Le futurologue Ian Pearson s’exprimait au Sommet mondial des gouvernements de Dubaï dans le cadre d’un panel de discussion animé par la chaîne de télévision américaine CNBC. Reprenant une idée exposée plusieurs fois par Elon Musk, le PDG de Tesla et de SpaceX – qui a fait parler de lui récemment avec le lancement réussi de la fusée Falcon Heavy –, Ian Pearson s’est dit convaincu que, dans le futur, l’intelligence artificielle allait progresser au point de dépasser largement l’intelligence humaine jusqu’à devenir des milliards de fois plus performante. « C’est pourquoi nous devons vraiment faire en sorte de trouver les moyens de ne pas rester en arrière », a ajouté le futurologue. La solution entrevue par Pearson est la même que celle proposée par Musk : il faudra connecter l’intelligence artificielle à nos cerveaux pour nous permettre de bénéficier du même QI que les ordinateurs.
Pour Ian Pearson comme pour Elon Musk, il faudra dans le futur connecter l’intelligence humaine à des ordinateurs pour avoir un QI au même niveau que les machines
Elon Musk avait dit en substance la même chose au Sommet mondial des gouvernements de février 2017 en évoquant la nécessité de fusionner l’intelligence biologique et l’intelligence numérique. La société Neuralink fondée par Elon Musk cherche justement à développer des implants d’interface cerveau-ordinateur.
De ce fait, si Pearson a parlé mardi de la disparition de certains emplois en raison des progrès de l’intelligence artificielle, un autre intervenant, Sebastian Thrun – un des pionniers du projet de voiture sans conducteur de Google – avait estimé la veille que l’intelligence artificielle ferait de nous des « travailleurs surhumains ». Serait-ce donc la course aux profits qui pousserait les entreprises à développer des machines portant en elles un tel risque pour l’humanité ?
L’intelligence artificielle plus dangereuse pour le genre humain que l’arme nucléaire ?
Pour Elon Musk, l’intelligence artificielle est bien un « risque fondamental pour l’existence de la civilisation humaine » : il y a selon lui 5 à 10 % de chances pour que l’humanité survive à l’intelligence artificielle, et il serait urgent de réglementer son développement. Dans une interview pour le site Breitbart en 2016, Ian Pearson avait aussi prédit que le sexe avec les robots prendrait le pas sur le sexe entre êtres humains d’ici à 2050, ce qui, on s’en doute, ne serait pas sans effet sur la natalité déjà en berne dans les pays où les technologies sont les plus avancées et les mœurs les plus délétères.
De son côté, la commission des affaires juridiques du parlement européen proposait en janvier 2017 que la Commission européenne réfléchisse à un statut de personne électronique pour les robots autonomes dotés d’intelligence artificielle et à la création de fonds de garanties d’assurance pour les préjudices que les êtres humains pourraient subir de la part de robots intelligents. En Chine, la dictature voit dans l’intelligence artificielle une nouvelle chance pour créer une société réellement communiste et elle l’utilise déjà pour individualiser la surveillance des citoyens grâce à des caméras omniprésentes, tandis que dans la Silicon Valley, des illuminés vénèrent l’intelligence artificielle comme une divinité.
« Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue », avait dit en sont temps Albert Einstein. Le développement incontrôlé de l’intelligence artificielle est le fruit de l’intelligence humaine, certes, mais visiblement aussi du manque de sagesse humaine.