Explosion du nombre de mères seules au Danemark : les « solomor » le sont par choix

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Depuis que les femmes danoises seules ont accès aux à la procréation médicalement assistée, intégralement remboursée par les assurances sociales, le Danemark connaît une explosion des « solomor », ces femmes qui font le choix délibéré d’avoir un enfant sans père. La mesure a été introduite en 2007 dans un pays qui connaît le plus grand nombre de naissances par une technique de procréation artificielle au monde. Aujourd’hui, 10% d’entre elles concernent des femmes seules ayant recours à un don de sperme anonyme. De mieux en mieux acceptée socialement, la pratique est à la hausse et introduit subrepticement l’idée de l’inutilité du père dans la mentalité commune.
 
Mais les femmes sont elles seules responsables de cet état de fait ? Il semble qu’en réalité elles ont été, pour la plupart, engagées dans une relation avec un homme qui ne voulait pas entendre parler de leur désir d’enfant. C’est ce que constate Lone Schmidt, professeur à l’université de Copenhague. « Leurs partenaires n’étaient pas prêts… En d’autres termes, les femmes attendent le temps qu’il faut, et dès lors qu’il devient évident qu’il n’y aura pas d’homme pour participer à leur projet, elles passent elles-mêmes à l’action. »
 

Les « solomors », les mères seules du Danemark, ont-elles vraiment une liberté de choix ?

 
Le refus de la paternité, c’est d’abord celui qu’opposent les hommes aux femmes alors même qu’ils veulent une relation maritale avec elles.
 
Cela se transforme vite en refus de la paternité tout court, puisque la femme n’a plus besoin d’avoir directement et physiquement recours à un homme pour procréer… Comme l’explique l’une de ces « solomors », son partenaire de jadis ne voulant pas d’enfant, elle a pensé à l’adoption : trop long, trop onéreux. A faire appel à un ami : trop compliqué. A des aventures d’un soir : cela reviendrait à un « vol de sperme ». C’est en dernier recours qu’elle s’est résolue à une procréation assistée avec donneur. Elle avoue en passant que son propre père a eu du mal à accepter la situation : « Je crois que cela lui donnait l’impression qu’en tant qu’homme, il ne servait à rien. »
 
Tamara Rajakariar de MercatorNet observe avec justesse que tout cela revient à « réifier » l’homme, à le réduire à un producteur de cellules reproductrices.
 
Pour autant, les « solomors » ont parfois, peut-être même souvent, la nostalgie du modèle familial qu’elles ont récusé… pour pouvoir devenir mères. « Je serais heureuse de rencontrer quelqu’un, de pouvoir donner un père à ma petite fille. Pour moi, un père c’est bien plus que quelques gouttes de sperme. Un père, c’est quelqu’un qui fait les pique-niques pour l’école, qui dit “bonjour” et qui vous embrasse le soir. C’est celui qui est toujours là pour l’enfant pendant qu’il grandit. Je ne l’ai tout simplement pas encore rencontré. »
 

Explosion de la société danoise par la dépréciation de la paternité

 
C’est le monde à l’envers : le monde inversé, où l’enfant devient objectivement un bien de consommation, où la famille se constitue à rebours de la nature, où la confiance fondamentale dans le mariage et le sens de ce qu’il signifie ont été largement gommés.
 
Largement, parce que les femmes aspirent toujours à avoir un partenaire pour la vie, et des enfants : c’est la nature qui revient au galop, une fois les normes effacées.
 
Comme le raconte une autre « solomor » : « J’ai toujours rêvé d’avoir trois ou quatre enfants mais l’homme avec qui je vivais alors que j’étais trentenaire n’était pas prêt. J’ai rencontré d’autres hommes qui semblaient surtout passionnés par leur carrière – ou leur Playstation. Alors j’ai commencé à perdre confiance. Je n’étais pas anti-hommes : j’adore les hommes ! Mais c’est que je n’arrivais pas à en trouver un qui voulût des enfants. J’ai vu de nombreuses amies choisir de tomber enceintes grâce à des petits amis dans des relations qu’elles savaient vouées à la rupture – pour la seule raison que leur désir d’enfant a pris le dessus. J’ai vu aussi des familles “traditionnelles” se fracasser tout autour de moi, alors j’ai pensé : “Peut-être devrais-je agir seule pour que cela arrive.” »
 
Mais c’est une tendance qui fait beaucoup de victimes : les hommes qui n’atterrissent pas dans la vraie vie ou qui ont vu trop de leur proches victimes de lois, de jurisprudences et de juges iniques qui retirent systématiquement les enfants à leurs pères et chargent les maris divorcés ou les pères séparés de pensions alimentaires confiscatoires ; les donneurs anonymes qui se coupent de leurs enfants potentiels ; les enfants qui naissent ainsi ; et les femmes elles-mêmes, qui refusent fréquemment leur rôle et demandent beaucoup plus souvent le divorce que les hommes – sans compter le modèle familial qui peut ainsi être présenté comme obsolète.
 
Si un jour on en arrive à la procréation artificielle systématique annoncée avec effroi par un Aldous Huxley ou un Fabrice Hadjadj, l’acceptation sociale de cette aberration aura été facilitée par de telles modes désespérées, conséquences de politiques visant délibérément à faire exploser la famille.
 

Anne Dolhein