Le message du pape François à la Rencontre mondiale des mouvements populaires de Californie

message pape François Rencontre mondiale mouvements populaires Californie
Le cardinal Peter Turkson, préfet du nouveau dicastère pour le développement humain intégral, à la Rencontre mondiale des mouvements populaires.

 
A l’occasion de la Rencontre mondiale des mouvements populaires qui a eu lieu à Modesto en Californie du 16 au 18 février, le pape François leur a fait parvenir un message de soutien et d’encouragement, les appelant à continuer de lutter toujours pour les « trois T » : Tierra, Trabajo y Techo – « une terre, un travail, un toit ». Cela rappelle vaguement le slogan « la paix, le pain, et la terre » des bolchéviques… Ces mouvements populaires, a-t-il écrit dans son message daté du 10 février, méritent bien le soutien du nouveau dicastère pour la promotion du développement humain intégral chapeauté par le cardinal Peter Turkson, dans la mesure où ils « travaillent ensemble en vue de la justice sociale ».
 
« Comme j’aimerais voir une telle énergie de construction dans tous les diocèses, parce qu’elle construit des ponts entre les peuples et les individus. Ce sont des ponts qui peuvent surmonter les murs de l’exclusion, de l’indifférence, du racisme et de l’intolérance », a-t-il déclaré, faisant référence à ses mots clefs habituels.
 
Nous avons déjà évoqué sur reinformation.tv les liens entre le pape, le Vatican et les mouvements indigénistes, avec cet incohérent soutien à toutes les migrations – au mépris des droits des « indigènes » d’Europe…
 

La Rencontre mondiale des mouvements populaires, un mouvement phare pour le pape François

 
Le dernier discours en date du Pape François à la Rencontre mondiale des mouvements populaires qu’il a déjà reçue en novembre dernier au Vatican comporte d’importants – et inquiétants – indicateurs sur sa pensée.
 
Nous les prendrons dans l’ordre du message. Dans un premier temps, le pape François salue le travail du PICO National Network, qui fait partie des organisateurs de la rencontre de Modesto. « J’ai appris que PICO signifie « People Improving Communities through Organizing », « des gens qui améliorent les communautés par l’organisation ». Quelle belle synthèse de la mission des mouvements populaires : travailler sur le plan local, côte-à-côte avec vos voisins, en s’organisant ensemble pour faire prospérer vos communautés », s’est émerveillé le pape.
 
Maike Hickson, du site catholique traditionnel OnePeterFive, observe que le pape ne va pas jusqu’à préciser ce qui est de notoriété publique : PICO est abondamment financé par le milliardaire hongrois mondialiste George Soros. L’organisme utilise une tactique façon Saul Alinsky « en vue de faire avancer les doctrines de la gauche religieuse » observe le site Discover the Political Networks. PICO fait partie des organisations soutenues par Soros en vue de peser sur la politique du Vatican, comme l’ont montré des courriels fuités par WikiLeaks. PICO a notamment pris la parole pour dénoncer la « persécution des immigrés, des musulmans et des gens de couleur » par Donald Trump, appelant à la « résistance » peu après son élection à la présidence des Etats-Unis.
 

A Modesto en Californie, les mouvements populaires plaident pour les migrants

 
Sans surprise, des orateurs de la rencontre de Modesto, y compris l’archevêque de Los Angeles Mgr José Gomez, se sont engagés à combattre les décisions du président Trump en matière d’immigration.
 
Clairement, le pape François encourage une révolution, fût-elle douce. Parlant encore des ponts et des murs, il a déclaré dans son message : « Nous savons qu’aucun de ces maux ne date d’hier. Pendant quelque temps, la crise du paradigme dominant nous a interpellés. Je parle d’un système qui engendre une souffrance énorme au sein de la famille humaine, agressant simultanément la dignité des peuples et notre Maison Commune en vue de soutenir la tyrannie invisible de l’argent qui garantit les seuls privilèges du petit nombre. « L’humanité vit en ce moment un tournant historique » ».
 
Notons au passage le choix du terme « Maison Commune », si à la mode, popularisé par Gorbachev et repris par le mouvement « pour le climat ».
 
Affirmant qu’il appartient aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté de réagir, le pape ajoute : « Nous avons perdu un temps précieux : un temps où nous n’avons pas suffisamment prêté attention à ces processus, un temps où nous n’avons pas résolu ces réalité destructrices. Et ainsi les processus de déshumanisation accélèrent » – tout dépendra, assure-t-il, « pour une large part des mouvements populaires ».
 
« Nous ne devons être ni paralysés par la peur ni entravés à l’intérieur du conflit. Nous devons reconnaître le danger mais également l’occasion qu’apporte chaque crise en vue d’avancer vers une synthèse réussie. Dans la langue chinoise, qui exprime la sagesse ancestrale de ce grand peuple, le mot « crise » est composé de deux idéogrammes : Wēi, qui représente le “danger” et Jī, qui représente le “moment propice” », écrit le pape.
 

Le message du pape François emploie le langage de la dialectique

 
Il s’agit là du langage de la dialectique : n’est-ce pas le marxisme qui voit dans l’histoire une série de sauts qualitatifs brusques résultant de la confrontation entre thèse et antithèse pour aboutir à ces « synthèses réussies » dont rêve le pape en chinois approximatif ? (Car le mot Jī, pour être précis, renvoie plutôt vers l’idée de « point critique »…)
 
Ayant rappelé la figure du Samaritain qui agit mieux que les « élites », le pape François dénonce un système économique « qui en son centre, a le dieu argent, et qui parfois agit avec la brutalité des voleurs de la parabole, en infligeant des blessures que l’on a négligées de manière criminelle ». « La société globalisée détourne souvent le regard sous couleur d’innocence. Sous l’apparence du politiquement correct ou de ce qui est à la mode idéologiquement, on regarde ceux qui souffrent sans les toucher. On les télévise en direct, on parle d’eux par euphémismes avec une tolérance apparente, mais rien n’est fait systématiquement pour guérir les blessures sociales, pour confronter les structures qui laissent des frères et des sœurs sur le bord du chemin », dit-il.
 
Et il poursuit : « Tôt ou tard, l’aveuglement moral de cette indifférence est mis au jour, comme lorsqu’un mirage se dissipe. Les blessures sont là, elles sont une réalité. Le chômage réel, la violence est réelle, la corruption, la crise d’identité réelle, l’éviscération de la démocratie est réelle. La gangrène du système ne peut pas être blanchie à la chaux à tout jamais parce que tôt ou tard la puanteur devient trop forte ; et quand on ne peut plus nier son existence, la même puissance qui a engendré cet état de fait nous manipule par la peur, l’insécurité, des querelles et même une l’indignation justifiée, de manière à faire porter la responsabilité de tous ces maux au « non-voisin ». Je ne parle de personne en particulier, je parle d’un processus social et politique qui fleurit dans de nombreuses parties du monde et pose un grave danger à l’humanité », affirme le pape.
 

La Rencontre mondiale des mouvements populaires en Californie se penche sur le climat

 
Plusieurs choses sont à relever ici. La cupidité – en d’autres termes, l’hyper-libéralisme – suffit-elle à tout expliquer, dans un monde qui a balancé le réel par la fenêtre et fermé ses portes à Dieu ? A travers une dénonciation des effets du globalisme, on aboutit ici à une curieuse promotion implicite d’une autre forme de globalisme (qui est en réalité le même) en accusant les difficultés actuelles d’aboutir au refus de l’étranger. Le pape ne parle peut-être pas d’une personne en particulier, mais il est difficile de ne pas y deviner ceux qui comme Trump et d’autres réclament le droit politique de s’occuper de leur pays d’abord, et de ses besoins. Il est intéressant de noter au passage que la dénonciation du mondialisme par ses laissés-pour-compte est au cœur des considérations des mondialistes qui réclament toujours plus de solutions étatiques, mais mondialisées.
 
Et c’est ainsi que l’on aboutit à une confusion entre le devoir individuel de considérer chaque personne croisée comme son prochain, comme le rappelle le pape François, et la mobilisation politique. Pour ce qui est de l’Eglise, que figure l’aubergiste dans la parabole du bon Samaritain, le pape lui assimile « la communauté chrétienne, les gens de compassion et de solidarité, les organisations sociales ». Or leur finalité n’est pas la même. L’humanisme n’est pas la même chose que l’amour surnaturel du prochain.
 
« Je sais que vous vous êtes engagés à vous battre pour la justice sociale, pour défendre notre Sœur Terre Mère et à vous tenir aux côtés des migrants. Je veux réaffirmer votre choix et partager avec vous deux réflexions à cet égard », poursuit le pape François, reprenant sans le moindre recul la notion de « Terre Mère » propre aux mouvements indigénistes et au cœur d’un néopaganisme assumé par nombre d’entre eux – et par tant d’autres.
 

« Terre Mère » et « Maison Commune », le vocabulaire piégé du message pontifical

 
La première considération concerne la « crise écologique » : « elle est réelle », dit le pape, tout en reconnaissant que la science n’est pas forcément neutre et que « souvent, elle cache les points de vue idéologique ou des intérêts économiques ». « Cependant, nous savons aussi ce qui se arrivent lorsque nous ignorons la science et que nous ne tenons pas compte de la voie de la Nature. Je fais mien tout ce qui nous concerne en tant que catholiques. Ne tombons pas dans le déni. Le temps est compté. Agissons. Je vous demande à tous – vous tous, gens de tous horizons y compris les indigènes, les pasteurs, les leaders politiques – de défendre la Création », dit le pape, après avoir réaffirmé que le « système climatique est en proie à un réchauffement inquiétant ». Et tant pis pour le refroidissement de la foi, l’effondrement de la structure même des sociétés humaines qui, eux, sont des faits que chacun peut constater, et d’un grand souci pour le Vicaire du Christ.
 
Le pape a dit une nouvelle fois qu’« aucun peuple n’est criminel et aucune religion n’est terroriste : « »Le terrorisme chrétien n’existe pas, le terrorisme juif n’existe pas, et le terrorisme musulman n’existe pas. Ils n’existent pas. Aucun peuple n’est criminel, ou trafiquants de drogue, ou violent… Il y a des individus fondamentalistes et violents parmi tous les peuples et toutes les religions, et en raison des généralisations intolérantes ils deviennent plus forts parce qu’ils se nourrissent de haine et de xénophobie ».
 
Les ennemis sont ainsi clairement désignés, même si le pape invite à les combattre avec « douceur ». Une douceur qui doit tenir compte, si on écoute bien, du fait que les religions sont elles-mêmes marquées par la douceur, comme si aucune ne prêchait la haine et la violence, et qu’elles se valent toutes sur le plan humain du moins.
 
Lors de la rencontre de Californie, un atelier a été consacré au racisme, occasion pour les 600 membres du clergé et activistes sociaux participants d’encourager religieux et institutions à confronter leur propre racisme – « y compris l’Eglise catholique ». En toute logique…
 

Anne Dolhein