Israël : incendie et graffitis antichrétiens en hébreu dans le sanctuaire de Tabgha

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Dans la nuit de mercredi à jeudi, un incendie criminel a ravagé plusieurs pièces du sanctuaire de Tabgha, haut lieu du christianisme en Israël, construit, pense-t-on, à l’endroit précis où le Christ a multiplié les pains. Le feu s’est propagé dans le complexe qui entoure l’église sans parvenir dans celle-ci. Le crime était signé : on a trouvé des graffités antichrétiens rédigés en hébreu dans le sanctuaire.
 
« L’église, Dieu merci, est en bon état. Nous sommes heureux qu’elle n’ait rien eu » a déclaré le père Matthias, un bénédictin qui officie dans les lieux. Les flammes ont en revanche emporté la toiture et détruit plusieurs pièces de ce lieu très fréquenté par les pèlerins et les touristes.
 
Deux personnes se trouvaient dans le bâtiment au moment de l’incendie et ont été transférées à l’hôpital après avoir inhalé de la fumée, mais leurs jours ne sont pas en danger.
 

Incendie et graffiti sur les murs du sanctuaire de Tabgha ; tous reconnaissent un acte antichrétien

 
L’enquête a commencé, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a insisté pour que les auteurs soient rapidement traduits devant la justice. Les autorités ont reconnu que l’acte était « probablement » motivé par la haine religieuse. Grande perspicacité.
 
Un graffiti en hébreu biblique laissé sur l’un des murs par les incendiaires appelle à l’élimination des idoles païennes en Israël. Ce n’est rien d’autre que l’extrait d’une prière juive prononcée trois fois par jours par les fidèles, détournée ici pour viser le Messie…
 
Ce n’est pas la première fois que le site de Tabgha est visé : en avril 2014, peu avant la visite du pape en Terre Sainte, quelques jeunes juifs avaient détruit des croix et agressé plusieurs religieux chrétiens.
 
L’acte n’a pas été revendiqué mais on soupçonne des colons activistes qui se livrent à des agressions et des actes de vandalisme dans les territoires palestiniens sous le nom : « Le prix à payer ». Ce groupe s’attaque régulièrement aux Palestiniens, à des Arabes israéliens, aux lieux de culte musulmans et chrétiens et parfois même à l’armée israélienne.
 

Les graffitis antichrétiens étaient en hébreu

 
Seize jeunes colons ont d’ailleurs été très rapidement interpellés avant d’être relâchés sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux. La police a indiqué que l’enquête se poursuivait.
 
« Entre le graffiti et l’incendie, si vous faites le rapprochement, vous pouvez déduire par vous-même qui a pu faire ça », a laconiquement déclaré un conseiller de l’Eglise romaine catholique en Terre sainte, Wadie Abu Nassar, sur une radio publique, avant d’ajouter que « l’image internationale d’Israël » allait être atteinte dans le monde chrétien par un tel acte de haine anti-chrétien.
 
Les autorités israéliennes ont immédiatement réagi : « La profanation terrible d’un lieu de prière ancien et sacré est une atteinte à la substance même de notre pays », s’est ému le président israélien Reuven Rivlin, ajoutant que « l’Etat israélien et la société israélienne ont le devoir de protéger et de préserver les lieux saints de toutes les confessions ».
 

Béatrice Romée