Le Mot : Des mecs lambda

Mot Des mecs lambda
 

Le procès en appel de l’un des condamnés en première instance dans le procès des « viols de Mazan », Husamettin D., vient de s’ouvrir à Nîmes. On se souvient de cette affaire qui a mobilisé la presse mondiale autour d’une septuagénaire, Gisèle Pélicot, que son mari Dominique a offert en pâture à des dizaines d’inconnus pendant des années, dans le cadre de « soirées libertines ». Contrairement aux cinquante autres condamnés, il n’a pas retiré son appel et répète toujours : « Je n’ai voulu violer cette dame. » En marge du procès, Gisèle Pélicot, devenue « icône féministe » et qui prépare un livre, est en froid avec sa fille, qui ne lui parle plus et s’estime trahie par elle. Le procès doit finir mercredi ou jeudi, mais beaucoup le chargent d’un enjeu politique. C’est le cas Valérie Manteau, prix Renaudot 2018, qui a fait elle aussi un livre du procès de première instance auquel elle a assisté (« J’y suis allée comme on va à une manif »). Et elle livre tout à trac sa thèse sur la « grande banalité » de l’affaire : « Les violeurs, il faut les voir pour ce qu’ils sont : des mecs lambda. » C’est en effet la thèse qui a été soutenue sans faille par les féministes et la presse mainstream, mais c’est une double imposture. Premier point, l’affaire Pélicot n’est pas une affaire de viol ordinaire, mais aussi une ahurissante affaire de partouze organisée par un homme aux dépens de son épouse pendant dix ans, ce qui explique que plusieurs accusés n’aient pas tout de suite compris qu’ils commettaient un viol. Deuxième point, les violeurs ne sont nullement des « mecs lambda ». Comme l’a noté Wikipédia, plus d’un quart d’entre eux connaissent des addictions, plus d’un quart d’entre eux ont été victimes de violences sexuelles étant enfants, plus des deux cinquièmes ont été condamnés, douze pour cent d’entre eux ont été condamnés pour violences conjugales et sexuelles, et dix pour cent ont été mis en examen pour détention d’images pédopornographiques. Pour désigner un tel échantillon de « mecs lambda », il faut être une dame un peu bêta – ou une militante très malhonnête.