Le premier porteur de ce nom qui ait défrayé la chronique, Pier Paolo, écrivain et cinéaste provocateur mais non sans talent, mal dans sa peau, homosexuel mort assassiné en 1975 dans des conditions douteuses à tous égards, infecté de marxisme et malheureux de devenir apostat, n’en avait pas moins tourné en 1964 L’Evangile selon saint Matthieu, qui méritait quelques recadrages de la critique catholique mais n’en demeurait pas moins plus proche de la foi de l’Eglise que beaucoup de fantaisies aujourd’hui autorisées. Le deuxième Pasolini à retenir l’attention des médias n’a ni la carrure intellectuelle et artistique du premier, ni sa franchise de pécheur cherchant quelque chose, mais occupe en revanche un poste d’importance : Roberto Pasolini, professeur d’exégèse biblique à la faculté de théologie du Nord de l’Italie à Milan, vient de remplacer le cardinal Cantalamessa à la fonction de prédicateur de la Maison pontificale, en poste depuis 1980. Avec ce Pasolini, ce n’est pas seulement la jeunesse relative (il est né en 1971), mais la nouveauté en matière d’exégèse – et de dogme, même si l’on n’utilise plus le mot. Proche de Marko Rupnik, ancien jésuite et artiste pris dans un scandale sexuel, qui a préfacé son premier livre, Non siamo stati noi (Ce n’était pas nous), il a, lors d’une série de rencontres publiques au Couvent des Frères Mineurs Capucins de Varèse, disserté sur le thème « Homosexualité et vie chrétienne ». Cela n’a rien de mal en soi, mais il a repris avec complaisance la façon de lire la Bible des homosexualistes pour y trouver des précédents à l’amour homosexuel dans certains personnages de l’histoire sainte. Selon lui, la condamnation claire par saint Paul des « relations contre nature » se limiterait aux actes égoïstes et de pur plaisir, sans condamner une éventuelle homosexualité altruiste et non hédoniste. Et Pasolini de se demander si la Bible approuve les relations homosexuelles ! Et de répondre : la « réponse n’est pas facilement non, parce qu’en réalité il y a des histoires […] qui peuvent faire allusion à cela ». La première serait l’« histoire d’amour homosexuelle entre Jonathan et David », même si « rien n’y fait allusion » dans le texte. La deuxième, la relation entre le Centurion et son serviteur (Mt VIII, 5-13, et Lc VII, 1-10) dont, selon Pasolini, « il n’est pas inconvenant de penser » qu’elle fût homosexuelle. Agitant même en passant la possibilité de telles relations de Jésus avec ses disciples ou avec Lazare (une fois lancé, ou s’arrêter ?) Pasolini est revenu sur le terrain du général pour expliquer à sa manière pourquoi le « monde biblique » aurait condamné jadis les actes homosexuels : la seule « tendance qui existait aux yeux des auteurs et des gens qu’ils voyaient était la tendance hétérosexuelle, […] c’est pourquoi étaient également stigmatisés avec cette force les actes homosexuels : c’étaient des actes qui étaient immédiatement catalogués comme quelque chose qui n’existait pas, comme une femme qui porte des pantalons ». Pour un professeur d’exégèse moderniste qui prétend se plier à la méthode historique, c’est un grave abus de foutaise : dans la Palestine sous mandat romain et hellénisée depuis des siècles, les actes homosexuels étaient bien connus et pratiqués. Ici, une pseudo-science extrêmement superficielle est mise au service du lobby homosexualiste. La nomination de Roberto Pasolini est un scandale de première importance.