En 2003, le futur Léon XIV était au Valle de los Caídos

Léon XIV Valle Caídos
 

Parmi les choses que l’on apprend sur le cardinal Robert Prevost depuis son élection au siège de Pierre, il y a celle-ci, très remarquable : en 2003, le religieux augustin s’est rendu au Valle de los Caídos en Espagne avec des dizaines de participants aux rencontres juvéniles augustiniennes EIJA de Guadarrama. Une belle photo illustre l’événement : on voit le jeune P. Prevost, chemise blanche et pantalon noir, au premier rang d’une foule de garçons et filles portant l’uniforme de la rencontre, assis sur les marches menant à l’entrée du sanctuaire où l’Espagne rend hommage aux morts de la Guerre civile.

La photo a été déterrée d’un réseau social sur Internet et publiée par notre confrère hispanophone Infovaticana. Elle ne laisse pas planer le moindre doute : l’actuel Léon XIV a bel et bien participé à un pèlerinage en un lieu qui aujourd’hui concentre toute la haine du socialo-laïcisme anticlérical espagnol.

Belle image que tous ces jeunes souriants, avec leurs guitares en bandoulière, et le P. Prevost, à l’aise, avec en toile de fond la plus haute croix du monde, menacée aujourd’hui par la vindicte d’une classe politique qui cherche à gommer l’identité chrétienne de l’Espagne et effacer le souvenir des nationalistes de la guerre de 1936-1939.

 

On cherche à laïciser le Valle de los Caídos

En demandant que ce monument soit érigé, le général Franco avait voulu œuvrer à la réconciliation : y étaient rassemblées les dépouilles de combattants des deux camps, par milliers. Lui-même y reposa jusqu’à ce que la République n’exige son transfert vers un cimetière plus discret.

Il n’est pas indifférent de noter que le P. Prevost était déjà, à l’époque, le prieur général des Pères Augustins. Il n’est pas venu en anonyme, mais avec tout le poids de sa fonction.

Vendredi dernier, Infovaticana donnait une autre information qui n’est pas si éloignée de celle que nous venons d’évoquer. Lorsqu’il est apparu pour la première fois au balcon de Saint-Pierre pour donner sa première bénédiction en tant que Léon XIV, le pape tout juste nommé a choisi de porter sa croix pectorale, qui lui avait été offerte par le postulateur général de l’ordre de Saint Augustin le jour où il avait reçu son chapeau de cardinal. Elle contient plusieurs reliques, une de saint Augustin, une autre de sainte Monique – mais aussi celle d’un bienheureux martyr augustin, Anselmo Polanco.

 

Léon XIV portait une relique d’un évêque martyr de la Guerre d’Espagne

Le bienheureux Anselmo est en effet un évêque martyr de la Guerre civile espagnole. Il avait été nommé évêque de Teruel en 1935. Alors que le spectre de la guerre se dressait déjà, il avait averti ses fidèles que le temps approchait de la confrontation entre les défenseurs de la foi et les hérauts du marxisme. Il aurait pu s’enfuir quand les temps sont devenus durs en effet, mais il est resté dans son diocèse assiégé par les républicains, et fut pris lors de la chute du séminaire, puis incarcéré. C’est alors que l’armée républicaine, vaincue, organisait sa retraite vers la France, qu’il a été fusillé à Pont de Molins, le 7 février 1939. Ses bourreaux aspergèrent son corps d’essence avant de le brûler.

Il repose aujourd’hui en la cathédrale de Teruel et l’Eglise le vénère comme martyr.

Il n’y a pas de hasard. De cette croix pectorale aux marches du Valle de los Caídos, il y a un chemin logique. Et de là à Saint-Pierre ?

Aujourd’hui, le Valle de los Caídos est doublement menacé, par le pouvoir politique, bien sûr, mais aussi par le refus de certaines autorités religieuses d’en prendre la défense – et en particulier le cardinal Pietro Parolin, qui a signé un pacte de re-signification du monument avec le ministre de la présidence espagnol, Felix Bolaños. Parolin, dont beaucoup pensaient qu’il sortirait pape du conclave.

L’affaire du Valle fait désormais partie des dossiers brûlants, ô combien nombreux, dont le pape Léon XIV hérite comme d’un fardeau. Mais comme le note Infovaticana, c’est un lieu qu’il connaît, où il s’est lui-même recueilli.

Une fois de plus, Léon XIV apparaît comme le pape de la possibilité du bien.

 

Jeanne Smits