Manuel Valls promet que la « GPA » restera interdite

Manuel Valls GPA interdite
 
Spectaculaire revirement. Le Premier ministre avait déclaré en 2010 qu’il était favorable à la « gestation pour autrui », euphémisme pour la pratique des « mères porteuses », pour la « location d’utérus » ou la « maternité de substitution ». Voici que Manuel Valls s’y dit aujourd’hui opposé. C’est dans un entretien à La Croix publié ce vendredi qu’il a réaffirmé la promesse de François Hollande : « La GPA est et sera interdite en France », ajoutant que la France « exclut totalement » d’autoriser la « transcription automatique » des actes de filiation d’enfants nés par mère porteuse à l’étranger. Cela « équivaudrait à accepter et normaliser la GPA ».
 
A deux jours de la « Manif pour tous » qui s’annonce puissante, les assurances de Manuel Valls ne convainquent guère. Certes, il assume sa propre « évolution » : « C’est aussi l’honneur du débat public que de faire évoluer des positions. Je crois qu’on ne peut pas aller vers ce type de procréation qui remettrait en cause nos valeurs et nos principes ». Et d’évoquer les « repères » dont « nos compatriotes » ont besoin en ce « temps de crise ».
 

Manuel Valls a-t-il changé d’avis sur l’interdiction de la GPA ?

 
Alors : touché par la grâce ou inquiet de son avenir électoral ? Le fait même d’évoquer les circonstances actuelles pour justifier son changement d’avis devrait servir d’indice : combien de fois n’a-t-on pas entendu – de la part de responsables de tous les grands partis aujourd’hui représentés en France – que les esprits n’« étaient pas mûrs » pour ceci ou pour cela.
 
Il est vrai que l’exploitation des femmes par la GPA, et les multiples scandales que cela provoque, et la mise en évidence des contrats léonins imposés aux plus pauvres d’entre elles dans les pays les plus misérables ont commencé à être soulignés dans les médias. Deux affaires thaïlandaises – l’abandon d’un jumeau trisomique par des clients australiens, le « père » ayant été de plus convaincu de pédophilie jadis, et la découverte d’une véritable pouponnière au profit d’un jeune célibataire japonais – ont défrayé la chronique.
 

Effet d’annonce sur l’interdiction de la GPA

 
Mais même L’Express voit dans les déclarations de Valls « un effet d’annonce sans fondement juridique ». Certes la Cour de cassation a refusé ce que Christiane Taubira voulait imposer par voie de circulaire : la reconnaissance de la filiation paternelle française pour le père biologique d’un enfant né par GPA en Inde. Mais la Cour européenne des droits de l’homme a tranché en juin : l’existence d’une « gestation pour autrui » ne justifie par le refus de transcription à l’état civil français, au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant ».
 
En somme, la promesse de Valls est purement politique, électorale, opportuniste – et donc sans conséquence. Fait souligné par le refus de la France de faire appel de la décision de la CEDH.