La Belle Promise est un film palestinien qui s’intéresse à la minorité chrétienne palestinienne, chose rare. En effet, le cinéma palestinien, tourné dans des conditions toujours précaires, rend constamment hommage à ses combattants politiques ou religieux, ou souvent les deux via l’islamisme du Hamas. S’il évoque les drames humains trop réels, il oublie quelque peu les chrétiens, minorité dans la minorité. Trop souvent, ils sont soupçonnés d’être des « traîtres » au service d’Israël, accusation gratuite et sources de quelques meurtres aussi réels que tus. Ces chrétiens disparaissent de Ramallah, capitale de la Cisjordanie. Le phénomène était déjà net en 2001, époque de l’action du film. D’où la difficulté pour trois vieilles tantes de trouver un mari chrétien à leur jeune nièce, tout juste sortie de l’orphelinat à 18 ans. Leur désespoir touche : elles veulent un mari chrétien, n’importe lequel désormais, et n’en trouvent pas, faute de partis disponibles, même chez les quinquagénaires ou sexagénaires veufs. Tous les hommes jeunes émigrent ou ont émigré.
La Belle Promise : une satire agaçante de la disparition des chrétiens d’Orient
Toutefois, on déplorera que ces chrétiens trop oubliés, qui nous inspirent une vive sympathie, apparaissent sur les écrans sous la forme de trois vieilles folles. Elles singent les usages de la défunte bourgeoisie chrétienne d’avant 1967, ne se montrent guère agréables ou généreuses, et leur mentalité n’est pas vraiment marquée par le message d’amour du Christ. La nièce, jeune écervelée fort libre, issue d’un couple mixte improbable – père chrétien et mère musulmane, ce qui est à peu près impossible – n’a rien de séduisant non plus. On peut certes s’amuser de retrouver un temps disparu, une certaine élégance vestimentaire, une sociabilité polie, une pratique du piano et de la langue française comme marqueurs sociaux et culturels, etc. Il y a certainement des gens perturbés chez les chrétiens orientaux aussi. Mais aborder ce drame de la disparition des chrétiens palestiniens sous l’angle de cette satire superficiellement drôle, et au fond pénible, saturée de méchancetés féminines jusqu’à la cruauté, d’autant plus terribles en vase clos, a quelque chose d’agaçant. D’aucuns veulent voir une parabole de l’enfermement des Palestiniens conduisant à la folie… Ce n’est pas faux, mais les derniers chrétiens de Ramallah auraient mérité un tout autre type d’hommage.