L’Irlande légalise le « mariage » gay par un référendum : la fin de l’Irlande catholique. Et maintenant, l’avortement ?

L’Irlande légalise le mariage gay par un référendum la fin de l’Irlande catholique
 
C’est un séisme dont il ne faut pas sous-estimer l’intensité : en votant, à 60 %, en faveur de l’indifférenciation sexuelle dans le mariage, le peuple Irlandais a d’un seul mouvement rejeté sa foi catholique et l’ordre naturel des choses. Le « mariage » gay a joué son rôle subversif : au nom de l’« amour », la campagne pour sa légalisation a permis d’obtenir la fin de l’Irlande catholique en même temps qu’il a « normalisé » le comportement homosexuel. Il aura fallu exactement 22 ans pour que la société irlandaise, qui pénalisait encore l’acte homosexuel au début des années 1990, accepte cette révolution radicale contre l’être et contre sa foi. Sans surprise, la gauche irlandaise réclame déjà un nouveau référendum, pour faire légaliser l’avortement, cette fois.
 
Comment expliquer cet extraordinaire revirement de l’opinion ?
 
D’abord en notant qu’il n’est pas aussi important qu’on veut bien le dire : la participation au référendum, moyenne, n’a mobilisé que 60 % de la population. Ce sont 37,5 % des votants potentiels qui ont approuvé le « mariage » des couples de même sexe : entre les abstentionnistes et ceux qui ont dit non, on arrive à 62,5 % de l’électorat qui ne l’ont pas fait. Même si, hélas, seul un tout petit quart de l’électorat (750.000 personnes sur 3.200.000) a jugé important de se déplacer.
 

La fin de l’Irlande catholique, parce que les catholiques ont été abandonnés

 
Il s’agissait pourtant de sauver la société de la destruction de ses propres soubassements. Il faut croire que les Irlandais ne s’en sont pas rendus compte. Et s’ils ne s’en sont pas rendus compte, c’est faute d’avoir été correctement avertis de l’enjeu.
 
D’une part, il y avait la force du lobby pour le « mariage » gay, soutenu à la fois par l’ensemble des partis politiques irlandais, par les grandes sociétés, par les grands médias. L’Irlande était menacée de difficultés économiques dans le cas où le « non » l’emporterait. A cette intimidation s’ajoutait le chantage aux sentiments : rejeter le « mariage » gay, c’était faire preuve de haine et de sectarisme à l’égard des membres de la communauté LGBT : « Nos frères, nos sœurs, nos pères, nos mères, nos fils et nos filles… »
 
Véritable singerie de la véritable fraternité chrétienne, qui veut le bien et le salut éternel de chacun, cette « empathie » trompeuse fleurit dans un monde abîmé par des décennies de matraquage médiatique et de déconstruction délibérée de l’esprit d’analyse. Comment faire appel à la raison dans une société qui ne peut plus l’entendre et qui se laisse d’autant plus facilement manipuler qu’elle n’a pas non plus reçu un enseignement structuré et solide de la foi ni même des réalités naturelles ?
 

L’Irlande légalise le « mariage » gay : le discrédit qui frappe l’Eglise explique-t-il tout ?

 
On a beaucoup parlé du discrédit qui frappe l’Eglise en Irlande, l’empêchant, même si elle l’avait voulu de manière plus évidente et forte, de peser sur ce scrutin. Scandales de la pédophilie, « affaires » montées de toutes pièces dans les médias ont dressé une partie du peuple irlandais contre ses pasteurs, augmentant la désaffection à l’égard de la pratique religieuse et relativisant les exigences morales de la religion catholique.
 
Mgr Diarmuid Martin a commenté les résultats en appelant l’Eglise à regarder la réalité en face, constatant que la majorité des jeunes qui ont voté « oui » sont les produits du système scolaire catholique irlandais qu’ils ont fréquenté « pendant 12 ans ». « Je dis que nous faisons face ici à un grand défi afin de voir comment transmettre le message de l’Eglise », a-t-il dit.
 
Mais la propre ambiguïté des propos de l’archevêque de Dulin, avant et après le scrutin, montrent par où il pèche : il ne considère pas la question du point de vue de l’homme de Dieu.
 
A-t-on entendu, au cours de la campagne, défendre les droits de Dieu, la loi de Dieu – ce qui est tout de même la tâche propre de l’évêque ? Non : conformément à une habitude installée depuis fort longtemps chez beaucoup d’évêques, de peur de se voir reprocher leur ingérence dans la vie politique, ils se situent sur un plan purement politique et laïque. Voire sociologique. Voire positiviste. Et finalement relativiste.
 

Un évêque constate la mort du catholicisme chez les jeunes : le référendum va-t-il ramener l’Eglise à l’enseignement de la foi ?

 
Avant le scrutin il s’était exprimé plusieurs fois de la sorte : il annonça qu’il comptait voter « non » à titre personnel mais précisait, par le biais d’une porte-parole, qu’il n’avait pas pour politique de « dire aux autres comment voter ». Il faisait ainsi répondre – ou plutôt refusait de répondre – à une question posée par les médias (voir nos informations ici sur reinformation.tv). « Vu l’importance du mariage et de la famille, les décisions ne doivent pas être prises à la légère et chacun doit être informé de ce qui est en jeu », ajoutait-il. Mais qui donc a été « informé » du fait que sur le plan humain comme sur le plan de la foi, la sexualité humaine répond à des règles et qu’il en est du mariage comme du Christ et de l’Eglise ?

 
Mgr Martin a certes écrit une tribune dans Irish Times la semaine dernière pour déclarer que ses « fortes convictions sur le mariage » sont « basées sur (ses) convictions religieuses ». « Je n’ai cependant aucun désir de faire avaler mes conceptions religieuses de force par les autres », écrivait-il, dénonçant « ceux de l’aile droite ecclésiastique » qui l’accusent d’être en faveur du « oui », parce qu’il ne se « livre pas à la condamnation directe des hommes et femmes gays et lesbiennes ».
 
Après le vote, il a déclaré : « J’imagine les sentiments des hommes et des femmes gays et lesbiennes aujourd’hui. Qu’ils ressentent cela comme quelque chose qui enrichit leur manière de vivre. Je crois qu’il s’agit d’une révolution sociale. » Et il a précisé que s’il avait « personnellement » voté contre le « mariage » gay, c’est parce qu’il pense que les droits gays peuvent être soutenus sans redéfinir le mariage.
 
Où l’on voit que l’archevêque souscrit à l’idée qu’il y ait des droits « gays », ce qui est déjà une manière d’abandonner la lutte. Car si les personnes, si chaque personne peut et doit être respectée dans son humanité (l’évêque aurait pu ajouter : en tant qu’être raisonnable créé à l’image de Dieu et appelé à Le voir face-à-face dans l’au-delà), ce n’est pas en raison de son comportement : l’évêque aurait pu ajouter que le comportement peccamineux n’est pas créateur de droits…
 
Sans quoi, avec ou sans « mariage » gay, on arrive à l’idée que tous les comportements se valent. La définition même du relativisme.
 

Irlande : la chasse est ouverte pour légaliser l’avortement

 
Dans un tel contexte il est difficile d’envoyer un message clair à l’occasion d’un référendum, même s’il a pour objet une « révolution sociale ». Le mea culpa de l’évêque peut sembler juste et même émouvant, mais on aurait tort d’accepter les excuses publiques, et même d’espérer une amélioration, pour en prendre prétexte pour ne pas dire avec force à quel point les âmes des enfants ont été abandonnées – et pas seulement des enfants d’Irlande.
 
L’extraordinaire rejet d’une doctrine et d’une morale claires et supposées connues de tous – mais mal assimilées, faute d’avoir été justement et clairement enseignées – donne déjà des ailes à la gauche irlandaise qui rêve de voir tenir un nouveau référendum sur l’avortement légal que tous les scrutins précédents ont rejeté. Après tout, si l’opinion a entériné la parodie du mariage, pourquoi ne lâcherait-elle pas sur le respect de la vie ? Les esprits sont mûrs…
 
Le parti travailliste veut embrayer en faisait voter sur l’avortement en cas d’anomalie fœtale : c’est dès cette fin de semaine que le Labour veut faire examiner sa demande par la Commission de Santé de l’Oireachtas, le parlement irlandais, profitant de l’existence d’un gouvernement de coalition.
 
Le Fine Gael, l’allié réputé de « centre droit », a déjà fait savoir lundi soir qu’il ne se laisserait pas bousculer.
 
On se demande bien au nom de quoi.
 

Anne Dolhein