On a dit que Jacob Rees-Mogg ne pouvait avoir d’avenir politique pour cause de franchise sur le chapitre de l’avortement. Et du « mariage » gay. Pensez : il se déclare, en tant qu’être humain et catholique, opposé à l’« IVG » même en cas de viol. Et pourtant cette star montante du parti conservateur britannique, qui a fait campagne pour le Brexit, vient d’être élue président d’un important groupe de parlementaires conservateurs eurosceptiques qui se sont engagés à demander des comptes au gouvernement à propos de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Tel est le charisme de ce père de six enfants, heureusement marié avec la même femme depuis de longues années, que d’aucuns lui ont prédit qu’il deviendrait un jour le leader des Tories. Jacob Rees-Mogg a toujours répondu qu’il n’avait pas cette ambition. Mais sa nomination montre que d’autres pourraient bien le pousser dans cette direction.
Quoiqu’il en soit, l’élection du parlementaire au poste de chef de l’European Research Group (ERG) s’est faite de manière toute naturelle, sans que personne ne lui dispute la place, tant il est apparu comme le candidat idéal. Son atout, selon ses partisans : il « croit véritablement » au Brexit et aux bienfaits que celui-ci peut apporter au Royaume-Uni.
L’eurosceptique Jacob Rees-Mogg président d’un groupe parlementaire qui a permis au Brexit de l’emporter
Le groupe rassemble plus de 60 élus conservateurs à la Chambre des communes mais s’est vu critiquer ces derniers temps pour son manque de punch face au gouvernement sur le dossier des négociations avec Bruxelles.
Quelles que soient les intentions réelles du Premier ministre Theresa May – qui avait fait personnellement campagne pour rester dans l’UE avant le référendum de juin 2016 – Jacob Rees-Mogg a opté pour une posture de loyauté affirmée à l’égard du chef du gouvernement… en la rendant comptable de sa promesse de mener le Royaume-Uni vers le recouvrement de sa souveraineté.
« Il est particulièrement important d’obtenir le contrôle de nos lois, le contrôle de l’immigration et de réussir à mettre en place de nouveaux accords commerciaux avec d’autres pays. L’ERG s’exprime de manière individuelle, il ne représente pas la vision collective, mais il jouit d’un soutien considérable dans l’ensemble du parti parlementaire. En tant que président, j’ai l’intention d’apporter une assistance et un soutien vigoureux à la politique du gouvernement en vue de faire du Brexit un succès », a-t-il déclaré.
Conservateur, catholique, provie : Jacob Rees-Mogg reconnu parce qu’il se bat pour ses convictions
Alors que le Premier ministre est en difficulté, contesté par une partie de son cabinet, Rees-Mogg a souligné dans un entretien avec le de Londres sa volonté de promouvoir le point de vue eurosceptique de l’arrière-ban des parlementaires conservateurs : « Il y a un fort désir d’assurer que l’on aborde le Brexit en mettant l’accent sur ses aspects positifs en nous concentrant sur la création d’un Royaume-Uni plus prospère, plutôt que de nous laisser embourber dans les détails des négociations. »
L’European Research Group a joué un rôle clef lors du référendum sur l’Union européenne en rassemblant les parlementaires conservateurs eurosceptique face aux « Remainers », le Premier ministre David Cameron et plusieurs ministres de premier plan.