Eurostat : le Royaume-Uni compte le plus de familles nombreuses en Europe – à cause de l’immigration

immigration Eurostat Royaume-Uni plus familles nombreuses Europe
 
Une étude de l’agence de statistiques de l’Union européenne, Eurostat, révèle que le Royaume-Uni affiche aujourd’hui la plus grande proportion de familles nombreuses dans l’UE : jamais, depuis le début des années 1970, le pays n’a compté autant de familles de quatre enfants et plus. 9,5 % des enfants nés en 2013 avaient trois frères et sœurs ou davantage – en 2009, ils n’étaient que 5,3 %. Mais dans le même temps, la taille moyenne des foyers a diminué. Deux causes ont été mises en avant : d’une part, les familles aisées « s’offrent » davantage d’enfants, dit-on, la famille nombreuse étant désormais signe extérieur de richesse. D’autre part, ce sont les familles issues de l’immigration qui font bondir les statistiques, à l’heure où 26 % des naissances au Royaume-Uni surviennent chez des mères nées à l’étranger.
 
En 1997, cette proportion était d’environ 13 % : elle a doublé en moins de vingt ans.
 
La proportion est aujourd’hui énorme : plus du quart des nouveau-nés ! Certaines projections prévoient qu’elle atteindra les 33 % d’ici à 2020…
 

Dans l’Union européenne, c’est le Royaume-Uni qui compte le plus de familles nombreuses, sans voir sa natalité globale augmenter

 
Mais si le Royaume-Uni connaît ainsi une embellie parmi les familles nombreuses, son taux de natalité global est à la baisse, puisqu’il tourne autour de 1,9 enfant par femme : il était de 2,4 enfant par femme en 1970, date à laquelle les familles nombreuses étaient très majoritairement d’origine autochtone. De même, une femme qui a 45 ans aujourd’hui a eu en moyenne 1,9 enfant, contre 2,35 enfants pour une femme ayant atteint ses 45 ans en 1985.
 
L’une des principales causes de cette baisse, annonce l’étude d’Eurostat, est le fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler : une tendance fortement favorisée par l’ouverture des frontières qui a provoqué une chute des salaires et par l’Union européenne qui au fil de ses objectifs a toujours visé des taux d’occupation élevés pour les femmes. Il s’agit, selon le discours officiel, de compenser la chute de la natalité. Mais c’est un facteur qui en même temps la favorise.
 
Cette annonce intervient au moment où le nouveau gouvernement de David Cameron vient de mettre une limite aux allocations familiales, qui seront réservées aux familles de deux enfants au plus. Est-ce une mesure discrète pour pénaliser les familles d’origine immigrée ? Le gouvernement britannique n’ignore évidemment rien des statistiques publiées par l’Eurostat et l’on ne peut exclure une volonté en ce sens. Quel que soit le point de vue, dans un contexte de vieillissement de la population et de l’allongement de la durée de vie, c’est une mesure qui ne promet pas d’améliorer les choses puisque les naissances dans les familles britanniques ne sont pas favorisées.
 

De plus en plus de foyers sans enfants au Royaume-Uni, constate Eurostat

 
Le Royaume-Uni compte ainsi de plus en plus de foyers sans enfants ou avec un seul enfant, aux dépens du « modèle » de deux enfants qui avait cours jusqu’ici. Et la taille des familles autochtones semble dictée par les revenus – sauf chez les familles immigrées.
 
Celles-ci arrivent au Royaume-Uni avec leur « culture » de la famille nombreuse, observe Ann Buchanan, professeur en assistance sociale, mais sans avoir elles-mêmes de nombreux enfants. Elles attendent d’arriver sur le sol britannique pour avoir leurs enfants, qui eux-mêmes auront tendance à en avoir au fur et à mesure de leur intégration.
 
Ce n’est pas Eurostat qui le dit – le détail serait-il politiquement incorrect ? – mais des données du recensement britannique de 2011 : en moyenne, les femmes d’origine afghane vivant au Royaume-Uni ont 4,25 enfants, et les femmes d’origine pakistanaise ont en moyenne 3,82 enfants. Chez les femmes d’origine européenne orientale vivant au Royaume-Uni, ce taux tombe à 2,19, contre 1,79 pour les femmes nées au Royaume-Uni. Les femmes nées en Nouvelle-Zélande ou en Australie vivant au Royaume-Uni ont seulement 1,38 enfant par femme.
 
Tout est en place pour un remplacement progressif de population – ou du moins un changement de majorité.
 
On pense aussi – mais de manière « anecdotique », souligne Ann Buchanan – que le « 1 % » de femmes les plus aisées au Royaume-Uni, qui peuvent se permettre de prendre une nounou à domicile, voire d’interrompre leur carrière, s’offrent le luxe d’avoir de nombreux enfants pour étaler leur richesse : Victoria Beckham a quatre enfants ; Helena Morrissey, directrice générale de Newton Investment Management, une société financière de la City, en a neuf.
 

Les familles nombreuses le plus souvent issues de l’immigration

 
« Ces femmes ont une instruction poussée, et sortent d’emplois de très haut niveau. Elles ont les moyens de choisir », dit Mme Buchanan.
 
En creux, cela suggère que les femmes ordinaires, ces Britanniques aux « travaux forcés » dans des emplois ordinaires pour simplement pouvoir subsister, n’ont pas les moyens d’avoir autant d’enfants qu’elles le désirent. Le remplacement de population se fait par le jeu des circonstances, des circonstances sur lesquelles elles n’ont pas prise – contrairement aux pouvoirs publics.
 
Voilà qui habitue également les populations à l’idée que les classes supérieures, celles qui ont des moyens, choisissent librement leur modèle familial, contrairement aux familles ordinaires qui programment leur progéniture en la restreignant à l’excès. Cette situation est aggravée par les mesures antifamiliales prises actuellement par le gouvernement britannique.
 
En France on n’a pas droit aux statistiques ethniques ou par origine. Mais la situation est probablement très comparable. Et on assiste à la même traque fiscale des familles, surtout les familles françaises des classes moyennes, par le plafonnement des allocations et du quotient familial. C’est une politique familiale – mais à l’envers.
 

Anne Dolhein