Les groupes Républicains et UDI de l’Assemblée nationale ne voteront pas une motion de censure du gouvernement que pourrait déposer la « gauche de la gauche » pour faire barrage à la réforme du Code du travail. Autrement dit, la droite ne s’entendra pas avec les contestataires de gauche contre le projet de loi El Khomri.
La question peut, certes, être diversement appréciée, et c’est le député Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle, qui a mis mercredi les pieds dans le plat en affirmant sur les ondes qu’elle n’excluait pas de voter une motion que les frondeurs de la gauche déposeraient en juillet, lors de la deuxième lecture du projet de loi à l’Assemblée nationale.
Pas de motion de censure commune à la droite et à la gauche
La chose n’a sans doute étonné personne à droite, tant NKM est habituée de ces partages à gauche. Pour autant, la droite, dans son ensemble, ne paraît pas vouloir s’engager dans cette voix. « Nous sommes d’accord pour condamner les méthodes du gouvernement, mais sur le fond nous ne le sommes pas », affirme, en une formule un peu elliptique, Daniel Fasquelle, député Républicains proche de Nicolas Sarkozy et trésorier du parti.
Heureusement pour notre compréhension, il poursuit : « Je ne suis pas d’accord pour voter une telle motion de censure. (…) Si c’est pour avoir un gouvernement encore plus à gauche, je n’en vois pas l’intérêt. »
Philippe Vigier, le président du groupe UDI, confirme cette position : « Si c’est un texte qui tape le libéralisme modéré qu’on incarne, on ne le votera pas. »
Parmi les frondeurs, on confirme que c’est d’ailleurs bien leur intention. L’un d’eux lance même à l’intention de Nathalie Kosciusko-Morizet : « Cela nous conduira à ce que la rédaction d’une éventuelle motion soit suffisamment tranchante pour être sûr qu’elle ne la vote pas. »
Le projet de loi sur le travail a de beaux jours devant lui
En clair, cela signifie que, à droite comme à gauche, il va falloir trouver 58 signatures. Manuels Valls a sans doute poussé un soupir de soulagement, puisque, en première lecture, ni la gauche, ni la droite n’ont réussi à y parvenir ; et que, à moins, de se montrer particulièrement convaincant, il y a peu de chances qu’elles y parviennent l’une ou l’autre en seconde lecture.
On savait déjà que l’opposition de gauche ne voulait pas voter une motion de droite. On sait désormais que la droite ne voudra ni ne pourra voter une motion de gauche.
On entend bien l’objection de la droite qui craint, en faisant sauter le gouvernement, d’avoir un remplaçant encore plus à gauche… mais pour neuf mois.
Cela signifie néanmoins que, d’un côté comme de l’autre, personne n’est prêt à faire réellement sauter le gouvernement Valls.
On aimerait qu’ils nous épargnent alors leurs coups de gueules improductifs et leurs jeux de manches peu crédibles…