Aux termes d’un projet de loi publié le 29 mai par le gouvernement de Viktor Orban, les personnes et organisations apportant une aide aux migrants clandestins et aux demandeurs d’asile en Hongrie seraient coupables de délits passibles de sanctions : plus généralement, il s’agira en cas d’adoption du projet d’une pénalisation de toute pratique favorisant l’immigration, qu’elle soit clandestine ou relevant de la demande du statut de réfugié. Le texte a déjà été amendé dans un sens plus libéral, mais comprend aussi de nouvelles dispositions plus strictes. L’association immigrationniste Human Rights Watch l’estime pire que le premier ; elle est montée au créneau pour dénoncer une nouvelle atteinte au droit des candidats à l’entrée en Europe.
Pour HRW, la loi aboutira à une moins bonne protection des candidats à l’immigration, notamment à travers ses dispositions concernant l’asile, la fermeture des frontières et les pouvoirs de police. Le nouveau délit de « facilitation de l’immigration illégale », qui comprend l’aide fournie aux demandeurs d’asile « non éligibles à la protection », est particulièrement dans le collimateur. Il incrimine notamment la surveillance des pratiques du pouvoir aux frontières par les associations immigrationnistes, la production et la diffusion d’informations et la « constitution de réseaux ». Visant particulièrement les personnes convaincues d’avoir aidé plusieurs migrants à entrer sur le territoire hongrois, le délit ferait encourir une peine maximale d’un an de prison.
“Human Rights Watch” veut continuer ses activités immigrationnistes en Hongrie
« Campagne odieuse » ? C’est ainsi que la qualifie Benjamin Ward, de la section Europe et Asie centrale de Human Rights Watch, qui pointe en particulier la mise en place de nouveaux critères d’admissibilité qui fermeraient de facto les frontières hongroises à la plupart des demandeurs d’asile. Le texte prévoit notamment la possibilité de rejeter toute demande d’asile d’une personne arrivant d’un pays autre que le sien, le réfugié devant démontrer qu’il est exposé dans ce pays tiers à des dangers sans disposer d’un « niveau adéquat de protection ». Et ce en l’espace de trois jours à compter de son arrivée. La question que ne pose pas HRW est celle de savoir pourquoi le migrant en question devrait se rendre en Hongrie alors qu’il se trouve déjà dans un lieu où sa vie ou sa liberté ne sont pas menacées…
Le texte remanié par le gouvernement de Hongrie ne considère plus l’aide aux demandeurs d’asile et aux migrants comme une « menace pour la sécurité nationale », tandis que la disposition permettant au ministère de l’intérieur de choisir à discrétion les organismes autorisés à travailler avec les migrants a elle aussi disparu. Mais pour HWR, la nouvelle pénalisation de l’assistance aux migrants envisagée est finalement encore plus problématique.
La future loi de pénalisation d’aide aux migrants et demandeurs d’asile signe la volonté hongroise de protéger ses frontières
L’organisme estime que les ONG qui offrent aux nouveaux arrivants une aide juridique ou simplement une information sur leurs droits vont se trouver hors la loi du simple fait de leur activité. Human Rights Watch accuse carrément là Hongrie de démanteler son système de droit d’asile.
La vraie question qui se pose pourtant est celle de la nature des migrants qui cherchent à s’établir en Europe, ce que les immigrationnistes ne veulent pas entendre. On notera que le gouvernement de la Hongrie cherche également à amender sa constitution afin de bannir « l’établissement de populations étrangères dans le pays » sans l’accord préalable et spécifique d’une autorité nationale.