Le Mot : Meurtre

Le Mot Meurtre
 

Le juge, en France, se pose systématiquement en despote éclairé qui s’oppose aux pulsions du peuple pour imposer une éthique lumineuse venue d’en haut. C’est vrai pour le juge constitutionnel qui retoque les lois votées par la majorité mais insuffisamment charitables à son avis (voir le retoquage de nombreuses lois par le Conseil constitutionnel). C’est vrai pour le juge administratif : ainsi le Conseil d’Etat a-t-il, par l’arrêt Gisti de 1978, empêché le gouvernement de Raymond Barre pourtant doté d’une confortable majorité de limiter le regroupement familial. C’est vrai aussi du juge pénal : la Cour de cassation, la plus haute juridiction en la matière a relaxé définitivement en 2021 le passeur de clandestins multirécidiviste Herrou au nom du principe de « fraternité » (dont la « valeur constitutionnelle » avait au préalable été reconnue par le Conseil constitutionnel).

L’exemple, à vrai dire, venait de haut et de loin : en 1981, Robert Badinter, garde des Sceaux, qui avait déjà sauvé la tête de l’assassin pédophile Patrick Henry en tant qu’avocat, abolissait la peine de mort contre l’opinion de la majorité des Français. Et n’importe quel petit juge de première instance se sent aujourd’hui autorisé à bafouer et le bon sens, et la réalité, et la conviction de ses compatriotes. C’est ce qui s’est passé pour les juges d’instruction (car ils sont plusieurs maintenant, et l’on s’étonne que la justice manque de moyens) de Nanterre qui ont suivi le parquet et renvoient Florian M., le policier qui a tiré sur Nahel Merzouk en juin 2023, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, pour meurtre. On a bien lu pour meurtre, et des juristes de tout bord, de gauche, de droite, magistrats et avocats s’étonnent de cette étrange inculpation.

Les faits sont connus, Merzouk conduisait sans permis une voiture de luxe rapide dont l’origine n’a toujours pas été établie, à toute vitesse, mettant en danger la population, et fut immobilisé après un premier refus d’obtempérer. Il était connu des services de police pour 15 effractions. L’enquête, et la reconstitution, ont établi sans conteste que le témoignage d’un passager contre les policiers, disant que la voiture avait redémarré sans que Nahel Marzouk le veuille, ne valait rien. Il a délibérément foncé, ce qui a dévié le tir du policier visant à l’arrêter. Les antécédents du policier, deux médailles, un séjour en tant que militaire en Afghanistan, montrent un homme pondéré et habitué aux armes. Il n’empêche que Florian M. a dans un premier temps été mis en détention provisoire – finalement levée devant le tollé provoqué. Et maintenant, voici une inculpation pour meurtre. Sur quelles charges ? Aucune. Aucun témoignage, aucune preuve n’établit « l’intention homicide » qui constitue le meurtre. Les juges s’appuient sur une « présomption de faits » : un tir à bout portant sur le thorax de la victime. Mais l’argument ne vaut rien, puisque c’est le démarrage qui a fait dévier le tir.

L’acharnement des juges est manifeste : ils veulent imposer leurs lumières au peuple français. Avec une idée derrière la tête pas trop difficile à déceler : faire plaisir aux banlieues inflammables. Pas sûr que ça marche : le jury populaire, lui, se moque de l’idéologie des juges et pourrait acquitter Florian M. En attendant, la réponse des criminels ne varie pas. Une surveillante de collège vient d’être poignardée à mort à Nogent-sur-Marne, à l’occasion d’un de ces contrôles de sacs récemment présenté par le ministère de l’Intérieur comme la réponse à l’insécurité. « Un déferlement de violence insensé », comme l’a tweeté Emmanuel Macron ? Non, le résultat d’une politique d’immigration constante et d’un laxisme judiciaire sans faille.