Lors d’une rencontre jeudi avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu à Ankara, le président du Conseil européen Donald Tusk a fait plusieurs annonces, et demandé notamment aux migrants économiques de ne pas risquer leur vie en effectuant un voyage périlleux pour venir en Europe « pour rien ». Il a également demandé aux pays européens de cesser de prendre des décisions unilatérales sur cette question. Il a enfin approfondi la question de l’action de la Turquie sur la crise migratoire, action qui doit faire l’objet d’un sommet à Bruxelles lundi prochain.
Donald Tusk discute avec la Turquie
Sur ce dernier point, Donald Tusk a expliqué que le but de cette coopération entre l’Union européenne et la Turquie visait à éliminer l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains vers l’Europe. Si le second point paraît évident, on aimerait savoir sur quoi se fonde, en pratique, le premier. D’autant plus que le président du Conseil européen précise que, pour l’heure, Européens et Turcs ne sont pas parvenus à s’entendre sur un nombre précis quant à la réduction du flux de réfugiés qui transitent par la Turquie avant de gagner la Grèce, et l’Union européenne.
D’une part, parce qu’il est clair que les Turcs ne veulent pas supporter tout le poids migratoire ; Ahmet Davutoglu a d’ailleurs déploré que la crise migratoire soit laissée à la seule responsabilité de son pays et de la Grèce, et discuté avec Donald Tusk de la manière d’utiliser efficacement les trois milliards d’euros d’aide promis par l’Union européenne en échange d’un maintien sur le sol turc des migrants fuyant la guerre en Syrie et en Irak. On ne saurait être plus clair…
D’autre part, parce que, face au flux permanent, il est impossible de simplement chiffrer les migrants…
Les annonces sur les migrants « économiques »
« Le problème, ce n’est pas le nombre, c’est ce processus qui se prolonge de manière permanente », a d’ailleurs ajouté Donald Tusk, qui a plaidé pour « l’élimination totale de ce phénomène ».
Ah ? Et de quelle façon ?
Pour Donald Tusk, c’est simple : « Je veux lancer un appel en direction de tous les migrants économiques potentiels d’où qu’ils viennent : ne venez pas en Europe, ne croyez pas les passeurs, ne risquer pas votre vie et votre argent. Cela ne servira à rien. »
On aimerait que le président du Conseil européen nous explique comment les dits migrants auront connaissance de son appel avant de parvenir chez nous. Il est en effet douteux que, dans les pays en guerre, on prenne la peine d’écouter tranquillement les informations étrangères.
Il y a pourtant plus intéressant dans le propos de Donald Tusk. C’est le fait qu’il s’adresse aux migrants « économiques ». Jusqu’ici, on nous a toujours affirmé que seuls d’infâmes extrémistes pouvaient dénoncer la présence parmi les migrants d’un grand nombre de migrants « économiques ». On suppose pourtant que Donald Tusk ne lance pas un tel appel pour une poignée de gens…
La prochaine étape serait donc que Bruxelles envisage de revoir la politique migratoire qu’elle prétend nous imposer depuis des mois.