Maldives : la montée des eaux pourrait les aider à gagner de la hauteur

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Une étude scientifique publiée par Geophysical Research Letters met à mal le discours alarmiste à propos de la probable disparition des îles peu élevées dans de nombreuses régions du monde en raison du « réchauffement climatique ». Les chercheurs se sont intéressés à cinq récifs des Maldives méridionales : à leur grande surprise, ils ont constaté que leur constitution remonte à une époque où le niveau des océans était plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. Et ils s’interrogent : la montée des eaux que l’on associe au changement climatique pourrait-elle les aider à gagner de la hauteur ?
 
La plupart des îles des Maldives culminent à un mètre, guère plus, au-dessus du niveau de la mer, ce qui a fait de l’archipel une destination privilégiée pour les touristes qui se dépêchent d’aller visiter les points qui seraient les plus menacés de la planète. Leur disparition est régulièrement annoncée – pour la fin du siècle, dit-on aujourd’hui – et les 400.000 habitants de ces îles paradisiaques sont déjà désignés dans l’imaginaire collectif comme des « réfugiés climatiques ». La toute petite île de Villingili, à la pointe sud des Maldives, ne réglerait pas ce problème, c’est leur plus haute terre émergée et elle ne dépasse pas les 2,4 mètres en son point le plus élevés.
 

Gagner de la hauteur grâce à la montée des eaux

 
Mais, observent les responsables de l’étude par la voie de leur porte-parole, Holly East, ces annonces catastrophiques d’inondation et de noyade des terres elles-mêmes reposent sur une supposition : que la surface de la terre demeure statique et ne se modifiera pas en fonction des changements climatiques. « Mais quid si la terre se construisait verticalement au fur et à mesure de la montée du niveau de la mer ? », telle est la question qu’ils se sont autorisée.
 
Leur premier constat est que ces cinq récifs passés au crible dans les Maldives méridionales – l’archipel en compte 1.200 au total – se sont constitués à une époque où le niveau de la mer était plus élevé qu’aujourd’hui. Les récifs sont constitués des la sédiments produits par des organismes vivants tels les coraux, les mollusques et les gastropodes dont l’habitat est lui-même constitué par les récifs coralliens. Pour les chercheurs, il importait de ne pas prédire l’avenir de ces lieux sans vérifier ce qui s’était passé lors des changements climatiques et environnementaux passés.
 

Les Maldives pourraient profiter du « changement climatique »

 
La vérification de l’histoire des récifs étudiés a amené les chercheurs à faire des carottages pour examiner les phases de sédimentation et la composition exacte des différentes strates. Cela leur a permis de constater que l’essentiel de la construction des récifs s’est produit il y a entre 4200 et 1600 ans, alors que le niveau des mers alentour était de 0,5 m plus élevé qui ne l’est aujourd’hui et que, probablement, les vagues produites par des tempêtes lointaines étaient d’une force particulière, puisqu’elles ont cassé des récifs coralliens dont des morceaux se sont agglomérés pour former les îles actuelles.
 
Ce sont deux facteurs que l’on associe habituellement au réchauffement climatique : la hausse des mers et le renforcement des vagues, qui ensemble pourraient bien aider les îles à continuer de se construire « verticalement ». L’ensemble devrait donner aux Maldives une plus grande « résilience physique », et le constat montre en tout cas que « les îles sont en réalité des reliefs capables de bouger et de s’ajuster en réponse aux modifications de l’environnement », pour reprendre l’expression de Holly East.
 
Celle-ci souligne que tout n’est pas gagné pour les habitants des Maldives qui seront exposées à davantage de vagues salées et qui doivent simultanément s’en protéger et permettre au processus naturel d’assurer leur réhaussement.
 
Mais une fois de plus, l’étude aura démontré que les actuelles annonces alarmistes relatives au climat pêchent au moins par simplisme.
 
Anne Dolhein