Mustang a été l’objet d’une campagne médiatique favorable en France, célébrant le film comme un manifeste du féminisme turc. Ce qui n’a éveillé en nous nulle sympathie. Le féminisme est en effet une idéologie destructrice de la famille et de la femme, et ce dans le monde entier. Toutefois le film a été pensé pour être visible par le public turc. Donc subsisteront une certaine pudeur des images, une modération, au moins relative, dans le propos. Tout Turc, même conservateur, peut trouver que l’oncle-tuteur des cinq adolescentes orphelines, qui interrompt d’autorité leur scolarité et les marie à la chaîne plus ou moins de force, exagère néanmoins. Et ce suite à de calomnies lancées par de vieilles femmes bien voilées du village. On n’en disconviendra pas.
Mustang
Au fond, le message n’est que de bon sens et d’humanité. Le film est-il intéressant pour autant ? Il montre parfois des paysages magnifiques des rives de la Mer Noire, vers Trabzon, ancienne Trébizonde. Les amateurs apprécieront les scènes de cuisine turque traditionnelle, appétissante. Toutefois les conversations des jeunes filles, avec la bêtise de leur âge, ne brillent pas par leur intérêt. Elles jouent du moins avec une simplicité de bon aloi. La satire des mœurs villageoises turques peut amuser le spectateur, notamment cette passion intense, réservée aux hommes, pour les matchs de football à la télévision. Le problème majeur, la cause essentielle de ce cadre culturel oppressif, l’Islam, n’est jamais dénoncé, ce qui serait certes absolument suicidaire en Turquie. Les types humains turcs sont en fait européens ; les ancêtres du pays montré dans le film sont des Grecs de la Mer Noire, islamisés et turquifiés aux XVème et XVIème siècles. Le résultat n’est pas enthousiasmant. L’action se déroule assez lentement, en une logique implacable et prévisible. La révolte et la surprise finales paraissent quelque peu artificielles, irréelles, tenant de la fable, mais proposent une conclusion somme toute sympathique.
A défaut d’une grande œuvre, Mustang reste une curiosité agréable pour les écrans français.
Hector Jovien