Juncker Cameron, une double imposture    RITV Texte

Commission européenne : Juncker Cameron, une double imposture

Le choix du prochain président de la Commission européenne qui succèdera au Portugais Manuel Barroso fait l’objet d’intenses tractations internationales entre partis. L’anglais David Cameron est désormais bien isolé dans son refus du luxembourgeois Jean Claude Juncker. Dans ces luttes de sérail, l’opinion des peuples est finalement peu de chose.
 
Qui sera le prochain président de la Commission européenne ?
Le luxembourgeois Jean Claude Juncker a toutes les chances ; il est soutenu, faute de mieux, par la fausse droite emmenée par Madame Merkel et monsieur Rajoy, et par la fausse gauche emmenée par François Hollande et Matteo Renzi. Toutes deux entendent lui imposer leurs exigences. De toute façon, face à l’exigence mondialiste, sa marge de manœuvre sera petite.
Ce champion du compromis, qui fut président de l’Eurogroupe et de l’Ecofin, deux sous-machins économiques et financiers du grand machin bruxellois, est à la fois le candidat du sérail et de l’UMPS, de la grande union des modérés, de l’omelette coupée au deux bouts qui dirige l’Union européenne depuis l’origine, et qui vient d’être massivement rejetée par les électeurs en mai dernier.
 
C’est un phénomène qu’engendre mécaniquement notre démocratie : plus les peuples rejettent le système, plus le système se reproduit strictement. C’est la même chose à l’échelle nationale : la poussée du FN pousse le PS et l’UMP à se choisir un candidat centriste pour passer le premier tour, et voilà pourquoi Valls et Juppé tiennent aujourd’hui la corde, contre la volonté explicite des électeurs français.
 

Commission européenne : la nouvelle usurpation

Revenons à la Commission européenne. L’anglais David Cameron est seul contre tous à rouspéter. Il avait parlé de mettre son veto, mais va sans doute le retirer sous l’amicale pression de ses homologues du continent. L’Angleterre n’est plus ce qu’elle était : en 1985, elle avait évincé sans difficulté le candidat franco-allemand, Claude Cheysson.
 
Mais à l’époque c’était Margaret Thatcher qui tenait les rênes. Une patriote. Et une main de fer. David Cameron n’est qu’un opposant pour rire, un grand marshmallow peint en conservateur.
 
Lui et Junker sont des impostures, ou des impuissants, au choix, les deux en même temps sans doute. Ils représentent fort bien le moineau à deux têtes qu’est devenue l’Europe.
 
David Cameron ne veut pas que le Parlement élise le président de la Commission, c’est une usurpation qui outrepasse largement les traités. C’est un bon dossier. Mais il va se faire battre à plat de coutures et donner ainsi une solennité toute particulière au nouvel empiétement de l’assemblée de Strasbourg, à ce nouveau pas vers l’abîme fédéral.
Jean Claude Juncker, ancien élève des pères du Sacré Cœur de Clairefontaine, fut longtemps le patron du parti des chrétiens sociaux, qu’on appelait naguère les noirs à Luxembourg, et beaucoup à ses débuts imitaient à sa vue le croassement du corbeau. Mais voilà que, de compromis en compromis, il a fait passer l’avortement et voté pour le mariage gay.
Attendons nous à le voir souffrir sur l’euthanasie, en compagnie de Bernard Kouchner.
 
Cameron et Juncker incarnent l’impuissance du souverainisme d’une part, du catholicisme de l’autre, à demeurer autre chose que des velléités, des étiquettes, des publicités mensongères, dans le système européen bâti à Bruxelles.