Des pro-vie pointent des irrégularités dans le vote sur l’avortement en Irlande

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Les résultats du référendum irlandais qui vit la victoire du « oui » à l’avortement à 66,5 %, se trouvent contestés devant la Haute Cour du pays. Trois demandes distinctes d’autorisation de contestation ont été déposées, pointant des irrégularités : radiations inexpliquées, doubles votes et surtout désinformation de la campagne médiatique et étatique… Selon l’une des signataires, Joanna Jordan, la différence entre les deux parties n’était que de 2,6 % dans les sondages le 24 mai, soit la veille du referendum : l’écart final mérite d’autres explications.
 
Le Ministre de la santé ne craint pas que cela remette en cause le calendrier de l’introduction de la législation sur l’avortement, en Irlande – on aimerait pourtant. D’autant que les promesses de modération du gouvernement sur la législation à venir semblent être progressivement mises au placard…
 

Des électeurs potentiels du « Non » empêchés de voter de manière inexpliquée

 
Pour la dublinoise Joanna Jordan, coutumière des campagnes pro-vie, ce glissement important de voix pose des questions. A partir du début du mois de mai, l’opinion a tourné en faveur du « non », tant et si bien qu’au 24 mai, il n’y avait qu’une différence de 2,6 % dans les sondages entre les deux parties. « Dans les 24 heures, le résultat a montré une augmentation de 20 % [du « oui »]. Un tel retournement n’est pas possible. »
 
Certes, les sondages ne sont pas des objets de foi – on le sait. Mais d’autres éléments sèment le trouble. Selon LifeSiteNews, Joanna Jordan affirme qu’ont été reçus « de nombreux témoignages d’électeurs potentiels qui ne pouvaient pas voter en raison de l’annulation de leur enregistrement ». Il s’agit notamment de couvents de religieuses et de résidents de maisons de retraite… des soutiens potentiels du « non », donc, qu’on pourrait avoir empêchés de voter.
 
D’autre part, elle souligne le fait que des milliers de jeunes citoyens irlandais qui étaient à l’étranger, « ont été payés pour retourner voter », sans être pour autant interrogés dans les bureaux de vote sur leur séjour à l’étranger.
 

Des irrégularités significatives, y compris le vote de non citoyens !

 
Charles Byrne aussi, second demandeur, souligne le cas des religieuses, telles les communautés des Pauvres Clarisses, qui n’ont pas trouvé leurs noms sur les registres ! Il indique en sus que certains électeurs, en revanche, avaient reçu deux bulletins de vote et que des non-citoyens ont pu voter : de fait, dans certains endroits, les bulletins de vote comptabilisés excèdent le nombre d’électeurs admissibles locaux…. il y a comme un couac.
 
Son avocat a déclaré lundi que son client avait des informations provenant des sources administratives, indiquant qu’environ 600 étudiants ont fait la queue tous les jours à l’Université nationale d’Irlande à Galway, afin de s’inscrire pour voter – sans succès.
 
Sans doute, nous dira-t-on, que ce sont des menus dysfonctionnements qui ne remettent nullement en cause le sens global de l’évolution de l’opinion irlandaise… ce peut être faux. C’était la sixième fois que ce referendum revenait sur le tapis dans la catholique Irlande. Pour les tenants du progressisme largement au pouvoir, il fallait que ça passe, et on a manifestement donné quelques coups de pouces concrets supplémentaires à l’active désinformation médiatique.
 

La désinformation active du gouvernement

 
Car de la désinformation, il y a eu, et c’est l’autre terrain d’achoppement de ces trois empêcheurs d’avorter en rond. Charles Byrne et Ciaran Tracey estiment que la campagne d’information de la Commission du référendum a déformé la nature, les limites et les résultats probables de l’abrogation de ce fameux huitième amendement. En particulier, le Premier ministre Leo Varadkar et le ministère de la Santé ont faussement déclaré que le huitième amendement, qui protège la vie à la fois de la mère et de l’enfant à naître mettait en danger la vie des femmes.
 
Argument déjà erroné, compte tenu de la formulation du huitième amendement. Et encore plus faux, compte tenu du fait que, depuis la Protection of Life During Pregnancy Act adoptée en 2013, l’avortement se trouve autorisé en cas de risque de décès de la mère pour raisons médicales ou en cas de risque de décès de la mère par suicide… Soit dit en passant, l’Irlande a l’un des taux de mortalité maternelle les plus faibles au monde : entre 1985 et 2015, il était de 9, quand celui de la Grande-Bretagne, qui a libéralisé l’avortement, était de 11…
 
La Commission du referendum a également soigneusement évité de se référer à la décision de la Cour Européenne des droits de l’homme concernant le cas « D v. Ireland », dans lequel la CEDH avait rejeté la demande d’une Irlandaise qui s’était rendue en Irlande du Nord pour avorter d’un enfant gravement handicapé et voulait obtenir un changement de législation.
 

Une loi sur l’avortement qui ferait très vite ressembler l’Irlande au reste de l’Europe

 
A ces doutes, il faut ajouter les inquiétudes grandissantes quant au contenu réel de la loi à venir, promise dans les six prochains mois.
 
D’abord sur la protection de l’objection de conscience : le très engagé Premier ministre, Leo Varadkar, a déclaré lundi que si les médecins généralistes seront libres de « s’opposer en conscience » à faciliter directement les procédures d’avortement, ils seront tenus de référer les patients à un médecin consentant. Nouveauté post referendum !
 
Ensuite sur les modalités d’application. L’idée de départ du gouvernement, comme le redit LifeSiteNews, était de limiter la légalisation des avortements électifs au premier trimestre, les avortements ultérieurs étant supposés se limiter à des urgences médicales ou à des anomalies fœtales mortelles. Mais de nombreux défenseurs de l’avortement, y compris Varadkar, ont qualifié la légalisation d’étape modérée nécessaire. Les fameuses « exceptions de santé » finiront par permettre l’extermination des enfants handicapés ou autrement imparfaits – comme dans nos pays dits civilisés.
 
Le ministre de la Santé a également demandé que les avortements soient financés par les contribuables et qu’il ne soit pas question de manifestations de protestation, de prière ou de conseils dans les établissements pratiquant l’avortement…
 
Les cartes en main, le ton change ! Le prochain régime d’avortement irlandais sera donc, en plus, apparemment beaucoup plus radical que ce que les partisans de l’abrogation annonçaient pendant la campagne… forcément.
 

Clémentine Jallais