Audition au Sénat des Etats-Unis :
Jeff Sessions ridiculise la théorie d’une entente avec les Russes destinée à pirater Clinton

Jeff Sessions Audition Sénat Russes Etats Unis ridiculise entente Clinton
Jeff Sessions lors d’une audition devant le Sénat, à Washington, le 8 janvier 2017.

 
La question des rapports du camp de Donald Trump avec les Russes, devenue le poison qu’inocule chaque jour dans l’actualité l’appareil oligarchique pour tenter de plomber le mandat du président, est revenue au premier plan avec l’audition mardi du ministre de la Justice et procureur général Jeff Sessions devant la commission du Renseignement du Sénat. Alors que l’audition, la semaine dernière par le même organe, du patron limogé du FBI, James Comey, avait alimenté la confusion, celle de Sessions a paru claire et carrée. Sessions a démenti toute dissimulation, tout mensonge qu’il aurait commis lors de son audition d’investiture en février. Il contredit ainsi les assertions du Washington Post affirmant en mars dernier qu’il aurait eu en 2016 « des contacts » répréhensibles avec l’ambassadeur russe. L’article était écrit pour continuer d’instiller la suspicion d’une ingérence moscoutaire dans l’élection de Donald Trump et déstabiliser en même temps Jeff Sessions, dont l’opposition affichée à l’avortement et à l’immigration illégale ulcère l’oligarchie globaliste et démocrate.
 

Jeff Sessions serein lors de son audition devant le Sénat des Etats-Unis

 
Jeff Sessions a fermement démenti avoir choisi de se récuser – en tant que ministre-procureur – dans l’enquête sur ces « affaires russes » par peur d’être l’objet d’une enquête. Il a bien sûr aussi démenti avoir eu la moindre rencontre clandestine avec des Russes et nié toute collusion. Les accusations du Washington Post sont apparues totalement ridicules lors d’un échange avec le sénateur républicain Tom Cotton. Ce dernier a lancé : « Le plus simple serait de demander si Donald Trump ou l’un de ses conseillers de campagne se sont entendus avec les Russes pour pirater ces courriels (d’Hillary Clinton lors de la primaire démocrate) et les révéler au public. Car tout est parti de là, il y a six mois. Or nous venons d’entendre six des huit Démocrates de cette commission et aucun n’a encore posé cette question. (…) C’est probablement parce qu’ils n’ont trouvé aucune preuve après six mois d’enquête de notre part et dix ou onze mois d’enquête du FBI… »
 
Après avoir ainsi suggéré que l’enquête était passablement enlisée, Tom Cotton a demandé à Jeff Sessions s’il était au courant de ce que les espions appellent les « échanges commerciaux », euphémisme pour des communications sécurisées, les « dépôts de colis », les « relations couvertes », toutes expressions décrivant les moyens classiques de contacts secrets entre agents. « Un petit peu » a ironisé Sessions, renvoyant les suspicions de conversations à découvert avec des officiels russes au rang d’une aimable plaisanterie. Cotton a recueilli l’assentiment de nombreux collègues en demandant à Sessions s’il aimait les romans d’espionnage. « Aimez-vous les films de Jason Bourne ou James Bond ? » Sessions part d’un éclat de rire, lance un « non » puis : « Mais oui, j’aime ça ! ».
 

Jeff Sessions dément tout échange privé avec l’ambassadeur russe à la réunion de campagne du Mayflower Hotel

 
Et Cotton de développer : « Avez-vous jamais trouvé parmi ces histoires fantastiques un scénario aussi abracadabrant qui verrait un sénateur des Etats-Unis et l’ambassadeur d’un gouvernement étranger afficher leur complicité lors d’un échange à découvert en présence de centaines d’autres personnes et tout ça pour réussir le plus gros coup de l’histoire de l’espionnage ? » Sessions : « Je n’ai jamais eu le moindre échange privé et je ne me souviens d’aucune conversation avec un officiel russe au Mayflower Hotel (lors d’une réunion de campagne de Donald Trump en avril 2016 NDLR). Je n’ai participé à aucun échange (avec Sergey Kislyak, ambassadeur russe). Des services américains ont intercepté des communications russes qui suggéreraient le contraire, mais ces données sont non confirmées ». « Avant le discours, j’ai participé à une réception avec mes conseillers, qui réunissait au moins deux douzaines de personnes et le président Trump », a-t-il ajouté, pour infirmer tout échange secret.
 
Jeff Sessions a argumenté en évoquant le roman bourré de non-sens de Lewis Caroll De l’autre côté du miroir : « J’ai expliqué en toute bonne foi que je n’ai pas rencontré les Russes alors qu’on passait son temps à prétendre que j’étais en contact permanent avec eux. Et maintenant, ce dont on m’accuse, c’est d’avoir été acteur d’un complot visant à influencer la campagne pour l’élection américaine ! C’est juste au-delà de mes facultés de compréhension. »
 

Une entente avec les Russes pour faire échouer Hillary Clinton ? Sessions ridiculise l’idée

 
Cette forgerie n’est pas sans évoquer le « coup » médiatique monté en France contre Nicolas Sarkozy, soupçonné d’avoir rendu visite à la milliardaire Liliane Bettencourt en pleine campagne électorale de 2007 pour obtenir d’elle une enveloppe remplie de liasses de billets censées financer ses meetings. Presse et justice matraquèrent l’opinion avec ce scénario grotesque mais il fallut attendre trois ans, en 2013 après son échec électoral, pour que la justice rendît une décision de non-lieu.
 
Il va de soi que les arguments de Sessions ont été passés par profits et pertes par la médiacrature inféodée aux Démocrates. Le très centriste sénateur John McCain, un Républicain qui vote souvent avec la gauche, a suivi la Démocrate Kamala Harris en continuant sur l’air de la théorie de la conspiration, permettant aux médias de continuer de truffer leurs papiers de soupçons. On est loin de la déclaration d’intention introductive du républicain Richard Burr, en début d’audition : « Nous allons établir des faits, bien distincts des insinuations sournoises, et nous les exposerons pour que les citoyens américains puissent former leur jugement. C’est seulement à partir de là que nous, en tant que nation, pourrons classer l’affaire et nous tourner vers l’avenir. J’espère que les membres de notre commission s’attacheront à poser des questions sur l’enquête autour de cette question russe, en évitant de profiter de l’occasion pour lancer des attaques politiques ou partisanes ».
 

Matthieu Lenoir