L’immigration de masse exclut toujours plus d’Américains du marché du travail et bloque les salaires

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C’est un ancien économiste qui travaillait pour Barack Obama qui le dit : la stratégie de réduction des salaires menée par le gouvernement fédéral cette dernière décennie a poussé quelque neuf millions d’adultes hors du marché du travail. Cet aveu de Jason Furman survient alors que certains élus au Congrès des Etats-Unis relancent leur campagne en faveur d’une vaste amnistie des immigrés clandestins, le fameux projet « Dreamer », qui augmenterait encore la masse de travailleurs étrangers à bas revenus susceptibles de remplacer les salariés américains. Les politiques fédérales américaines permettent d’importer chaque année un immigrant pour quatre Américains atteignant l’âge de 18 ans. Une immigration qui aboutit à bloquer les hommes peu qualifiés dans leur recherche d’emploi : quand ils ne sont pas exclus du marché, ce sont leurs salaires qui en pâtissent.
 
Jason Furman explique que si les Etats-Unis viennent de connaître 86 mois consécutifs de hausse du nombre d’emplois, quelque neuf millions d’adultes en pleine employabilité – entre 25 et 54 ans – restent exclus du marché. La plupart ont même renoncé à chercher du travail. « Aider ces hommes à retourner au travail devrait être un priorité de toute politique publique », assène-t-il.
 

Américains exclus du marché du travail : le phénomène frappe surtout les hommes du niveau secondaire

 
Le principal problème pour ces Américains n’est pas qu’ils restent sur une chaise longue, mais qu’ils n’arrivent pas à trouver d’emploi rémunérateur. La baisse la plus forte du taux d’emploi frappe les hommes dotés d’un diplôme d’études secondaires ou inférieur. Il a chuté de 97 % en 1964 à 83 %. Cette baisse est parallèle à celle de leur rémunération. Dans les années 1970, les diplômés du secondaire gagnaient environ les deux tiers du revenu des diplômés de l’université ; aujourd’hui, seulement la moitié.
 
Jason Fureman se garde évidemment de citer la concurrence migratoire comme une cause de la baisse des revenus de ces catégories peu diplômées. Il demande que les salaires soient augmentés, que les compétences soient améliorées par des plans de formation, que la force de négociation des candidats pour leurs salaires soit accrue ou que les abattements fiscaux soient augmentés. Pourtant, la concurrence salariale est implacable dans les emplois peu rémunérés et les immigrés sont de notoriété publique moins regardants sur leurs salaires : pour eux, le principal est de s’installer durablement.
 

La présence massive d’immigrés qui acceptent tout pour rester bloque les salaires

 
Or les pressions se multiplient pour que soit adoptée une amnistie générale des clandestins, avalisant la concurrence salariale et créant un appel d’air pour de nouveaux candidats, sans compter les regroupements familiaux. La gauche est rejointe par des élus affairistes républicains tels que le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham ou celui de Caroline du Nord Thom Tillis. Cette semaine, les sénateurs ont discuté de l’amnistie de trois millions de clandestins en contrepartie de nouvelles mesures pour la sécurisation des frontières. Façon de faire passer la pilule d’une régularisation qui aggravera encore la déflation salariale des catégories populaires et l’exclusion des Américains du marché du travail.
 
Les statistiques montrent que les salaires des Américains ont augmenté rapidement jusqu’à ce que la modification des règles d’immigration gonfle l’importation de main d’œuvre, après le choc pétrolier de la décennie 1970. Depuis, l’évolution de cette tranche de salaires est restée atone. La stagnation a été partiellement voilée grâce à la baisse du prix – et la hausse de la qualité – de nombreux produits, comme le café, les divertissements et les services internet.
 

Le taux d’emploi des Américains (15-64 ans) a chuté de 77 % en 1995 à 73 % en 2017

 
Mais sur fond de stagnation salariale et d’importation massive de main d’œuvre favorisée par la politique gouvernementale, le taux d’emploi des Américains est tombé en dessous de celui des Japonais et des Allemands. Pour les 15-64 ans, il est passé de 77 % en 1995 à 73 % en 2017. Au Japon il est passé sur la même période de 71,5 % à 77,3 %. En Allemagne, qui ne dispose pas de chiffres sur la totalité de la période, il est passé de 73,5 % en 2005 à 78 % en 2017. La France est en queue, stagnant entre de 70 % en 2003 et 71 % en 2017.
 
Les syndicats patronaux américains affirment que si de nombreux Américains sont sortis du marché du travail, c’est qu’ils profitent de lois sociales trop protectrices. Jason Furman dément cette théorie en notant que « la catégorie des jeunes hommes recevant une aide fédérale quelconque – incluant l’assurance handicap ou tout autre versement – a chuté de 20 % en 1975 à seulement 10 % en 2016.
 

Paul Ryan déplore la marginalisation de salariés mais favorise l’immigration par l’importation de saisonniers

 
Président de la Chambre des Représentants, Pau Ryan vient de déplorer le fait que de nombreux salariés aient été marginalisés et a esquissé un plan de réforme de la protection sociale pour 2018. Pourtant c’est le même Ryan qui, en 2015 et 2017, a favorisé l’adoption du programme H-2B qui permet aux exploitants forestiers et paysagers d’importer des saisonniers étrangers. Cette réglementation H-2B a permis aux entreprises de réduire leur masse salariale mais a limité les possibilités pour les Américains marginalisés de trouver un emploi en saison.
 
Paul Ryan est tenté de proroger le H-2B en 2018. L’analyste Neil Munro, du site Breitbart, s’en indigne : « Les Républicains comme les Démocrates sont soumis à des pressions intenses pour favoriser la consommation et les marchés d’actions en laissant entrer des consommateurs et des travailleurs étrangers, plutôt que d’améliorer la productivité des Américains et leurs rémunérations ».
 

Matthieu Lenoir