De nouveau ministre, Jean-Marc Ayrault s’inquiète pour l’Union européenne

Ministre Ayrault inquiète Union européenne
 
Au cours de la passation de pouvoirs au ministère des Affaires étrangères entre Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault, ce dernier a appelé les membres de l’Union européenne à « se retrouver » sur une ambition commune, afin de redonner corps au projet européen dont la survie est menacée. Si le nouveau ministre s’inquiète pour l’avenir de l’Union européenne – et il y a de quoi ! –, c’est peut-être aussi le seul sujet sur lequel il aura, en quatorze mois, l’occasion de marquer le Quai d’Orsay de sa présence.
 
Les Affaires étrangères collectionnent les anciens premiers ministres. Ce n’est pas nouveau, mais, cette fois, c’est le troisième d’affilée. Laurent Fabius avait, lors de son arrivée, succédé à Alain Juppé. Et aujourd’hui, c’est Jean-Marc Ayrault qui débarque.
 

Le nouveau ministre des Affaires étrangères s’inquiète pour l’Union européenne

 
Exit Laurent Fabius. Pour Jean-Marc Ayrault, qui n’a que quatorze mois devant lui, il faut trouver ses repères ; et surtout laisser sa marque. Difficile quand on passe derrière un vieux routier de la politique comme Fabius, qui a touché, avec plus ou moins de bonheur et de réussites, à peu près à tout. Sauf, peut-être, à l’Union européenne…
 
Certes, le dossier n’est pas à proprement parler du ressort de son ministère, sinon pour ce qui est des affaires étrangères justement. Qui plus est, le sujet est largement considéré comme chasse gardée par le président de la République lui-même. Mais il ne peut pas y avoir de mal, en définitive, à proclamer sa foi européenne ; surtout si l’on en vient à marcher ainsi sur les plates-bandes d’un vieil ennemi comme Manuel Valls.
 
Aussi, au cours de la cérémonie de passation des pouvoirs, Jean-Marc Ayrault y a-t-il été de son petit couplet, affirmant la nécessité de « redonner un sens et des perspectives à l’Europe ».
 

La confiance de Jean-Marc Ayrault

 
Le moins que l’on puisse effectivement dire, c’est que les cabris qui y croient encore ont intérêt à se dépêcher d’y trouver un sens avant que le machin – pour demeurer dans la métaphore gaullienne – ne finisse par imploser !
 
Ayrault ayant trouvé son sujet s’y engouffre. « La France et l’Allemagne, dont les initiatives communes sont déterminantes et seront déterminantes, mais également tous les Etats membres de l’Union européenne, doivent se retrouver rapidement sur une ambition renouvelée. (…) Ce sont non seulement la cohésion et la solidarité de l’Europe qui sont en jeu, mais aussi la survie du projet européen lui-même. »
 
De fait, ce germanophile aura fort à faire. Et peut-être Hollande s’est-il convaincu qu’il ne serait pas de trop pour renforcer le moteur franco-allemand qui s’essouffle, à l’heure où un nombre de plus en plus important des Etats-membres tirent la langue à Bruxelles.
 
Fabius l’a d’ailleurs encouragé dans cette direction, où son successeur ne fera pas trop d’ombres à ses propres réalisations. « Malgré un certain nombre d’avancées qui sont dues largement à la France, les problèmes restent entiers et l’année 2016 de ce point de vue-là va être critique, a souligné le sortant. Jean-Marc Ayrault, qui est un Européen convaincu, saura aux côtés du président de la République prendre les bonnes initiatives. »
 
Ayrault est peut-être trop idéologue pour s’en rendre compte, mais il n’a pas choisi la planche la moins savonnée pour finir le mandat de Laurent Fabius…
 

François le Luc