Fin février, en ouverture le 28 février d’une rencontre œcuménique à Addis-Abeba en Ethiopie à laquelle participait la conférence des évêques d’Afrique, une catholique écologiste kényane, Ashley Kitisya, responsable du Mouvement Laudato si’ en Afrique, a déclaré que l’encyclique Laudato si’ lancée par le pape François était le « fondement moral et théologique » des « réparations écologiques » dues à l’Afrique par les pays développés. Elle reprenait ainsi l’un des axes majeurs de la propagande révolutionnaire arc-en-ciel, selon laquelle le Nord aurait contracté, par la colonisation, le capitalisme et l’esclavage, une dette morale envers le Sud, l’Afrique en particulier, afin de justifier aussi bien la punition financière du Nord, obligé de payer pour ses fautes, que l’accueil obligatoire des migrations incontrôlées. Cette déclaration éclaire la pensée du pape François et ses relations avec l’Afrique.
L’Afrique cherche un fondement aux réparations qu’elle exige
Rappelons d’abord l’importance de la réunion d’Addis-Abeba. Y participaient, outre le symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, la chapelle catholique de l’Union Africaine, Heavenly Culture, World Peace, Restoration of Light, la conférence panafricaine sur l’éthique et la bioéthique, l’Association interreligieuse pour la paix et le développement, l’Initiative des religions unies, etc. Cette rencontre réunissait, selon le communiqué des organisateurs, des fonctionnaires de l’Union africaine, des diplomates, des chefs religieux, des universitaires, des défenseurs des droits de l’homme, des dirigeants politiques. Elle entrait dans le programme de l’Union africaine pour 2025, sur le thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ». Elle recommandait donc explicitement un transfert de richesse du Nord vers le Sud que dicte selon elle la morale, en raison notamment des injustices historiques issues de la traite transatlantique, de l’esclavage et de la colonisation.
Laudato si’ : l’Eglise catholique convertie à l’écologisme
Ashley Kitisya a lié de son côté à ces injustices coloniales et raciales subies par le Sud et l’Afrique le concept de « dette écologique », reprenant ainsi une rhétorique que Greta Thunberg avait répandue dans le grand public en 2019. Elle a notamment déclaré : « L’Afrique subit depuis longtemps de plein fouet la dégradation de l’environnement et le changement climatique, malgré sa faible contribution aux émissions mondiales. (…) Les industries extractives, la déforestation et la pollution, souvent issues des structures économiques de l’ère coloniale et de l’exploitation continue par des multinationales, ont laissé des cicatrices durables sur les écosystèmes et les communautés du continent. » Là-dessus, reprenant les mots du pape François, elle a appelé l’humanité en général et les chrétiens en particulier à une « conversion écologique », impliquant une responsabilité morale chez les nations les plus riches de régler la « dette écologique » envers le Sud et l’Afrique.
Les revendications d’une certaine Afrique catholique
Dans « le contexte des années jubilaires », elle a affirmé : « La réalité de la dette écologique en Afrique exige une action urgente et soutenue de tous les acteurs – gouvernements, entreprises, communautés religieuses et société civile. » Selon elle en effet, Laudato si’ « fournit une base morale et théologique pour plaider en faveur des réparations écologiques, en mettant l’accent sur le soin de la création et la justice pour les plus touchés ». L’encyclique préconise une option préférentielle pour les pauvres et assure que les populations les plus vulnérables portent le plus lourd fardeau de la dégradation environnementale. Elle fournit, selon Mme Kitisya, un cadre théologique à « l’interconnexion entre la justice sociale économique et environnementale ».
Les Lumières au fondement de Laudato si’
L’erreur serait de croire que ces déclarations seraient de simples parlottes comme les machins internationaux aiment à en produire. Le mélange caractéristique du religieux, du politique et de l’universitaire est une signature des réseaux que mobilise la révolution arc-en-ciel et qui l’animent. Quand les églises étaient pleines, le monde, « éclairé » par la maçonnerie, persécutait leurs pasteurs et se plaignait de leur influence. Depuis qu’il les a vidées avec la complicité des nouveaux pasteurs, il promène ceux-ci en otages et trophées, afin qu’ils lui servent de supplétifs, dans la mesure où ils ont conservé quelque autorité, ce pourquoi on leur ouvre la porte des médias de grosse influence.
Le réseau catholique des verts arc-en-ciel
Il faut ajouter que le Mouvement Laudato si’ qu’Ashley Kitysia représente en Afrique est un vaste réseau mondial de 900 organisations catholiques qui affirment s’inspirer de l’encyclique éponyme. Le pape François, lors de sa visite aux Philippines en janvier 2015, approuva l’embryon de ce mouvement, qui s’affichait alors sans fard sous le nom de Global Catholic Climate Movement, et qui fut rebaptisé plus discrètement Mouvement Laudato si’. En partenariat avec le Dicastère pour le service du développement humain intégral, il « prend des initiatives globales » censées faire « prendre conscience des enjeux », selon la nouvelle langue de buis globish. Par exemple, la semaine annuelle de Laudato si’ ou la célébration œcuménique de la création, du 1er septembre au 4 octobre. Il s’est illustré en particulier dans la campagne politico-médiatique contre les énergies fossiles. Il a un centre à Assise, qui s’occupe du projet « Assise : Terra Laudato Si’ ».
François plus politique que catholique parraine l’arc-en-ciel
Ce réseau Laudato si’, l’exploitation systématique qu’il fait de l’encyclique Laudato si’, la réunion d’Addis-Abeba et le discours d’Ashley Kitysia mêlant sciemment politique arc-en-ciel et théologie, révèlent la vérité profonde du pape François. Il entretient avec l’Afrique une relation ambiguë. L’immense majorité des fidèles, une bonne majorité du clergé dont le cardinal Sarah est, parmi les anciens, une figure tutélaire, condamnent ses « avancées » qui, sous le couvert de la « pastorale », mènent à changer l’Eglise et la Foi. L’affaire de Fiducia Supplicans en est une marque flagrante. Mais en même temps, il joue artistement sur le mythe du réchauffement du climat par l’homme et la dure réalité de la pauvreté de l’Afrique pour exciter chez les Africains un désir de réparations fondé sur une abominable combinaison de fausse histoire et de fausse science. Ce faisant, il a abandonné le gouvernement de l’Eglise catholique en se réduisant à la fonction d’amphitryon mondial de la révolution arc-en-ciel.