La manifestation parisienne contre le projet de loi sur le travail aura été un nouveau temps fort de l’agitation qui marque davantage encore les derniers mois de François Hollande à l’Elysée. Une ambiance fin de règne, où la violence, selon l’expression coutumière de la lutte syndicale, est venue répondre à la violence – celle d’un Etat impuissant à redresser un pays autrement qu’à coups de menton d’un premier ministre qui demande à la CGT de ne plus organiser de manifestations à Paris.
Combien étaient-ils, mardi à Paris, pour dire « non » au projet de loi gouvernemental sur le travail ? Des dizaines de milliers ou un million, les chiffres oscillent comme il est accoutumé de faire en pareille occurrence, chacun, des manifestants ou de l’Etat, ayant à cœur de soutenir sa position à grands coups de chiffres généralement trompeurs. Pour avoir arpenté la capitale ce mardi, il paraissait évident que le million, surtout lorsque l’on a connu les grandes manifestations de La Manif Pour Tous, n’y était pas. Pour le reste…
Manifestation parisienne : la querelle des chiffres
En réalité, il n’est pas sûr que les sept organisations syndicales et de jeunesse mobilisées aient fait aussi bien que le 31 mars dernier – précédente manifestation qui, elle aussi, est matière à discussions chiffrées.
Peu importe d’ailleurs. La manifestation était suffisante – la CGT et FO n’ont pas manqué de le signaler – pour que les opposants à la loi El Khomri puissent affirmer que leur mouvement ne s’essouffle pas !
Les principaux dirigeants syndicaux ont d’ailleurs vigoureusement récusé l’expression de « baroud d’honneur » avancée par certains, et rappelé que deux autres journées de manifestations sont encore prévues prochainement : les 23 et 28 juin.
Ils en ont également donné pour preuve le fait que la manifestation parisienne n’était pas la seule, puisque des cortèges, moindres bien sûr, mais relativement importants, ont également manifesté dans plusieurs villes de province, telles Toulouse, Marseille, ou Lyon.
La violence répond à la violence
Au-delà de la manifestation et des slogans, il y a bien sûr la violence : Paris, à certains moments et en certains lieux, paraissait littéralement abandonnée aux casseurs. Plusieurs centaines de jeunes encagoulés se sont livrés à des actes de violence, dégradations et attaques des forces de l’ordre.
Devant l’hôpital Necker notamment, devant le musée de l’armée, sur l’esplanade des Invalides, des voitures et des poubelles ont été brûlées, des vitrines brisées, le macadam explosé et répandu ici et là. A quoi les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
La préfecture de police de Paris a, en fin de journée, indiqué que 58 personnes ont été interpellées pour jets de projectiles, dégradations, et port d’arme prohibée. Vingt-neuf policiers et manifestants ont été blessés.
Cette violence physique est assurément inadmissible ; mais elle répond malheureusement, comme nous l’avons déjà souligné, à une violence politique proprement révolutionnaire, en ce qu’elle est fondée, notamment, sur une mise en coupe réglée de notre pays, promis ainsi à la ruine.
Vendredi, le ministre du Travail, Myriam El Khomri, doit rencontrer les principaux représentants syndicaux. On doute que ce soit pour annoncer quoi que ce soit qui puisse à la fois contenter les opposants à son projet de loi et améliorer la situation…