation des empreintes digitales. Mastercard a déjà introduit une carte de crédit avec un scanner biométrique à cet effet, à la suite d’essais réussis avec une banque locale et un détaillant en Afrique du Sud, en avril. HSBC, Halifax et Barclays proposent également un identifiant tactile d’empreinte digitale pour les clients qui se connectent à des services bancaires en ligne sur leurs téléphones mobiles.
 
La numérisation de l’iris est montée en grade. TSB va devenir ce mois-ci la première banque européenne à implémenter l’authentification par balayage d’iris à partir d’un appareil mobile avec sa nouvelle application bancaire – une technologie dix fois plus sécurisée qu’un capteur d’empreinte digitale selon la banque.
 
La reconnaissance vocale est prisée, elle, par Barclays qui utilise l’assistant virtuel Siri d’Apple pour que ses clients puissent effectuer des paiements sur leur téléphone mobile : « Hey Siri, Pay [Clémentine] £ 15 with Barclays »…. Un système qu’expérimentent tout juste, en France, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE) et le Crédit du Nord.
 
Des technologies, soit dit en passant, qui ne sont pas non plus à l’abri des pirates et des hackers dont les techniques progressent de la même manière – il faut toujours plusieurs éléments d’authentification pour sécuriser une opération.
 

La reconnaissance faciale : prochain outil biométrique complet ?

 
Aujourd’hui, la reconnaissance faciale a particulièrement le vent en poupe. Lloyds Bank a annoncé en avril qu’elle collaborait avec Microsoft pour essayer l’authentification biométrique faciale avec les clients qui se connectent à leurs sites bancaires Internet Lloyds, Halifax et Bank of Scotland, grâce à un périphérique Windows 10 (si l’essai est fructueux, elle se lancera).
 
Cette méthode d’identification semble être la plus naturelle. Mais c’est sans doute la plus invasive, car la plus complète. Dans un entretien avec le New York Times, en mai 2014, le professeur Joseph J. Atick lui-même, l’un des pionniers de la technologie de la reconnaissance faciale, s’inquiétait des perspectives en la matière… « Elle est utilisée pour voler l’anonymat de tout le monde » avait-il estimé. Et est d’autant plus dangereuse qu’elle peut s’effectuer à distance, et évidemment, à l’insu de la personne, ce qui est plus difficile pour les autres technologies biométriques.
Mais elle rentre dans les us et coutumes – elle fait d’ailleurs partie de la dernière livraison d’Apple dans son tout nouvel IPHONE 8 !
 
« Le concept original de la biométrie, qui était d’appréhender les méchants, évolue rapidement pour aider les bons » a affirmé le CEO d’Integrated Biometrics, Steve Thies. Aider les bons ? Jusqu’à vérifier leurs « bonnes » actions…
 

Clémentine Jallais