Le Mot : Guerre civile

Le Mot Guerre civile
 

Poussés par les sondages qui montrent l’ancienne majorité à la peine pour les prochaines législatives, le président et le premier ministre se démènent et multiplient les déclarations excessives. Pour Gabriel Attal, la France « joue sa peau » et se trouverait « prise en tenaille entre la France insoumise et le RN ». Quant au président de la République, il ne se résigne pas à se taire comme le lui demandent de nombreux politiciens de son camp et vient d’accorder un long entretien au podcast Génération Do It Yourself, animé par l’entrepreneur Matthieu Stefani. Concédant que le RN soulève de vraies questions et relaie de vraies inquiétudes il lui reproche une mauvaise « réponse » (c’était déjà la rhétorique de Laurent Fabius en 1986) « parce qu’elle renvoie les gens à une religion ou à une origine, c’est en ça qu’elle divise et qu’elle pousse à la guerre civile ». Il répète le terme guerre civile à plusieurs reprises et reproche à LFI d’y mener aussi. Il ne manque pas d’air. On relève en effet qu’il a favorisé l’ascension de Jean-Luc Mélenchon pour ruiner la gauche d’une part, et que, depuis 2017, il s’est fait élire sur un seul thème face au RN : moi ou le chaos. On relève aussi que personne ne l’a forcé à dissoudre l’Assemblée nationale et provoquer ainsi des élections où « le pays risque sa peau ». Si risque de guerre civile il y avait, il en serait donc le premier et le seul responsable. Mais ce n’est heureusement qu’un thème de rhétorique électorale destiné à sauver les intérêts des centristes. Le vrai risque de guerre civile, Emmanuel Macron se garde bien d’en parler, on le voit périodiquement pointer son nez dans les émeutes de banlieue.