Moderna a voulu payer 1.500 livres à des enfants pour tester son vaccin contre le covid

Moderna enfants vaccin covid
 

Quasiment 2.000 dollars, c’est le prix que pouvait recevoir un enfant britannique pour subir les tests du vaccin de rappel contre le covid du laboratoire Moderna. Et la Prescription Medicines Code of Practice Authority (PMCPA) du Royaume-Uni vient de condamner l’entreprise pour cette « incitation financière inappropriée ». Même si le relais de cette proposition émanait d’un pédiatre qui l’a diffusée de lui-même sur les réseaux sociaux, il n’empêche que Moderna n’a pas été assez clair sur le fait que ces documents de recrutement n’avaient pas encore été approuvés par l’Agence britannique de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) et qu’elle aurait dû être consciente des risques pervers d’une telle offre.

Cette condamnation, quoique timide, relance le débat d’une part sur la vaccination des enfants, et de l’autre sur les moyens employés pour la faire imposer, mais aussi sur la relative impunité de ces grandes entreprises ayant gagné sur le dos de la crise du covid des milliards de dollars.

 

Des gros billets pour servir de cobayes aux vaccins contre le covid

« Nous serions ravis de vous avoir à bord ! » Voilà comment finissait l’attrayant message d’un médecin quidam d’un hôpital public, affiché sur WhatsApp, en fin d’année dernière. Il faut dire qu’il ne fallait pas rater ça : dans le cadre de son nouvel essai NextCove, Moderna proposait de gratifier de 1.500 livres Sterling les enfants britanniques de 12 à 18 ans qui voudraient bien y participer.

C’est beaucoup ! Et c’est surtout interdit. Selon le Règlement sur les médicaments à usage humain (essais cliniques), on ne peut pas offrir des avantages ou des incitations financières aux enfants ou à leurs parents (en UE, c’est également interdit pour les participants de moins de 16 ans). Ce fut le motif précis de la plainte déposée par le Children’s Covid Vaccines Advisory Council, un groupe de professionnels de la santé et d’universitaires. Au plus, un dédommagement peut être fait : Moderna a d’ailleurs ensuite modifié l’offre à seulement 185 livres (même si des centres de soins ont continué à proposer la somme initiale)

La PMCPA a donc condamné Moderna à régler la somme de 14.000 livres : un chiffre qui paraît démesurément petit en regard des gains de la société de biotechnologies, estimés à 6,8 milliards de dollars en 2023. La sanction pourrait être bien trop faible pour être efficace…

 

Moderna : la puissance éhontée de l’industrie pharmaceutique

En quoi Moderna était-elle responsable et donc coupable ? Les dossiers d’information distribués sur les essais à venir qui comportaient cette mention d’argent ont sans doute le droit de l’être, bien que n’ayant pas été encore avalisés par la MHRA. Le panel n’a d’ailleurs pas reconnu que le processus de Moderna n’était pas conforme aux codes, lois et réglementations applicables. Seulement, il a été écrit comme « déroutant » et manquant de « prudence ». « L’échec de Moderna à communiquer clairement le statut de “projet” du document (…) a conduit à l’offre d’une incitation financière inappropriée. »

Si aucun enfant n’a reçu effectivement cette somme, le panel a estimé que cela « a jeté le discrédit sur l’industrie pharmaceutique et a réduit la confiance dans celle-ci », ce qui constitue la violation la plus grave de ses règles.

Une députée conservatrice, Esther McVey, a rappelé les méthodes agressives de Moderna qui avait fait la promotion ouverte et pourtant malvenue de son vaccin Spikevax Covid lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses en avril 2022. Pour elle, « le système est clairement défaillant et ne parvient pas à protéger les patients contre les informations et publicités trompeuses sur les médicaments ».

Le groupe de campagne UsForThem (le groupe de défense des droits de l’enfant, né en mai 2020 pour préserver, entre autres, l’ouverture des écoles) a déclaré sur X : « Il y a eu une longue série de décisions de ce type contre Moderna, Pfizer, AstraZeneca et GSK pour des infractions graves similaires, et pourtant il n’y a eu aucune conséquence réelle pour aucun de ces groupes. Il est incroyable que la PMCPA, en tant qu’organisme d’autoréglementation de l’industrie, n’ait pas le pouvoir d’imposer des amendes ou d’autres sanctions significatives pour les violations graves de ses règles. L’autoréglementation est un privilège que l’industrie pharmaceutique exploite avec arrogance au détriment de chacun d’entre nous. »

 

Fi des enfants : « dans votre intérêt, vous ne saurez pas »

Et puis c’est encore un essai sur des enfants en bonne santé, alors qu’on sait qu’ils présentent un risque extrêmement faible de problèmes graves dus au covid-19. En France, rappelons qu’il y a eu près de mille enfants hospitalisés à cause du covid, pour un taux de décès de moins de 1 %, et la question de leur vaccination y a d’ailleurs fait longtemps débat. Alors qu’aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les vaccins pédiatriques ont été proposés dès l’automne 2021, avec des tests sur mineurs dès décembre 2020 pour les tenants de l’ARN messager.

Plus tôt cette année, un autre député britannique a envoyé un e-mail à la HRA pour demander des informations supplémentaires sur « les raisons éthiques » de l’inclusion des enfants dans ce nouvel essai NextCove. Tardivement, lui ont été fournies 1.135 pages, chargées d’informations peu claires, insuffisantes et parfois même incohérentes. Le protocole d’étude clinique, le document le plus important, jugé « commercialement sensible » a été volontairement omis et un recours auprès d’un organisme public financé par le ministère de la Justice n’y a rien changé ! Il a estimé, nous dit Esther McVey, que l’intérêt public était mieux protégé par le maintien de bonnes relations de la HRA avec les sociétés pharmaceutiques…

Autrement dit, le droit public à l’information passe désormais après les intérêts des grandes entreprises. Et la vaccination des enfants étant une pierre non négligeable dans leur édifice lucratif, qu’importent les dommages collatéraux considérables. Souvenons-nous qu’en octobre 2021, les pays scandinaves ont suspendu l’utilisation du vaccin de Moderna pour les plus jeunes, en raison des risques d’inflammations du myocarde et du péricarde après l’injection d’une deuxième dose du vaccin Spikevax, et ont décidé de le déconseiller aux moins de 30 ou de 18 ans. Et aujourd’hui, sortent moult preuves attestant de lésions dues à ce vaccin.

Le plus important reste décidément cette poule aux œufs d’or qu’est la domination du marché : BioNTech-Pfizer et Moderna s’affrontent d’ailleurs, aujourd’hui, en justice sur la paternité de l’ARN messager.

 

Clémentine Jallais