Marseille : une fusillade liée au trafic de drogue fait trois morts

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Inspection des lieux de la fusillade par des policiers le 3 avril.

 
Trois morts, trois blessés, samedi soir à Marseille lors d’un règlement de compte lié au trafic de drogue. La fusillade a eu lieu au pied d’un immeuble d’une cité du 15e arrondissement de la ville, cité connue pour être un important point de ce trafic.
 
Trois hommes ont donc trouvé la mort samedi soir dans une fusillade liée au trafic de drogue dans une cité des quartiers nord de Marseille. De nouvelles violences qui portent à dix le nombre de personnes tuées par balle dans la cité phocéenne depuis le début de l’année. « Un homme arrive, il “défouraille” et en tue trois et en blesse trois autres », a résumé le procureur adjoint de Marseille, André Ribes.
 

Marseille : une fusillade fait trois morts

 
Les premiers éléments de l’enquête permettent d’en savoir un peu plus : « deux ou trois » assaillants ont fait irruption, peu avant 23 heures dans une épicerie de nuit, en bas d’un petit immeuble de quatre étages au cœur de cette cité connue pour abriter des trafics de drogue. A cette heure-là, une « quinzaine de personnes » regardaient le « classico » de la Liga espagnole entre le FC Barcelone et le Real Madrid. Les agresseurs ont apparemment soigneusement « sélectionné » leurs victimes, les touchant à la tête et au thorax.
 
Selon une source proche du dossier, le calibre de l’arme utilisée était « compliqué », et donc différent du 7,62 mm de la kalachnikov. Les enquêteurs de la police judiciaire de Marseille semblent pencher pour une kalachnikov modifiée afin de pouvoir tirer ces munitions ou un autre modèle.
 
Quant au règlement de comptes sur fond de trafic de drogue, c’est manifestement la piste prioritaire. « A l’évidence, précise-t-on parmi le milieu de l’enquête, c’est lié aux stupéfiants. L’implication des victimes dans le trafic de drogue semble assez établie pour au moins deux d’entre eux. » Les trois victimes avaient entre 20 et 30 ans.
 
Reste à découvrir quel type de scenario recouvre la fusillade de samedi soir. « Soit c’est l’équipe qui gère le réseau qui a voulu se défendre, soit c’est une équipe qui a voulu le récupérer », précise la même source.
 

Trafic de drogue et démantèlement des réseaux

 
On pourrait croire que ce type d’actes de criminalité serait la conséquence, malgré les affirmations contraires du gouvernement depuis quelques années, d’un manque policier à Marseille. Mais les autorités affirment que, en réalité, c’est exactement l’inverse. Lors d’un bilan début février, le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, avait ainsi souligné que les démantèlements de trafics pouvaient déstabiliser l’économie souterraine générée par la drogue, et provoquer de ce fait une recrudescence d’homicides. « Nous générons indirectement des règlements de comptes quand nous “tombons” des équipes », expliquait-il alors.
 
Une interprétation reprise hier par le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nunez : « Les résultats que nous obtenons déstabilisent les territoires, ils créent des vides, ils suscitent des convoitises, ils peuvent aussi expliquer la commission de ces règlements de comptes. »
 
Ce qui explique sans doute la « détermination absolue » affichée par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve : « La République rattrapera et jugera les auteurs de ces crimes. »
 
Le sénateur-maire de ce quartier de Marseille n’avait pas l’air, pour sa part, aussi confiant. « C’est dramatique et désespérant, a ainsi réagi Samia Ghali. Ça ne donne pas beaucoup d’espoir pour les générations à venir. Il y a un vrai travail de fond à faire. »
 

L’entraînement, en camp ou n’importe où…

 
Parmi les difficultés de la situation, Madame le maire évoque même l’existence d’un camp d’entraînement à proximité d’un établissement scolaire… Une affirmation qui fait bondir le préfet Laurent Nunez, qui dément formellement l’existence de tels camps d’entraînement au tir à Marseille : « Nous n’avons jamais eu connaissance de ces camps d’entraînement. »
 
Pourtant, localement, on affirme que des milices, notamment musulmanes, s’entraînent. « Sur le secteur qui a été cité comme pouvant potentiellement accueillir un camp d’entraînement, qui est la cité de la Bricarde, répond le préfet, je peux vous dire que nous avons vérifié. Depuis le 1er janvier, nous avons eu deux appels au “17” pour des tirs d’armes à feu. Les policiers se sont déplacés et n’ont rien constaté… »
 
Le préfet peut balayer la question de l’existence de camps d’entraînement ; cela ne signifie nullement qu’on ne s’entraîne pas. Il n’y a pas besoin, pour cela, de « camps » organisés.
 

Légaliser la drogue ou arrêter les criminels ?

 
Reste, pour les politiques, à trouver des solutions pour enrayer ces violences et ce trafic. Pour le député socialiste Patrick Mennucci, la solution est toute trouvée. Notant que « c’est 15 % des forces de police qui sont mobilisées sur le trafic de cannabis », l’élu estime nécessaire « une filière d’Etat sur la distribution du cannabis ». Autrement dit, il veut « rouvrir le débat sur la dépénalisation du cannabis ».
 
Apparemment, Patrick Mennucci ne s’est pas interrogé sur les conséquences pour notre société si l’Etat se transformait, comme il l’y invite en définitive, en dealer. On ne peut pas dire que la perspective soit particulièrement réjouissante…
 
Mais on imagine pas, il est vrai, un socialiste ne serait-ce que poser la question de rétablir la peine de mort pour les assassins et autres criminels odieux.
 

François le Luc