JO « durables » : l’absence de climatisation ne satisfait pas tous les athlètes

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Il fallait s’en douter – on peut aussi en rire. Depuis des mois et des mois, la Ville de Paris nous bassine avec son Village olympique conçu pour éviter toute climatisation, grâce à des mesures de refroidissement écologiques et de précieux espaces verts. Dans cette course mondiale à la durabilité, les Jeux 2024 se plaisaient à afficher l’intransigeance la plus édifiante… Mais ça n’a pas plu à tout le monde et certains ont décidé, de manière unilatérale, de faire autrement pour leurs athlètes chéris préférant dormir à la fraîche.

Etonnant comme certains événements ont la capacité voire le droit de supplanter les oukazes des enjeux mondialistes… Comme l’a écrit David Blakmon dans le Daily Caller, « les inquiétudes concernant la “menace existentielle” liée au changement climatique sont soudainement suspendues pour les JO de Paris » !

Et que dit Hidalgo ? Ben, rien.

 

La climatisation permet de mieux faire dormir les athlètes…

C’est le Washington Post qui a découvert, début juin, le pot aux roses. Fleurant l’entourloupe, le quotidien américain est allé interroger les 20 plus grandes nations participantes. Huit ont répondu, en disant toutes que, oui, elles allaient elles-mêmes équiper de climatiseurs une partie voire la totalité des chambres de leurs athlètes.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce, le Danemark, l’Australie… au total, plus de 3.000 sportifs sont concernés. Le Japon avait, lui, déclaré en décembre, lors d’une conférence de presse, avoir des « projets » en la matière. Quant à la Chine, qui représente l’une des plus grosses délégations, il y a aussi de fortes chances : l’utilisation domestique du climatiseur est chez eux en croissance exponentielle…

Alors, ils comptent les emporter, les expédier par avion, voire les faire acheter sur place.

Parce que ce n’était pas du tout l’idée de départ : le Comité d’organisation des Jeux voulait précisément éviter toute climatisation afin de concevoir un projet « démonstrateur de la ville de demain » et de respecter sa promesse de « Jeux durables ». Dans cet esprit, il s’était engagé à ce que la température intérieure des quelque 3.700 chambres du gigantesque et tout nouveau écoquartier reste, sans climatisation, au moins inférieure de 6 °C aux températures extérieures les plus élevées, grâce à une architecture « bioclimatique » des bâtiments.

 

Les p(h)arisiens du climat : la doxa écologiste vaut quand ils veulent

L’ambition d’Anne Hidalgo était d’ailleurs très claire : « Je souhaite que les Jeux de Paris soient exemplaires sur le plan environnemental. (…) Les bâtiments ont été conçus pour faire face au climat de 2050. Je ne reviendrai pas sur ces ambitions. » Que doit-elle dire aujourd’hui, de son ambition face aux envies soudaines de fraîcheur de ses invités ? Sûrement la même chose que pour son bain dans la Seine : « Ce n’est plus la priorité. »

Parce que oui, de manière très évidente, l’agenda vert n’est plus la priorité quand il s’agit des JO, ou plutôt, il l’est en surface – pour la vitrine et pour les autres. Quid de la « menace existentielle » du climat dénoncée tous azimuts par l’équipe Biden et tous les hommes de Davos ? Quid du « bien commun » de la planète ? Les cataclysmes, les tsunamis et autres cyclones ont disparu face au dieu sport.

Les benêts écolos crieront au scandale, mais cela montre juste, en réalité, toute l’épaisseur de la conviction verte de ces gens, de ces pays riches dont les gouvernements sont les premiers à dépenser des fortunes pour le « net zéro », ponctionnant les contribuables et creusant la dette, poursuivant les agriculteurs et imposant de nouvelles normes. L’idéologie vaut pour ce qu’elle permet de mettre en place : le fond importe peu.

 

JO « durables » 2024 : une leçon de morale environnementale

Alors, il faut entendre leurs arguments… Les Américains ont évoqué un souci de « cohérence » et de « prévisibilité ». L’Australie a invoqué « un environnement de haute performance ». Le Japon, « des difficultés à réguler leur température corporelle » pour certains paralympiens. Ne vous fatiguez pas, a-t-on envie de leur répondre…

Comme le notait le Washington Post, « c’est hautement symbolique, car cela a obligé les pays participants à se demander s’ils souhaitaient participer à une expérience de développement durable – en abandonnant les privilèges conventionnels et à forte intensité énergétique au nom d’objectifs verts ». Et… ils n’ont pas souhaité le faire.

D’autant que cette décision soulève également des questions d’égalité : « La climatisation portable représente un coût que certaines délégations des pays les plus pauvres pourraient ne pas être en mesure de se permettre, ce qui signifie que les athlètes d’un même village olympique peuvent dormir à des températures différentes. »

Ainsi, les médailles des podiums font tomber toutes les barrières de la morale environnementale et de la justice sociale. De quoi méditer, après avoir ri…

 

Clémentine Jallais