Le Mot : Asile spirituel

Le Mot Asile spirituel
 

Alors que l’Europe est submergée par des populations qui détournent le droit d’asile pour forcer sa porte, Vladimir Poutine propose aux citoyens de 37 pays d’Europe (la Slovaquie et la Hongrie n’y sont pas comprises) et de dix autres Etats dans le monde (Etats-Unis, Canada, Bahamas, Corée du Sud, Japon, Singapour, Taiwan, Australie, Nouvelle-Zélande et Micronésie) de s’installer en Russie s’ils veulent y trouver un « asile spirituel », comme le rapportait RITV en août. Cette nouvelle forme d’asile n’est pas offerte à ceux qui fuient la guerre, les persécutions politiques, le réchauffement du climat ou quelque discrimination que ce soit, raciale, religieuse, ou sexuelle. Elle vise à fournir un « soutien humanitaire aux personnes qui partagent les valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes ». Le Kremlin a fixé par un arrêté du 17 septembre la liste des pays « décadents » dont les citoyens peuvent immigrer sans quota et sans avoir à prouver la maîtrise de la langue russe. Il leur suffira d’envoyer un dossier de candidature expliquant qu’ils fuient les « orientations idéologiques » imposé par leur pays. Vladimir Poutine est un ancien officier du KGB et cela se voit. Il a une profonde connaissance psychologique de ses ennemis. Enlisé dans une guerre injuste et malencontreuse en Ukraine, il sait que la position de Joe Biden dans cette affaire n’est pas beaucoup moins fausse que la sienne et que de nombreux Européens déplorent que la voie diplomatique n’ait pas prévalu sur les armes. Et il sait aussi que l’idéologie arc-en-ciel plus visible en Occident y demeure insupportable à une très forte minorité, ou peut-être une majorité de bons citoyens. Il joue sur leur exaspération proche du désespoir pour semer la division, tout en étant lui-même beaucoup plus proche qu’il ne le prétend de ce qu’il dénonce.