Ljubljana ne sait plus où donner de la tête. Après avoir donné son accord pour recevoir, depuis samedi et la fermeture de la frontière hongroise, les migrants qui se pressent en Croatie, la Slovénie se dit, depuis mardi matin, soit seulement trois jours après, débordée, dépassée par le flux de migrants qui afflue à sa frontière avec ce pays. Les autorités slovènes ont même annoncé vouloir faire appel à l’armée pour gérer, autant que faire se peut, la situation.
« Le flux de migrants ces trois derniers jours dépasse toutes nos capacités à le gérer. » Tel est le message du gouvernement slovène, ce mardi matin, à travers un communiqué officiel, rendant compte d’une réunion d’urgence qui s’est tenue dans la nuit, et au terme de laquelle une loi devait être présentée ce même mardi au Parlement afin d’étendre de façon exceptionnelle les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une simple assistance logistique.
La Slovénie débordée par le flux des migrants
« La Slovénie est le plus petit pays sur la route de migration des Balkans et n’a donc que des possibilités limitées de contrôle frontalier et d’hébergement des migrants », précise le texte gouvernemental pour justifier sa décision, ajoutant qu’il était « illusoire d’attendre d’un pays de deux millions d’habitants qu’il fasse cesser et règle une crise que des Etats membres plus grands sont incapables de résoudre »…
De fait, la Slovénie compte à peine plus de deux millions d’habitants, et le flux migratoire lui paraît d’autant plus difficile à contrôler et, surtout, absorber. Ainsi, pour la seule journée de lundi, plus de huit mille migrants étaient entrés sur son territoire depuis la Croatie, traversant pour beaucoup la « frontière verte » à travers la nature, et non aux postes-frontières officiels. Dans le même temps, précisent les autorités, seuls deux mille ont continué leur route vers l’Autriche, qu’elles accusent de ne laisser entrer qu’un nombre limité de migrants, comme elles reproches à la Croatie de refuser de « collaborer »…
De fait, en cette affaire, la petitesse de la Slovénie – et plus encore son appartenance à l’espace Schengen – joue contre elle, et elle peut sans doute se plaindre à bon droit du peu d’empressement de ses voisins plus importants à vouloir collaborer. Mais la réalité est que tous ces pays subissent une politique qu’ils ne sont pas en mesure de supporter, et que la responsabilité en incombe aux décisions insanes prises par quelques idéologues à Bruxelles, Paris ou Berlin.
L’appel à l’armée
Quoi qu’il en soit, le gouvernement slovène n’a désormais d’autre recours que de faire appel à l’armée, en demandant au Parlement de voter un amendement à sa loi de Défense, permettant d’étendre les compétences de l’armée à titre exceptionnel.
Le premier ministre centriste, Miro Cerar, s’est néanmoins refusé à évoquer un état d’urgence. « Il ne s’agit pas d’imposer une situation extraordinaire, il s’agit de renforcer le contrôle à la frontière », a-t-il déclaré dans un message à la radio nationale.
Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 10.000 migrants restaient, compte-tenu d’une situation qui se dégrade donc d’heure en heure, bloqués en Serbie.
Mais que faire ? La Slovénie représente en effet le dernier verrou vers l’ouest. Car, outre ses frontières avec la Hongrie et la Croatie, ses autres bornes sont avec l’Autriche et l’Italie. Encore faut-il pour atteindre ces pays qui n’ont manifestement, surtout côté italien où la mer déverse déjà son flot de réfugiés, aucune envie de les recevoir, traverser la Slovénie, qui n’en peut déjà plus.
Plus loin, c’est la mer…